Valentino Di Pisa (Fedagromercati) : « Je souhaiterais avoir une discussion sur le sujet des horaires de marché avec mes collègues grossistes français »
A l’occasion de Fruit Logistica, FLD a rencontré Valentino Di Pisa, président de Fedagromercati (association des grossistes fruits et légumes italiens). Il lance un appel à ses confères en France.
A l’occasion de Fruit Logistica, FLD a rencontré Valentino Di Pisa, président de Fedagromercati (association des grossistes fruits et légumes italiens). Il lance un appel à ses confères en France.
FLD : Guerre en Ukraine, inflation, prix de l’énergie…Comment cela -t-il impact l’activité des grossistes fruits et légumes italiens en 2022 ? Cela pourrait-il continuer en 2023 ?
Valentino Di Pisa : Après la pandémie de covid, au cours de laquelle les marchés de gros ont joué un rôle fondamental, avec un effort considérable de la part des entreprises, pour assurer le juste approvisionnement en fruits et légumes frais, de qualité et différenciés face à la demande des consommateurs, la guerre en Ukraine, avec ses conséquences, a créé de nombreuses difficultés pour nos opérateurs.
L'augmentation des coûts de transport et d'électricité, le manque de certains produits et la baisse de la consommation due au climat d'instabilité qui s'est répandu dans toute l'Europe ont contraint les entrepreneurs à faire face à des pertes de revenus et à des coûts énormes pour soutenir leurs entreprises tant sur le marché intérieur que sur à l'étranger. Cette dynamique pourrait également se poursuivre pour 2023 du fait de la persistance de la guerre en Ukraine et du fait de l'arrêt des ventes sur les marchés qui, nous l'espérons, se redresseront au plus vite.
"J'espère qu'un groupe de plus en plus cohérent et uni puisse se former pour représenter le secteur dans son ensemble"
FLD : Le 1er décembre 2022, l'association des entrepreneurs du marché de gros de Naples a rejoint Fedagromercati, après celle de Cesena ou de Vittoria. Cela constitue-t-il une bonne nouvelle ?
V.D.P. : Notre Fédération est plus vivante et proactive que jamais et cela est démontré par l'augmentation des demandes d'adhésion que nous avons reçues ces dernières années, une tendance qui, je l'espère, se poursuivra également dans un proche avenir. Je remercie les opérateurs et les associations locales qui continuent de faire confiance à notre organisation, renforçant toujours plus le réseau des grossistes en fruits et légumes et la solidité de la filière.
FLD : Qu’attendez-vous, en tant que Président de Fedagromercati, de l’extension du réseau ?
V.D.P. : Ce que j'espère, c'est qu'un groupe de plus en plus cohérent et uni puisse se former, également grâce à la collaboration avec les organes de gestion, pour représenter le secteur dans son ensemble, affirmer les intérêts du secteur. Par ailleurs, il est question ici aussi de se présenter d'une seule voix devant les institutions nationales et internationales. Avec l'objectif de faire croître la filière fruits et légumes italienne et de renforcer le tissu entrepreneurial de notre pays.
« Je travaille pour des entreprises, qui sont le véritable moteur des marchés de gros »
FLD : Qu’attendent les grossistes italiens du Plan de relance de l’économie du gouvernement ?
V.D.P. : Nous attendons du PNRR une relance de notre filière et une croissance de nos entreprises à travers le développement des infrastructures de nos marchés. Il y avait 32 projets admis représentant les marchés les plus stratégiques en Italie, à l'exclusion de Vittoria. C’est un résultat important, mais nous craignons que les 150 millions d’euros alloués ne suffisent pas à mettre en œuvre toutes les propositions.
Certes, un tel scénario n'est pas souhaitable, mais en même temps, nous sommes conscients que les projets qui iront de l'avant nécessitent un grand engagement et une mise en œuvre pratique et attentive aux projets. Leur réalisation doit déboucher sur de nouvelles opportunités, des outils innovants et de meilleures conditions de travail. Je travaille pour des entreprises, qui sont le véritable moteur des marchés.
FLD : L’évolution des horaires de marché (d’un marché nocturne à un marché diurne) est un sujet important pour les opérateurs italiens, un peu moins pour les Français. Pouvez-vous nous expliquer en quoi cela est important en Italie ?
V.D.P. : Vous avez raison, pour les grossistes italiens, la question des heures de travail représente un sujet d'importance fondamentale en raison de l'impact qu'elle aurait en général sur le travail des opérateurs. L'intérêt sur le sujet est en effet très vif : les grossistes sont partagés entre ceux qui sont favorables à la journée et ceux qui ne le sont pas, même si ces derniers temps les opérateurs se rendent compte que les horaires de jour représentent une directive incontournable pour l'avenir du secteur.
"Je souhaiterais avoir une discussion sur le sujet avec mes collègues français pour comprendre leur position"
FLD : Qu’est ce qui amène à cette conclusion ?
V.D.P. : En fait, nous avons constaté à partir des données provenant su seul site qui fonctionne pendant la journée, Rome, et de l'expérience de nos collègues espagnols, qu'un tel changement permettrait, bien qu'avec des difficultés initiales, d'attirer de nouveaux clients et de réduire le coûts des services de nuit. Ce serait aussi une solution au passage de flambeau générationnel. Cela permettrait de trouver une main-d'œuvre plus qualifiée, mais surtout, cela contribuerait à améliorer l'image des marchés de gros en lui donnant une valeur au même niveau que les autres concurrents.
Personnellement, au nom de tout Fedagro, je crois que le passage aux horaires de jour n'est pas un processus facile et indolore, mais c'est certainement une évolution qui peut changer le sort de l'avenir des marchés, en leur donnant une nouvelle vie pour une relance et une modernisation de ces réalités.
Enfin, je souhaiterais avoir une discussion sur le sujet avec mes collègues français pour comprendre leur position sur le sujet afin d'avoir une vue d'ensemble du secteur dans une optique de partage et d'unité également au niveau européen.