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Coronavirus : la filière céréalière fait front face à la crise

La filière céréalière s’organise pour ne pas interrompre la chaîne allant de l’appro à la transformation, en passant par la production. Le coronavirus impose des changements d’habitude, mais l’approvisionnement pour les semis de printemps est sécurisé.

Les semis de printemps ne devraient pas être perturbés par le coronavirus, les activités agricoles n'étant pas concernées par les restrictions d'activité. © J.-C.Gutner
Les semis de printemps ne devraient pas être perturbés par le coronavirus, les activités agricoles n'étant pas concernées par les restrictions d'activité.
© J.-C.Gutner

« C’est chaud, très chaud ! » François Gibon, directeur du Négoce agricole Centre-Atlantique en convient, le téléphone brûle un peu les doigts en raison de coups de fil ininterrompus. Pourtant, mis à part les questionnements incessants, il constate que l’activité agricole tient bon. Avec un point crucial alors que les semis de printemps débutent : « les activités d’approvisionnement des exploitations agricoles ne sont pas suspendues. »

La reconnaissance du caractère prioritaire de la filière agricole par les pouvoirs publics permet en effet de mener à bien les tâches de saison sur les fermes. « Après échange avec le ministre de l’Agriculture, il est, ce matin, confirmé que les activités agricoles ne sont pas concernées par les restrictions d’activités. Dans ce moment difficile pour l’ensemble des Français, la fourniture de produits agricoles et alimentaires est en effet une priorité absolue », indiquait le 17 mars la FNSEA dans un communiqué. Les discussions avec les autorités ont notamment permis que le maillon de l’appro ne soit pas oublié.

Toute la filière mobilisée pour que les agriculteurs puissent continuer à produire

« Des agriculteurs se sont rués chez les négociants par peur de manquer de semences et de produits de traitement, mais les dépôts restent ouverts, avec la possibilité de circuler », confirme Jean Simon, directeur du réseau de négociants Atlantique Céréales, fédérant des structures sur une large façade ouest du pays. Sandrine Hallot, directrice du pôle métiers à la Fédération nationale du négoce se veut elle aussi rassurante : « il ne faut pas que les agriculteurs aient des craintes sur l’approvisionnement à court terme. L’ensemble de la filière céréalière et agricole française est vraiment mobilisé pour que les agriculteurs puissent continuer à produire. On ne peut pas faire plus ! »

Dominique Chargé, président de la Coopération agricole, constate, lui aussi, le bon déroulement des opérations jusqu’ici. « Je n’ai pas eu de retour sur des problèmes d’approvisionnement en semences d’orges de printemps car cela a sans doute été bien anticipé, indique le responsable. Nous sommes en plein dans la période d’approvisionnement de semences de maïs pour laquelle la disponibilité en semences n’est pas extraordinaire alors que les prévisions de surface sont importantes, compte tenu des non-semis de l’automne dernier. Les usines de conditionnement de semences de maïs tournent et il faut assurer la chaîne d’approvisionnement vers les réseaux de distributeurs. »

Reste cependant la question de l’acheminement des pièces de rechange pour le matériel. « J’ai besoin d’une pièce de rechange sur mon tracteur, témoignait le 18 mars un agriculteur de l’est de la France. Le concessionnaire est ouvert et j’ai le droit de m’y rendre, mais il y a de grosses incertitudes sur la disponibilité de la pièce, importée de l’étranger. »

Ne pas rentrer dans les locaux ou dans les bâtiments des OS

Si les dépôts des organismes stockeurs restent ouverts, des mesures de précautions ont été mises en place : les agriculteurs ne doivent pas rentrer dans les locaux ni dans les bâtiments, afin que toutes les opérations se fassent à l’air libre et avec le moins de contacts possibles. Il est recommandé que l’exploitant avertisse par téléphone de son passage avant d’aller chercher une commande, qu’il chargera dans la cour de son distributeur. Et mieux vaut espacer ses visites.

« Il est très important de respecter strictement les gestes barrières afin de préserver les agriculteurs et le personnel, indispensable à la poursuite de l’activité, insiste Sandrine Hallot. Cela vaut aussi pour les chauffeurs qui exécutent les contrats de céréales. Ils n’entrent plus dans les locaux où se fait la prise d’échantillon et doivent rester dans leur cabine ou dans la cour. Le droit de circuler ne servirait à rien si l’on devait manquer de chauffeurs. »

Les habitudes sont aussi bouleversées pour les visites en cultures. « En cas de souci en culture, nous recommandons d’appeler le technicien en indiquant le lieu à aller voir, détaille la responsable. Le technicien s’y rendra seul, pour faire le point ensuite par téléphone avec l’agriculteur. »

Le café du matin entre associés remplacé par des SMS

Sur le terrain, l’heure n’est pas à la panique. « Concernant les phytos, les engrais, les semences, jusqu’ici tout va bien, ce qui était commandé est achalandé, reconnaît Benoît Piètrement, président de FranceAgriMer et président de la coopérative Novagrain, basée à Cézanne. La crainte, c’est la durée dans le temps. Si cela ne devait durer que quinze jours, il n’y aura pas de souci. La question, c’est si la situation doit se prolonger beaucoup plus longtemps. Et tout va dépendre de la taille de la vague que l’on va prendre dans les dix jours. L’impact pourrait être énorme pour le fonctionnement des usines et de la logistique. » La capacité de la filière à fonctionner dépendra notamment de la ressource humaine : privées de personnel, les unités de production, de transport et de transformation seraient condamnées a minima au sous régime, voire à l'arrêt dans les cas les plus critiques. Le quotidien est néanmoins déjà chamboulé pour l’agriculteur : « le café du matin où l’on se programme la journée avec les associés, c’est fini. Et maintenant, c’est par SMS que l’on se passe le message pour récupérer le tracteur. »

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