Prospective
[Sival 2022] Comment la filière fruits et légumes peut-elle répondre aux attentes de la société?
Le débat citoyen sur "l'assiette de demain" à l'occasion du Sival a montré qu'il n'existait pas de modèle unique. Mais, une meilleure segmentation de l'offre et des moyens supplémentaires pour la recherche et la formation restent indispensables.
Le débat citoyen sur "l'assiette de demain" à l'occasion du Sival a montré qu'il n'existait pas de modèle unique. Mais, une meilleure segmentation de l'offre et des moyens supplémentaires pour la recherche et la formation restent indispensables.
A l’occasion du Sival, Interfel a organisé un débat-citoyen autour du climat et des fruits et légumes : « L’assiette de demain conciliera-t-elle les attentes citoyennes et les enjeux de la filière ? ». Des échanges, il est ressorti que les fruits et légumes sont une réponse aux enjeux de demain en termes d’alimentation saine et durable. L’éducation et la prise en compte de l’impact du changement climatique pour la filière sont essentiels.
Végétalisation et différences sociales
« Depuis 2018, il y a en France un changement de régime rapide et important, avec une végétalisation de l’alimentation et l’augmentation de consommation de fruits et légumes frais, a rapporté Pascale Hebel, du Credoc. Ce changement est lié à une prise de conscience de l’importance du végétal et des fruits et légumes pour la santé et pour lutter contre le changement climatique ». La tendance est plus ou moins marquée selon les populations. Dominique Allaume-Bobe, de l’Unaf (Union nationale des associations familiales) a présenté l’étude montrant que le prix des fruits et légumes a augmenté de 9% en 2 ans. « Avec des préconisations de 400 g/j, cela représente 8 à 16% d’un Smic pour 4 personnes. Les fruits et légumes sont importants pour lutter contre la pauvreté, avec un impact moindre sur la planète, a-t-elle estimé, Les personnes précaires n’achètent donc souvent que des conserves ou des bananes à 0,99 €/kg. Les comportements varient aussi entre la campagne, où il y a des jardins et vergers, et la ville où il faut tout acheter ».
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Pas de solution unique
L’éducation dès le plus jeune âge est donc importante, avec la nécessité de former les consommateurs à la cuisine, de proposer des recettes intégrant légumineuses, fruits, légumes, graines, fruits secs et de lutter contre le gaspillage. « Il n’y a pas de réponse unique, estime Régis Aubenas, producteur d’abricot dans la Drôme. Il faut mieux structurer la segmentation pour que tous les consommateurs puissent accéder aux fruits et légumes selon leur budget ». La praticité reste aussi essentielle. Pascale Hebel a rappelé par ailleurs que le temps de préparation était un frein important pour les familles nombreuses et prônant le développement de la fraiche découpe dans des contenants en phase avec la loi Agec.
Plus de moyens nécessaires
Le changement climatique a toutefois de forts impacts sur la production. « La filière est habituée aux aléas climatiques, mais la fréquence et l’intensité de ces aléas augmentent, constate Baptiste Labeyrie, du Ctifl. Les calendriers sont modifiés et il y a plus de bioagresseurs et de tension sur l’eau ». Et Régis Aubenas d’ajouter : « En 30 ans, la floraison des abricotiers a avancé de 17 jours. Il y a plus de risques de gel et aussi plus de coups de chaud l’été. Les aléas deviennent structurels ».
La capacité des producteurs à s’adapter rapidement est donc un point central et implique plus de moyens pour la recherche. « Il va falloir accélérer sur l’irrigation, estime Ludovic Guinard, directeur du Ctifl. Il y a beaucoup de leviers : les variétés, les pratiques d’irrigation et agronomiques, les ombrières… Il faut une stratégie collective et investir sur ce qui sera le plus efficace pour donner de l’agilité à la filière. La formation est aussi essentielle, car la filière a besoin de bras et de nouvelles compétences ».
« Il faut un plan pour développer la consommation des fruits et légumes, la production et la recherche » a rappelé Laurent Grandin, président d’Interfel.
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