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Cive d’été : sécuriser la production en conditions sèches

Les cultures intermédiaires à vocation énergétique (Cive) d’été ont pâti de la sécheresse de l’été 2020. Enseignements et conseils de culture.

Diverses variétés de sorgho multicoupe ou biomasse sont de bonnes candidates à des Cive d'été. © Inrae
Diverses variétés de sorgho multicoupe ou biomasse sont de bonnes candidates à des Cive d'été.
© Inrae

La réussite d’une Cive d’été paraît aléatoire en conditions sèches, comme l’été 2020 a pu le montrer. Comment mettre toutes les chances de son côté pour réussir ces cultures destinées à la méthanisation, emblavées à la fin du printemps ou en été, après une culture principale ? Avec ce couvert d’interculture d’été, il est impératif d’avoir un minimum d’eau pour une production rentable. Nicolas Dagorn, ingénieur bioressources chez Arvalis, en rappelle les principes. « Des précédents culturaux comme les orges ou pois d’hiver libèrent les parcelles assez tôt. Plus on sème tôt la Cive d’été, plus on se donne les chances d’avoir de l’eau au semis pour assurer la levée et le développement. Une Cive après un blé récolté en juillet est plus risquée. »

La sécheresse estivale de l’année 2020 a montré les limites du système. « Pour une espèce comme le sorgho, tout ce qui a été semé immédiatement après la moisson des céréales a pu germer grâce à l’humidité résiduelle du sol alors que nous n’avons pas eu une goutte d’eau jusqu’à fin août, relève Ugo Batel, responsable énergie renouvelable à la coopérative Oxyane en Auvergne Rhône-Alpes. Des agriculteurs ont récolté 15 t/ha de matière brute à 30 % de matière sèche (MS), soit 5 tonnes de MS. Mais un sorgho peut produire jusqu’à 10-12 t/ha de MS. Quant aux semis plus tardifs après moisson, la levée des Cive d’été n’a pu être assurée»

À l’ouest, le constat n’est pas meilleur. « Cela fait deux étés que les rendements sont très mauvais en Cive d’été. Cette culture diminue très fortement chez les agriculteurs méthaniseurs, rapporte Tony Roux, responsable fourragères et couverts végétaux au service agronomie de la Cavac en Vendée. En 2020, sur un essai, nous avons obtenu un rendement de 7-8 t/ha de MS grâce à 20 mm de pluies d’orage et, à quelques kilomètres, seulement 1 t/ha à cause de l’absence de pluie. »

Outre la question de l’eau, la nécessité de semer tôt vient également du besoin en somme de températures de la Cive d’été pour obtenir un rendement satisfaisant à sa récolte en début d’automne. « En conséquence, chez le maïs et le sorgho, il faudra rechercher des variétés précoces. Pour d’autres espèces à cycle plus court comme le moha, c’est moins le cas », présente Nicolas Dagorn.

Quelles sont les Cive produisant le meilleur rendement méthanogène entre maïs, sorgho, tournesol, moha, mélanges d’espèces… ? « Il y a peu de différence sur le pouvoir méthanogène (production de gaz dans le méthaniseur) entre plantes. Pour alimenter un méthaniseur, il faut produire du volume. Le choix se portera donc sur des espèces au meilleur rendement sur un cycle court de production », recommande l’ingénieur.

« L’objectif est d’atteindre 30 % de taux de matière sèche avec le plus de tonnage possible, estime Ugo Batel, Oxyane. Par rapport au maïs, le sorgho offre plusieurs avantages : il tolère mieux les phases de sécheresse et il peut se passer d’un désherbage. Une Cive d’été doit pouvoir se conduire avec un minimum d’intrants. Dans les sorghos biomasse et multicoupes, plusieurs variétés répondent à nos besoins. Un sorgho peut être semé avec un semoir à céréales pour produire une couverture homogène et bien concurrencer les adventices. »

 

 
Le tournesol est souvent associé à d'autres cultures comme le sorgho pour en faire une composition intéressante en tant que Cive d'été. © Caussade Semences
Le tournesol est souvent associé à d'autres cultures comme le sorgho pour en faire une composition intéressante en tant que Cive d'été. © Caussade Semences
Avec des variétés d’indice précoce, le maïs reste l’espèce au potentiel de rendement le plus élevé, mais à condition que l’eau ne soit pas un facteur limitant. L’irrigation peut-elle être une option dans la production de Cive ? « Elle est intéressante pour assurer au moins la levée dans certaines situations mais elle engendre des coûts importants. Elle peut entrer en concurrence avec l’irrigation d’autres cultures et il y a aussi la question de l’acceptabilité d’irriguer des Cive pour la méthanisation face à des cultures alimentaires », souligne le spécialiste d’Arvalis.

Ne pas faire l’impasse sur une fertilisation

Les Cive d’été ne peuvent se passer d’un apport d’engrais. « Elles valorisent bien une fertilisation raisonnée, de 50 à 80 unités d’azote, en prenant en compte la réglementation de la directive Nitrates en zones vulnérables », précise Nicolas Dagorn. Là encore, il faudra une pluie derrière cet apport pour permettre l’absorption par les plantes.

Selon le spécialiste d’Arvalis, la Cive d’été doit pouvoir se conduire sans traitement phyto. Mais un désherbage est parfois nécessaire pour contrôler des adventices ou des repousses d’orges, qui peuvent fortement concurrencer une culture comme le sorgho. « Un travail du sol permet de gérer ces repousses mais cela assèche la terre. Il faut trouver le bon compromis entre un semis sans dessécher le sol et une gestion des adventices », explique le spécialiste.

Quelle date choisir pour récolter ? « Il n’est pas nécessaire d’attendre trop longtemps. On peut se fixer un objectif autour du 1er octobre, pour pouvoir implanter la culture suivante dans de bonnes conditions, souligne Nicolas Dagorn. Plus on avance dans l’automne, moins on rencontre de conditions favorables au rendement en matière sèche. Et on augmente en plus les risques de verse de la Cive. »

Des essais de semis dans la céréale

Dans un département d’élevage comme la Vendée, les Cive d’été sont semées juste après moisson puis la récolte des pailles. « Mais nous avons systématiquement de gros coups de chaud en juillet qui mettent à mal ces semis. Nous réfléchissons à un semis à la volée dans la céréale. Des essais vont être menés en ce sens avec un semis cinq à trois semaines avant moisson, en testant plusieurs espèces, explique Tony Roux, Cavac. A priori, cela peut fonctionner avec les végétaux à petites graines comme du trèfle mais ce sera un peu plus délicat pour le sorgho par exemple avec des graines déposées à même le sol. »

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