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Tomates bio espagnoles : pourquoi Ségolène Royal se trompe de combat

Des accusations de « faux bio » de la part de Ségolène Royal pour leurs tomates bio sur une chaîne de TV ont empiré la colère des producteurs et institutions espagnols. Des propos non justifiés auxquels on aurait préféré des explications claires sur ce qui fait le prix d’un produit et sur la concurrence que cela peut engendrer. L'association bio espagnole Ecovalia soutenue par des organisations bio françaises déclare avoir intenté une action en justice. 

Des tomates espagnoles dans un magasin bio à Paris le 2 février. Certains distibuteurs affirment qu'il n'y a pas de tomates bio françaises disponibles.
© Claire Tillier

Les tomates bio espagnoles seraient du « faux bio » et n’auraient en plus pas de goût, « elles sont immangeables » selon les dires de Ségolène Royal. Ce sont ces propos prononcés, mais non justifiés ou développés par l’ancienne ministre de l’Ecologie dans l’émission « Julie jusqu’à minuit » de BFMTV qui ont mis le feu aux poudres dans le secteur agricole espagnol toujours en pleine crise et qui, contrairement aux agriculteurs français, affirmait le 2 février maintenir sa mobilisation. Des propos qui ont choqué les institutions espagnoles, rajoutant un peu d’huile sur le feu sur les relations entre la France et l’Espagne suite aux blocages et aux attaques des camions espagnols par les agriculteurs français

Lire aussi : Colère des agriculteurs : Saint-Charles International dénonce les actes de violence et la polémique envers les fruits et légumes espagnols

 

Attaquer le bio espagnol revient aussi à discréditer le bio français

Que Ségolène Royal ait souhaité défendre la production de tomates françaises, c’est plutôt une bonne chose, mais la production de tomates française, bio comme conventionnelle, a suffisamment d’atouts pour être défendue sans forcément attaquer la production du voisin. Passons sur le fait que les tomates espagnoles seraient « immangeables » selon l’ancienne ministre de l’Ecologie. En fruits et légumes, on sait particulièrement qu’un produit non satisfaisant gustativement n’est pas racheté. 

Lire aussi : L’Etat déploie les aides pour les exploitations touchées par les tempêtes et les inondations

Attaquer le bio espagnol revient aussi à discréditer le bio français et européen, soumis aux mêmes règles de labellisation. Suite aux déclarations de Ségolène Royal, l’agence de presse espagnole EFE a interrogé l’Agence Bio française. Cette dernière a bien entendu confirmé auprès d’EFE que les règles de labellisation bio étaient les mêmes partout en Europe. « Qu'il vienne de France, d'Espagne ou d'autres pays européens, un produit labellisé bio est biologique, sans produits chimiques de synthèse, sans organismes génétiquement modifiés, sans colorants, sans arômes chimiques de synthèse ni modificateurs de goût », a reprécisé l’organisme français à l’agence de presse espagnole. L’Agence Bio ajoute également que les produits bio vendus en France sont contrôlés « par des certificateurs indépendants » de différents pays membres de l'Union européenne qui, à leur tour, sont contrôlés par la Commission européenne. 

 

L’association biologique espagnole Ecovalia intente une action en justice 

L’association espagnole de production biologique, Ecovalia a également réagi en intentant une action en justice contre l'ancienne ministre française devant le parquet général de l'État et la Commission européenne. Elle est soutenue dans cette démarche par les institutions biologiques françaises que sont Ifoam France, la FNAB, Synabio, Ecocert et Interbio Nouvelle-Aquitaine. Elles confirment elles aussi dans un communiqué publié par Ecovalia que « les normes de production et de transformation des produits biologiques sont strictement contrôlées et conformes aux dispositions publiques du règlement européen sur l’agriculture biologique et harmonisé dans les 27 États membres : les producteurs biologiques français et espagnols sont soumis aux mêmes normes et contrôles de production »

 

Lire aussi : Tomates bio espagnoles : Saint-Charles International porte plainte contre Ségolène Royal

De la concurrence dans le secteur de la tomate, oui, il y en a. Prix du sol, coût de la main-d’œuvre, coûts de production d’une manière générale sont effectivement plus élevés en France que dans d’autres pays que sont l’Espagne ou le Maroc par exemple. La tomate de qualité sur laquelle avait misé la filière française a aussi un coût pour la production, sans compter que la France veut toujours faire mieux en matière de qualité et d’environnement… : ce sont sur tous ces critères qu’il faut arriver à communiquer pour reconnecter les Français à la valeur du produit. L’enjeu est de taille. Rappelons que les Français sont de gros consommateurs de tomates et, qu’on le veuille ou non, ils en consomment toute l’année, près de 14 kg par an par ménage. 

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