Betterave/sucre : Tereos veut passer d’une stratégie de volume à une stratégie de marge
Les dirigeants du groupe arrivés au pouvoir en décembre dernier veulent renforcer la compétitivité du géant sucrier en valorisant mieux ses produits, tout en continuant à s’appuyer sur l’activité sucrière européenne et internationale, ainsi que sur l’amidon.
Les dirigeants du groupe arrivés au pouvoir en décembre dernier veulent renforcer la compétitivité du géant sucrier en valorisant mieux ses produits, tout en continuant à s’appuyer sur l’activité sucrière européenne et internationale, ainsi que sur l’amidon.
Les résultats opérationnels de Tereos sur le dernier exercice sont « en progrès », mais restent « insuffisants », a analysé Gérard Clay, président du conseil de surveillance du groupe sucrier, lors d’une conférence de presse le 2 juin. L’élu arrivé à la tête du groupe en décembre 2020 a annoncé la mise en place d’un plan stratégique avec pour mission « d’accélérer rapidement la profitabilité du groupe ».
Les dirigeants entendent pour cela « tourner la page d’une stratégie de volume pour passer à une stratégie de marge. Cela va guider nos actions », a précisé Philippe de Raynal, président du directoire.
Les résultats de l’exercice 2020-2021 en chiffres :
-Chiffre d’affaires : 4,3 milliards d’euros, en hausse de 1 % à taux de change courant, mais -4 % à taux de change constant, compte tenu de l’effondrement du réal brésilien
-EBITDA : 465 millions d’euros, en hausse de 45 millions d’euros sur un an grâce à l’activité sucre soutenue en Europe comme à l’international. La contraction de l’activité amidon provoquée par le relèvement du prix des céréales a toutefois terni le tableau.
-EBIT récurrent : 86 M€. Il a été multiplié par trois sur un an
-Résultat net : il est négatif, à -133 M€, impacté entre autres par la dépréciation d’actifs pour 76 M€
-Dette : 2,5 milliards d’euros, en léger repli sur un an
-Levier d’endettement : 5,5x, en amélioration par rapport à mars 2020 (6,1x) et mars 2019 (9,1x)
« Ces chiffres sont en progrès mais restent insuffisants pour avoir intrinsèquement un résultat net positif, a affirmé Gwenaël Eliès, directeur financier du groupe. Le levier d’endettement baisse, mais il est encore beaucoup trop élevé par rapport à nos métiers de commodities confrontés à des cycles. Pour franchir les bas de cycle sereinement, il faut un bilan solide. »
Après une phase de « consolidation », le groupe « doit repartir vers la croissance en valorisant la ressource végétale, a insisté Gérard Clay. Nous devons améliorer fortement notre compétitivité pour apporter un prix rémunérateur aux producteurs et résister aux bas de cycle du marché ». Pour le nouveau président, « passer d’une politique de volume à une politique de marge n’est pas qu’une question de prix, mais aussi d’offre, de positionnement chez les clients, de mix produits ».
Progression des résultats en pause jusqu'à septembre 2021
Pour l’exercice 2021-2022, Tereos vise « la génération systématique d’un excédent de trésorerie », un levier d’endettement (Dette/Ebitda) inférieur à 3, et le passage de la dette sous les 2 milliards d’euros. Les résultats devraient toutefois être en pause d’ici septembre 2021 en raison de la forte baisse de la production de sucre en Europe provoquée par la jaunisse et une météo défavorable.
Sur octobre 2021-mars 2022, les dirigeants tablent sur la reprise de la croissance des résultats opérationnels « grâce aux fruits de la nouvelle politique amidon et à une récolte qui devrait être normale pour le sucre ». Au Brésil, la sécheresse devrait faire baisser le volume de canne transformé après le record de l’an passé, mais cela devrait être compensé par la hausse des prix. « Nous allons donc avoir un décalage de 6 mois par rapport aux objectifs annoncés de l’EBITDA, qui devrait donc remonter à 600-700 M€ en septembre 2022 et non en mars 2022 », a prévenu Philippe de Raynal.
Tereos veut continuer à s’appuyer sur ses trois piliers : le sucre européen, le sucre à l’international (notamment au Brésil), et l’amidon. Les dirigeants excluent pour l’heure toute nouvelle fermeture d’usine, annonçant au contraire des investissements pour 1 milliard d’euros sur trois ans, notamment pour « maintenir et améliorer l’outil industriel en France, au Brésil et à la Réunion. L’investissement continuera, mais sera très sélectif », a indiqué le président Gérard Clay.
A échéance 2023, Tereos travaille sur des relais de croissance tels que l’énergie et les protéines végétales, le groupe étant déjà un acteur majeur sur le marché en expansion du gluten de blé. L’activité protéines végétales représente aujourd’hui 6 % du chiffre d’affaires de Tereos.