Technologies Côté distribution
Une vitrine intelligente en projet au rayon surgelés
A l'occasion du Forum de l'innovation (24-25 juin à Périgueux), Frédéric Ventre, dirigeant fondateur de Yooji, présentera son projet de vitrine interactive, avec détecteur de présence, affichage de promotions ou d'informations en temps réel.

Fld : Comment vous est venue cette idée de vitrine “intelligente” ?
Frédéric Ventre : Ce projet est le fruit de deux facteurs. D'une part, la rencontre avec une start-up de Périgueux baptisée Dreamtronic, qui sait transformer une surface transparente en un écran de projection permettant non seulement de visionner des vidéos mais où l'on peut ajouter une couche d'interactivité avec une interface de type “Les experts à Miami”. Et d'autre part, nous avons une problématique, laquelle est au cœur de notre proposition, c'est-à-dire vendre des produits surgelés en dehors du rayon surgelé, au rayon bébé. Pour cela, nous fournissons déjà des vitrines aux magasins. Mais ce n'est pas simple de trouver notre place. Alors, en décembre 2013, à la faveur du flop de “Blédina du Jour” [première gamme de baby food frais en GMS, lancée en 2012, ndlr], nous avons pu nous intégrer à certains rayons, grâce à des vitrines capables de rentrer dans l'espace d'une gondole traditionnelle, en remplacement d'un élément ambiant. Et c'est là que nous avons eu le déclic. Nous nous sommes dit qu'avec Dreamtronic, nous pouvions faire de cette vitrine un véritable atout.
Fld : Quel genre de fonctionnalités pourrait offrir ce matériel ?
F. V. : On peut imaginer capter le passage d'une maman dans le rayon, l'interpeller avec une vidéo de présentation, ou proposer des réductions personnalisées, des recettes, des conseils de préparation... Comme nous nous connectons sur le WiFi des magasins, on peut gérer tout cela à distance, avec une personnalisation à l'heure près : par exemple 20 % de réduction de 16h à 18h, une sorte d'happy hour du baby food. La vitrine peut même à terme devenir un écran de commande où la maman pianote en début de courses et récupère ses produits à la caisse au moment de payer, ou pourquoi pas sur le parking ou encore au drive.
Fld : Comment les enseignes accueillent-elles ce projet ?
F. V. : Les distributeurs sont demandeurs. Parce qu'on peut en faire à la fois un outil technique et un média orienté vers le consommateur, le tout avec un pilotage très fin, à distance, pour chaque vitrine installée. On peut envisager un monitoring de température qui surveille la bonne conservation des produits, associé au comptage du nombre d'ouvertures de la porte, du nombre de passages devant la vitrine avec un détecteur de présence… Les possibilités sont très nombreuses et sont autant de leviers de dynamisation d'un rayon globalement en perte de vitesse.
Fld : Quand prévoyez-vous d'installer les premiers modèles de vitrine ?
F. V. : Notre idée maintenant est de sortir très vite une première version, en y associant au moins une grande enseigne avec des moyens marketing. Parallèlement, nous avons déposé une candidature dans le cadre du concours Fodali (Forum des innovations en distribution alimentaire) qui se tiendra à Périgueux fin juin. Mais il nous reste pas mal de choses à régler, notamment la fixation de la dalle écran de Dreamtronic sur la vitrine existante. L'idée, c'est d'arriver à la fin de l'année avec un prototype à installer dans quelques magasins tests. Ensuite, si comme on l'espère cette technologie apporte un vrai plus, nous la déploierons partout où les distributeurs seront demandeurs.
Frédéric Ventre a fondé la marque Yooji en 2012 sur l'Agropole d'Agen. Il s'agissait, au départ, de galets de purées de légumes bio surgelés de 20 g, destinés aux bébés et aux jeunes enfants. Aujourd'hui, la gamme compte dix-huit références, différentes recettes de légumes bio, du poulet bio et poisson FSC. La marque est désormais référencée dans toute la distribution, soit 200 magasins. Elle a finalisé des accords nationaux avec Carrefour, Cora et Auchan. On trouve aussi Yooji chez quelques distributeurs bio spécialisés, au menu de certaines crèches, ainsi que sur le catalogue Toupargel. L'entreprise a commencé à exporter à sa marque en Belgique avec Carrefour, et sera présente aux Pays-Bas à la marque Hero dans les magasins Albert Heijn. Surfant sur le succès de son Prix de l'Innovation obtenu lors du dernier Sial qui lui a ouvert les portes du Moyen-Orient, l'entreprise cherche des investisseurs et procède à une levée de fonds de 2,5 M€ afin de poursuivre son développement.