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Blé : Prendre en compte le climat dans le développement des maladies

Sécheresse au printemps, douceur automnale : le changement climatique a un impact sur l’évolution des maladies ces dernières années, avec moins de septoriose mais une rouille jaune qui ne demande qu’à resurgir.

En l'absence de gel suffisamment sévère, les rouilles peuvent passer l'hiver sur les repousses de céréales ou les graminées ici.
En l'absence de gel suffisamment sévère, les rouilles peuvent passer l'hiver sur les repousses de céréales ou les graminées ici.
© J.-Y. Maufras/Arvalis

Pour la sixième année consécutive, la nuisibilité des maladies foliaires a été modérée en 2022, à 11 quintaux/hectare sur les essais du Réseau performance (Arvalis) à dominante septoriose. C’est largement inférieur à la moyenne annuelle de 16,3 quintaux/hectare entre 2004 et 2022 et loin des 25 quintaux/hectare de 2016, dernière année à forte pression maladie. Cette faible nuisibilité est-elle une tendance de fond ?

« Elle semble effectivement se réduire. La moyenne a été de 12,18 quintaux/hectare ces six dernières années alors qu’elle se situait à 18 quintaux/hectare entre 2004 et 2017, renseigne Romain Valade, responsable du laboratoire de pathologie végétale d’Arvalis. Il y a plusieurs explications : les printemps sont plus secs à cause du changement climatique. Il y a beaucoup moins de pluies ce qui s’est vu notamment en 2022. Or, des pathogènes comme la septoriose ont besoin d’hygrométrie pour se développer. Même en 2021, année où il y a eu un peu plus d’humidité, les maladies sont arrivées tardivement. » Pour le printemps prochain malgré tout, nous ne sommes pas à l’abri de conditions pluvieuses favorables aux maladies, à l’instar de 2016.

 

 
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Pour le spécialiste d’Arvalis, l’utilisation de variétés avec des niveaux de tolérance plus élevés aux maladies explique aussi les contaminations plus tardives et une plus faible nuisibilité. L’obtention de variétés avec un bon comportement contre la plupart des pathogènes est un axe majeur du travail des sélectionneurs. Depuis la fin des années 1990, le nombre de variétés de blé présentant une tolérance aux rouilles brune et jaune est élevé. Dans le même temps, les notes de tolérance à la septoriose ont progressé dans les inscriptions variétales au fil des ans grâce aux efforts des semenciers. Contre ce champignon le plus nuisible du blé, les agriculteurs disposent dorénavant d’un large choix de variétés tolérantes.

 

 
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Le cortège parasitaire évolue. « Avec le printemps sec de 2022, la maladie la plus problématique a été la rouille jaune, finalement », constate Romain Valade. Les régions de Normandie, Hauts-de-France, Île-de-France et Bretagne ont été fortement touchées avec parfois des arrivées très précoces. En 2014, la rouille jaune avait surpris en explosant bien au-delà de ses bastions de bordure maritime dans diverses régions jusqu’au Sud-Ouest. « C’est une maladie sur laquelle il faut compter un peu partout dorénavant », remarque Romain Valade. Agriculteur dans l’Indre, Jean-Marc Capron en témoigne : « Je remarque moins de septoriose mais davantage de rouille jaune alors que cette maladie n’existait pas autrefois dans notre secteur. »

Outre l’évolution adaptative des races de rouille jaune, les automnes doux favorisés par le changement climatique expliquent son développement. « En été, les rouilles constituent un inoculum primaire assez important et se développent sur les repousses de céréales, voire les graminées. Un automne doux maintient cet inoculum. On peut même assister à des sporulations, signale Romain Valade. La rouille jaune peut se conserver dans les tissus végétaux jusqu’à - 7°C. En l’absence de gel suffisamment soutenu l’hiver (- 10°C), le risque est élevé pour la campagne qui suit. » En 2022, en dépit d’une faible humidité, la présence de rosée a suffi à permettre le développement de ce pathogène.

Du côté du contournement des gènes de résistance variétale, les populations de rouille jaune évoluent peu depuis 2014 (avènement des races Warrior). « Malgré tout, on assiste chaque année au contournement de gènes chez quelques variétés, mais cela reste anecdotique. C’est beaucoup moins important que dans les années 2013 à 2016, se souvient Romain Valade. On a davantage une érosion de tolérance avec une note abaissée de 2 points par exemple plutôt qu’un véritable contournement se traduisant par une perte de 4 à 6 points. » Cette érosion s’est manifestée récemment chez des variétés comme RGT Sacramento, Campesino, RGT Montecarlo… « Avec de légères diminutions de notation de 0,5 à 1 point, des baisses de tolérance de variétés existent également vis-à-vis de la septoriose, ajoute l’expert. Mais elles sont plus difficiles à caractériser. »

 

 
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