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Génétique : bien choisir son taureau de monte naturelle

L’achat d’un taureau a des impacts sur les résultats de l’élevage sur le long terme. Beaucoup de données existent et méritent d’être consultées.

Il est important de se fixer des objectifs d’amélioration et de rester constant dans ses choix.
Il est important de se fixer des objectifs d’amélioration et de rester constant dans ses choix.
© S. Bourgeois

« Un point important avant d’acheter un taureau est de bien connaître les qualités et défauts du cheptel et de se fixer des objectifs d’amélioration, insiste Jérôme Poingt, conseiller chez Alsoni. Et le mieux est que le taureau vienne de la base de sélection, qui garantit une généalogie validée et des performances contrôlées. » L’achat peut se faire en station ou sur les ventes organisées par les organismes de sélection ou de contrôle de performances. « Le plus souvent toutefois, les taureaux sont achetés en ferme, constate Lucille Galerne, conseillère à Seenovia. Il est préconisé d’acheter dans un élevage suivi au contrôle de performances et de demander les documents de pesées, pointage, et index éventuel du taureau et de ses parents, frères, sœurs, demi-frères et demi-sœurs. »

Facilité de naissance et mixité

Un critère essentiel concerne la facilité de vêlage. Pour les génisses, l’index IFNais, qui traduit l’aptitude à produire des veaux qui naissent facilement grâce à un poids et une morphologie adaptés, est primordial. « Pour des génisses, l’IFNais doit être supérieur à 104 », estime Lucille Galerne. S’agissant des vaches, l’index aptitude au vêlage Avel, qui traduit l’aptitude de la femelle à mettre bas facilement grâce à sa morphologie, est important. « Une vache allaitante doit d’abord vêler facilement, avoir du lait et être rustique, rappelle Jérôme Poingt. Sauf la première fois, une charolaise doit pouvoir faire un veau de 50 kg sans problème. » Le choix dépend aussi des priorités de production (broutards, taurillons, génisses de renouvellement, vaches à bonnes aptitudes bouchères…) « Si la priorité est de produire des broutards, le potentiel de croissance est essentiel », illustre Lucille Galerne. L’important est de trouver le bon compromis entre les qualités maternelles et les aptitudes bouchères qui sont en opposition génétique, l’objectif étant d’avancer sur une des qualités sans dégrader l’autre. « Il faut choisir des taureaux équilibrés et rester constant dans ses choix pour fixer les gènes », conseille Jérôme Poingt.

La docilité du taureau est également un aspect à ne pas négliger. Et sa morphologie est importante. Le taureau doit présenter de bons aplombs, notamment arrière, pour la saillie, et être apte à la reproduction. Regarder aussi la rectitude du dos, l’ouverture du bassin, qui seront transmises aux filles, et le respect des caractéristiques de la race. Enfin, le taureau doit être sain. Au-delà de l’IBR, des tests BVD, paratuberculose, néosporose, fièvre Q et besnoitiose peuvent être conseillés, avec mise en quarantaine jusqu’à réception des résultats.

Regarder les gènes d’intérêt

La génomique permet de connaître rapidement certains index. « Avec l’augmentation du nombre d’animaux génotypés, leur précision s’améliore », note Jérôme Poingt. La présence de gènes d’intérêt, en particulier du gène d’ataxie et du gène culard, peut aussi être détectée. « S’il y a un problème d’ataxie dans le cheptel, un taureau homozygote non porteur est conseillé. » L’utilisation d’un taureau porteur du gène culard doit être réfléchie selon que l’on privilégie facilité de naissance ou conformation. « En race charolaise, la mutation Q204X du gène culard est déconseillée, estime Jérôme Poingt. La mutation F94L améliore par contre la conformation sans effet néfaste. » Des taureaux sans cornes de qualité sont aussi disponibles désormais en charolais et limousin.

 

Olivier et Esteban Huet, du Gaec du Porche (44)

« La facilité de naissance pour les génisses est essentielle »

De g. à d., Olivier et Esteban Huet, du Gaec du Porche en Loire-Atlantique

« Nous sommes naisseurs engraisseurs en charolais, avec 210 vêlages par an. Nous achetons deux taureaux par an, en recherchant la facilité de vêlage, le lait et le calme. Avant, nous achetions tous nos taureaux dans le berceau de la race, en Saône-et-Loire, par des négociants. Mais après des problèmes de vêlage sur nos génisses, nous avons cherché des élevages en local pour être plus près des vendeurs et pouvoir voir les animaux. Nous étudions les index des parents et le génotypage du jeune reproducteur, notamment la facilité de vêlage pour les génisses. Nous allons aussi voir les taureaux sur place et prêtons attention aux aplombs et au bassin. Nous évitons absolument le gène culard. Et nous misons sur le sans cornes pour éviter l’écornage. »

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