Grand Ouest
Solarenn veut développer la cogénération et la méthanisation
Pour être plus compétitif, Solarenn mise sur le développement de la cogénération et de la méthanisation. Une stratégie qui passe par l'agrandissement des exploitations.


Avec trente producteurs et 26 000 t de tomates en 2014, la coopérative rennaise Solarenn est le cinquième acteur français du marché de la tomate. « Mais pour continuer à exister, nous devons être bons à tous les niveaux, estime Christophe Rousse, président de Solarenn. Cela passe par le renforcement de la compétitivité des producteurs, en particulier par la réduction des coûts de chauffage. L'énergie est un poste clé de maîtrise des coûts, compte tenu des tarifs du gaz, de l'électricité et du fuel. » Pour cela, la coopérative mise sur le développement de la cogénération, les producteurs ayant pratiquement tous accès au gaz naturel. « L'objectif est que le maximum d'exploitations soient à l'avenir équipées de cogénération », précise-t-il. Deux installations sont déjà en fonctionnement sur des structures de 5 ha et 5,2 ha, et six-sept autres sont en projet, dont quatre en 2015. « Avec les anciens contrats, il fallait 5 à 6 ha de serre pour qu'une cogénération soit rentable, analyse Christophe Rousse. Avec les nouveaux contrats C13, une cogénération devient possible à partir de 3 ha ou mieux de 4 ha. Les exploitations ayant actuellement une taille moyenne de 2-3 ha au sein de la coopérative, le développement de la cogénération passe donc par leur agrandissement jusqu'à 4-5 ha. »
La pression foncière sur l'agglomération rennaise étant forte, un travail a été engagé pour faciliter l'agrandissement des exploitations. « Un état des lieux a été fait en commun avec la Direction départementale des territoires et de la mer (DDTM) pour identifier les projets d'agrandissement et les points de blocage, précise Isabelle Georges, attachée de direction chez Solarenn. Nous l'avons ensuite utilisé pour sensibiliser les différentes structures et collectivités aux besoins en foncier des serristes, en mettant en avant l'importance économique de ces acteurs. » « Nous avons aujourd'hui de vraies possibilités d'agrandissement qui ouvrent la voie au développement de la cogénération », souligne le président de Solarenn. En quelques années, avec l'agrandissement des structures, la coopérative est déjà passée de 40 ha de serre à 55 ha. Et 10 ha supplémentaires sont encore en projet sur les deux-trois ans à venir.
Utiliser la chaleur de la méthanisationUne autre piste pour économiser l'énergie est la méthanisation. Un premier projet est en cours de développement chez un jeune producteur, Yannick Bernard, qui a choisi la méthanisation pour chauffer ses serres en complément d'une chaufferie bois.
« Je me suis installé en décembre 2014, avec 1,5 ha de serre, sur l'exploitation d'un Gaec laitier qui mettait en place une méthanisation basée sur des fumiers et lisiers, la biomasse de couverts végétaux, des marcs de pommes et des déchets de céréales, explique Yannick Bernard. Je n'avais pas accès au gaz naturel et mon projet était d'utiliser la chaleur de la méthanisation pour chauffer mes serres. Je me suis installé en EARL, les deux associés du Gaec ayant chacun 10 % du capital de la société. Ce système est intéressant pour les deux parties. Pour le Gaec, le fait que plus de 70 % de la chaleur produite soit consommée sur place lui donne droit à une plus-value sur le prix de revente de l'électricité. Et pour moi, cela représente une énergie pratiquement gratuite. »
C'est le Gaec qui a investi dans la méthanisation et qui a réalisé les branchements conduisant jusqu'au ballon de stockage de 700 m3 du serriste. Yannick Bernard a, lui, investi 1,6 million d'euros dans sa serre et une chaufferie bois. La méthanisation, qui devrait être opérationnelle ce printemps, fournira 30 % des besoins en énergie de la serre, sur toute l'année. Et de novembre à mars, le complément sera apporté par la chaufferie bois. « Avec ce système, mon objectif est de limiter les coûts de chauffage à moins de 4-5 €/ m2 , soit à peu près ce que l'on peut obtenir avec une cogénération mais avec seulement 1,5 ha de serre », précise Yannick Bernard.
Le bois de plus en plus coûteuxDeux projets de méthanisation sont à l'étude chez deux autres producteurs de Solarenn. Et d'autres pistes ont été étudiées mais non retenues actuellement. Le bois, qui s'avère intéressant pour Yannick Bernard, qui est situé dans une zone très boisée, n'est en revanche plus mis en avant de façon générale au sein de Solarenn. « Dans la région, plusieurs grosses chaufferies à bois ont été récemment créées par des collectivités, notamment une très grosse installation à Rennes, précise Christophe Rousse. L'approvisionnement en bois est devenu très difficile et surtout de plus en plus coûteux. » Un projet de récupération d'énergie fatale (énergie des incinérateurs d'ordures ménagères) a également été étudié mais il n'a pas été retenu, car les sites d'incinération n'offrent pas de foncier disponible pour des serres ou sont situés trop près de la ville.