Gel/betteraves : Cristal Union fournira gratuitement les semences des ressemis pour préserver les surfaces
Le groupe coopératif Cristal Union fournira gratuitement les semences pour ressemer les parcelles de betteraves détruites par le gel. Objectif : préserver les volumes de production dans un contexte de marché jugé porteur.
Le groupe coopératif Cristal Union fournira gratuitement les semences pour ressemer les parcelles de betteraves détruites par le gel. Objectif : préserver les volumes de production dans un contexte de marché jugé porteur.
C’est une opération de sauvetage d’urgence des surfaces de betteraves que vient de lancer le groupe sucrier Cristal Union. Le poids lourd du secteur a annoncé qu’il fournirait gratuitement les semences pour les ressemis de betteraves détruites par le gel. À l’échelle française, 30 000 à 40 000 hectares de betteraves auraient été anéantis par la vague de gel qui s’est abattue entre le 6 et le 8 avril, sur des surfaces totales emblavées estimées à 400 000 hectares.
« Concernant les bassins de Cristal Union, il y a un gros focus sur la zone du sud de Paris, où la situation est dramatique, alerte Olivier de Bohan, président du groupe Cristal Union, dans un entretien à Réussir/Agra. On estime à environ 70 % les surfaces détruites dans ce secteur, déjà très touché par la jaunisse en 2020. » Environ 20 000 hectares de betteraves auraient été détruits au sud de Paris pour la coopérative, auxquels s’ajouteraient « 1 000 ou 2 000 hectares dans les autres zones », selon le dirigeant. La situation de la Champagne reste à préciser, des dégâts ayant été signalés sur des parcelles où les cotylédons n’étaient pas encore sortis du sol.
« Face à cette situation exceptionnelle, le Conseil d’administration de Cristal Union a décidé de prendre des mesures exceptionnelles, en fournissant gratuitement la semence pour les ressemis, dans la limite d’une unité par hectare, explique Olivier de Bohan. Ce n’est pas une simple question de solidarité vis-à-vis des planteurs touchés, cette décision repose également sur des fondamentaux économiques dans l’intérêt général du groupe. » Pour la coopérative, il s’agit en effet de préserver les volumes à transformer, après une année 2020 catastrophique en raison des pertes de rendements liées à la jaunisse. Si le dirigeant affirme qu'il est trop tôt pour chiffrer cette opération, un petit calcul donne l'ordre de grandeur : à 220 euros l'unité de semences, à hauteur d'une unité par hectare, la facture pourrait dépasser les 4 millions d'euros pour 20 000 hectares.
Pas d'inquiétude sur la disponibilité des semences
« Le coût de financement de la semence est un investissement pour la coopérative, mais nous aurions plus à perdre à ne pas le faire, assure le président de la coopérative. Il faut absolument encourager les gens à ressemer, car plus on aura de betteraves, plus on écrasera nos charges fixes. Il faut continuer à optimiser nos gains et notre rentabilité en améliorant les coûts de revient. » Le dirigeant affirme viser les « 100 % de ressemis », et se dit rassuré quant aux volumes de semences disponibles, qui devraient permettre de réaliser les opérations au champ au cours de la semaine prochaine.
Cristal Union conserve une « vision optimiste » sur le plan des marchés pour la prochaine campagne. Le groupe a donné un prix indicatif de la betterave de 26 €/t, en hausse par rapport au contexte déprimé des trois années précédentes. « Le prix complet pourrait dépasser en moyenne 27 €/t, estime Olivier de Bohan. Nous sommes dans une bonne dynamique, car l’essentiel de nos ventes est réalisé sur le marché européen, qui est déficitaire en sucre, et les marchés de l’alcool et de l’éthanol se tiennent. Il faut donc maintenir notre dynamique. »
Pas de néonicotinoïdes sur les parcelles détruites qui étaient déjà traitées
Pour les parcelles où les betteraves détruites étaient traitées aux néonicotinoïdes (NNI), il sera interdit d’utiliser des semences protégées avec cet insecticide pour le ressemis. Cela expose donc les parcelles à de nouvelles attaques de pucerons. Les ressemis tardifs vont de plus amputer le potentiel de rendement, aux alentours de 10 % selon les situations et la météo à venir. Toutefois, Sur les parcelles ayant reçu des betteraves traitées aux NNI, il sera également impossible d’implanter du tournesol ou du maïs, en raison des règles qui encadrent la dérogation pour l’usage des NNI.