60 ans de Sicoly : une coopérative fruitière qui a misé sur la diversification
En un peu plus d’un demi-siècle, la coopérative fruitière Sicoly, basée à Saint-Laurent-d’Agny dans le Rhône, a su diversifier ses activités tout en accompagnant ses 120 associés coopérateurs dans le développement de leurs exploitations [rédaction : Zoé Besle].
En un peu plus d’un demi-siècle, la coopérative fruitière Sicoly, basée à Saint-Laurent-d’Agny dans le Rhône, a su diversifier ses activités tout en accompagnant ses 120 associés coopérateurs dans le développement de leurs exploitations [rédaction : Zoé Besle].
Pommes, poires, pêches, abricots, fruits rouges… La variété des fruits proposés par la coopérative Sicoly reflète la diversité de production du département du Rhône. Des coteaux aux monts du Lyonnais, les 120 associés coopérateurs que compte actuellement Sicoly cultivent 570 ha de vergers dans un rayon de 50 km autour de la coopérative. Son histoire débute en 1962, lorsqu’une vingtaine de producteurs se regroupent pour créer la Sica (société d’intérêts collectifs agricoles) des coteaux du Lyonnais, abrégée en Sicoly.
« A ce moment, il y avait eu une augmentation de la production et des difficultés d’écoulement sur le marché local : l’idée des producteurs a été de se regrouper pour pouvoir expédier les produits un peu plus loin et mieux valoriser les fruits », explique Patrick Reynard, président de Sicoly. Quelques années plus tard, en 1978, un surplus de framboises est surgelé suite à une belle saison. Un an plus tard, Sicoly commence à fabriquer ses premières purées de fruits surgelées. Une activité que la coopérative va largement développer, investissant dans plusieurs machines et équipements techniques au fil des ans. Aujourd’hui, via sa filiale de transformation et de commercialisation Sica Sicodis, le surgelé représente 55 % du chiffre d’affaires de Sicoly, dont 40 % via l’export.
14 000 tonnes de fruits commercialisées par an
Entre la production de fruits frais et celle de fruits surgelés, Sicoly commercialise 14 000 tonnes de fruits par an. Les clients de l’entreprise sont variés : des grandes et moyennes surfaces (60 %), des grossistes (30 %), ou encore des industriels pour les fruits frais. Une partie est également vendue dans les 20 magasins Terres Lyonnaises, créés par Sicoly via sa filiale Sicodis. Le premier magasin de ce type, nommé Ferme Lyonnaise, a vu le jour à Craponne en 1997. S’ensuivront le premier magasin Terres Lyonnaises en 2006, sur le site de Saint-Laurent-d’Agny, avec d’autres implantations régulières, notamment à Lyon. Côté fruits surgelés et transformés, Sicoly propose plus de 70 fruits surgelés entiers ou en morceaux, et plus de 90 produits transformés : coulis, purées, concentrés mais aussi inserts de fruits ou jus. Cette large gamme est commercialisée auprès de professionnels de la restauration, de la pâtisserie et de l’industrie agroalimentaire.
Des coopérateurs aux profils diversifiés
Regroupant à la fois des sociétés adhérentes et des associés coopérateurs, la coopérative Sicoly récolte aujourd’hui 9 000 tonnes de fruits frais par an. Les associés coopérateurs ont des typologies d’exploitation parfois très différentes. « De par la diversité de nos productions, nous avons aussi une grande diversité d’exploitations, même si elles restent tout de même de taille familiale », constate Patrick Reynard.
Les petits fruits rouges, qui représentent une production importante chez Sicoly, proviennent parfois de petites exploitations individuelles de 2 ou 3 hectares sous serre. « Mais nous avons aussi des associés coopérateurs qui cultivent sur 25 à 40 hectares de vergers, avec une production plus diversifiée qui peut comprendre des pommes, des poires, des pêches ou des cerises ». Statut coopératif oblige, un associé coopérateur doit apporter la totalité de sa production à Sicoly. Une dérogation existe néanmoins pour les producteurs pratiquant la vente directe, chose assez courante du fait de la proximité de nombreuses exploitations avec Lyon.
Investir et créer de nouveaux vergers
Régulièrement, de nouveaux producteurs rejoignent la coopérative. « Ces dernières années, la dynamique d’adhésion a été sur des productions de petits fruits : fraise, framboise, cassis, plutôt qu’en gros fruits, mais nous avons aussi des producteurs de cerises qui nous ont rejoints ces dix dernières années », mentionne le responsable. Pour les accompagner, Sicoly dispose d’un service technique interne qui aide les producteurs dans leurs méthodes culturales, avec deux techniciennes. Le conseil se fait par rapport aux espèces plantées, aux techniques de culture, ou encore aux problèmes de ravageurs. Sicoly accompagne également ses adhérents via son service qualité, notamment pour les démarches de certifications. « La majorité des associés coopérateurs sont certifiés Global Gap, HVE 3 et une partie est aussi engagée dans la certification Vergers éco-responsables », précise-t-il.
Sicoly propose un accompagnement financier dans ces démarches, ainsi que des aides pour les jeunes producteurs rejoignant la coopérative. « Nous les aidons à investir dans la production et à financer leurs nouvelles cultures via des avances de trésoreries : on finance une partie de l’investissement de la plantation, que le producteur rembourse une fois qu’il entre en production ». L’échelonnement des paiements se fait sur trois à quatre années, le début du remboursement diffère selon le type de production. « Ce système permet à nos producteurs d’investir et de créer de nouveaux vergers qui correspondent aux attentes de nos clients et de nos circuits commerciaux », conclut Patrick Reynard.
"La dynamique d’adhésion a été sur des productions de petits fruits"
Parcours
1962 : naissance de la coopérative
1979 : 1re fabrication de purée de fruits surgelés
1981 : début de l’exportation de fruits surgelés
1984 : Sicoly crée sa filiale de transformation et de commercialisation Sica Sicodis
2006 : ouverture du premier magasin Terres Lyonnaises à Saint-Laurent-d’Agny
Un anniversaire en trois temps
Pour ses 60 ans d’existence, la coopérative Sicoly s’est dotée d’un nouveau logo célébrant son anniversaire. Il reprend l’identité visuelle de la marque avec la couleur rouge et les deux petites feuilles apposées au-dessus du o de Sicoly, tout en intégrant l’âge de la marque et de petits points de couleurs pour plus de modernité. Ce nouveau logo marque la première étape de cette année anniversaire, qui sera suivie d’autres actions. Sicoly prévoit notamment d’organiser un événement rassemblant tous ses collaborateurs et associés coopérateurs le 6 mai 2022. Un autre rassemblement, à destination des clients de la coopérative, aura lieu lors du prochain Salon international de la restauration, de l’hôtellerie et de l’alimentation (Sirha) en janvier 2023 à Lyon. « L’événement au Sirha sera l’occasion de se réunir avec nos clients nationaux et internationaux, mais on tient dans un premier temps à mettre en valeur tous nos producteurs et nos collaborateurs, qui font vivre l’entreprise », affirme le président de Sicoly.
Un accompagnement sur mesure
Basé à Soucieux en Jarrest (Rhône), Yvan Garin s’est installé en 1998 avec ses parents et son frère avant de reprendre l’exploitation seul en 2010 sur un verger de 18 hectares. Il cultive cerises, cassis, pêches, pommes et poires. « L’adhésion à Sicoly remonte à longtemps sur mon exploitation : mes grands-parents maternels et paternels sont devenus adhérents coopérateurs quelques années après la création de la coopérative en 1962. Mon père a ensuite repris les deux exploitations et moi à sa suite, toujours avec Sicoly ». L’ensemble de sa production est vendu à la coopérative.
« Le développement de l’exploitation s’est fait avec Sicoly : quand la coopérative a des besoins particuliers, on tâche toujours d’y répondre », explique le producteur. Son père a par exemple débuté la culture du cassis pour alimenter l’atelier de transformation de Sicoly, tandis qu’Yvan Garin a planté des pêches blanches pour répondre à d’autres besoins industriels. Ce développement s’est fait avec l’appui du service technique et commercial de Sicoly. « Ils sont vraiment très réactifs, tant sur la partie conseil, par exemple pour la gestion des ravageurs, que sur le financier ». Avec l’appui de la coopérative, Yvan Garin a par exemple établi une contractualisation de 15 ans avec Blédina.