Alerte rouge à la jaunisse : les betteraviers demandent un plan d’urgence
La CGB craint une forte baisse des surfaces de betteraves en 2021 si aucune solution n’est apportée face à la jaunisse, avec un rendement 2020 attendu au plus bas depuis quinze ans. Le syndicat demande une autorisation de traitements d’enrobage de semences pour 2021 et un plan d’indemnisation.
La CGB craint une forte baisse des surfaces de betteraves en 2021 si aucune solution n’est apportée face à la jaunisse, avec un rendement 2020 attendu au plus bas depuis quinze ans. Le syndicat demande une autorisation de traitements d’enrobage de semences pour 2021 et un plan d’indemnisation.
« Nous sommes très très très inquiets. » Franck Sander, président de la CGB, a martelé le message au cours de la conférence de presse tenue le 8 juillet. La raison de cette inquiétude : l’explosion de jaunisse provoquée par la prolifération précoce et d’ampleur exceptionnelle des pucerons, qui touche toute la zone de production française.
Le rendement moyen pourrait reculer au plus bas depuis quinze ans, à 80 t/ha à 16° de sucre. Mauvaise nouvelle pour la rentabilité de la betterave, déjà mise à mal par le marasme des prix qui peinent à couvrir les coûts de production. « Ce qui est devant nous, c’est moins de surfaces en 2021, avec un risque de fermeture d’usines et une filière dans une impasse totale », s’est alarmé Franck Sander, appelant à une réponse rapide des pouvoirs publics.
Un risque de fort recul des surfaces
Alors que les agriculteurs sont en train de réfléchir à leur assolement, les planteurs pourraient en effet réduire fortement la voilure en betterave face à des perspectives de rendement en berne, si aucune solution ne se dessine pour la prochaine campagne. « Sur la base des premiers prélèvements au champ, il apparaît que les betteraves touchées par la jaunisse sont 30 % moins lourdes que les betteraves saines, a rapporté Pierre Rayé, directeur général de la CGB. C’est inquiétant alors que nous sommes à cent jours de la récolte, avec une photosynthèse qui va être fortement pénalisée pendant les mois estivaux. »
La CGB prévoit une perte d’environ 100 millions d’euros pour les planteurs cette année du fait de la seule perte de rendement, soit 10 % du chiffre d’affaires national des betteraviers, sans inclure le surcoût des traitements insecticides (estimé à 80 euros à l’hectare).
Demande d’un plan d’action en urgence pour la fin de l’été
Selon la CGB, cette situation d’alerte résulte de conditions météo très favorables aux pucerons depuis l’hiver, combinées au retrait des traitements de semences à base de néonicotinoïdes en 2018. « Cela démontre que les solutions à disposition actuelles sont inefficaces une année comme celle-ci, malgré l’emploi d’outils d’aide à la décision pour traiter au bon moment, et deux à quatre interventions aériennes », a souligné Pierre Rayé.
Pour éviter l’hémorragie des surfaces, le syndicat, qui attend toujours « avec impatience » la nomination d’un délégué interministériel « pour mettre tout le monde autour de la table », demande au gouvernement la mise en place d’un plan d’action d’ici la fin de l’été. La CGB réclame trois mesures :
- une solution efficace en enrobage de semences pour les semis de 2021 ;
- une indemnisation des planteurs sinistrés par la jaunisse ;
- un soutien public renforcé à la recherche pour la lutte contre la jaunisse. « Au moment de l’interdiction des néonicotinoïdes, on nous avait promis qu’il n’y aurait pas d’impasse, rappelle Franck Sander. Qui va nous indemniser maintenant ? »
Retour possible des néonicotinoïdes sur betterave ?
Le syndicat s’attaque toutefois à un gros morceau : concernant les traitements de semences, aucune solution alternative aux néonicotinoïdes n’a été identifiée, les autres matières actives étant soit insuffisamment efficaces, soit dotées d’une durée d’effet trop limitée. Il s’agirait donc d’obtenir une autorisation sous condition pour le retour des traitements de semences à base de néonicotinoïdes sur betteraves, ce qui implique un changement de la loi. La CGB considère néanmoins que rien ne s’oppose scientifiquement à l’emploi de cette famille sur betterave, qui ne fleurit pas la première année, et que le débat est uniquement « politique ». Le syndicat met également en exergue les dérogations dont bénéficient plusieurs pays européens producteurs de betteraves pour continuer à utiliser les néonicotinoïdes.
À terme, la solution viendra probablement de la génétique avec des variétés résistantes. Les variétés testées à ce jour affichent une productivité trop faible, et les semenciers estiment qu’aucune variété satisfaisante ne sera disponible avant 2025. Un délai qui justifie pour la CGB une « phase de transition » avant que ces solutions n’arrivent sur le marché.