Serre de tomate : comment réduire sa consommation de CO2 grâce au pilotage automatisé
Un essai montre que le pilotage automatisé du CO2 permet de fortement réduire sa consommation. Au-delà du prix, l’adaptation à la disponibilité en CO2 liquide est ainsi facilitée.
Un essai montre que le pilotage automatisé du CO2 permet de fortement réduire sa consommation. Au-delà du prix, l’adaptation à la disponibilité en CO2 liquide est ainsi facilitée.
En 2021 et 2023, le centre CTIFL de Carquefou a travaillé avec la société CybeleTech, spécialiste des technologies numériques et de la modélisation, sur le pilotage automatisé de l’injection de dioxyde de carbone (aussi appelé gaz carbonique ou CO2). « L’intensité de la photosynthèse est liée à la température, l’hygrométrie, la lumière et la disponibilité en CO2, rappelle Landry Rossdeutsch, du centre CTIFL de Carquefou. La modélisation de la photosynthèse permet d’établir des règles de décision d’injection de CO2 en continu, pour impacter le moins possible la photosynthèse, tout en réduisant le CO2 injecté. » Après un premier essai en 2021 de pilotage en partie automatisé, un essai de pilotage du CO2 entièrement automatisé a été mené en 2023 sur les variétés Trovanzo (RZ) et Xavérius (Ax), avec du CO2 d’origine chaudière et du CO2 liquide.
Une conduite qui améliore l’efficience du CO2
Le pilotage automatisé du CO2 liquide a permis de réduire l’apport de CO2 total de 175 tonnes/hectare (t/ha) dans la conduite témoin à 97 t/ha, soit une baisse globale de 44,8% du CO2 injecté. « Il a surtout permis une économie de 81 t/ha, soit 84%, du CO2 liquide, le CO2 chaudière ayant augmenté de 3%», précise Landry Rossdeutsch. La réponse à la baisse d’injection de CO2 a été une perte de rendement de 6% en moyenne pour les deux variétés (38,2 kg/m² contre 40,6 kg/m²), une baisse du poids moyen de fruit de 3,5% (119 g contre 123 g) et une baisse du chiffre d’affaires brut de 5,1% (47 €/m² contre 49,5 €/m²). « Les pertes de rendement et de chiffre d’affaires brut résultent de la diminution du poids moyen des fruits dans une conduite réduite en CO2 », précise l’expérimentateur. Xavérius a été moins affectée par la baisse d’injection de CO2 liquide, résultat contraire à ce qui avait été observé en 2021.
« La modélisation améliore l’efficience du CO2, qui a été multipliée par quatre en 2021 et par 1,7 en 2023, analyse Landry Rossdeutsch. Le rendement diminue légèrement, alors que la consommation en CO2 est fortement réduite. Les consignes de pilotage semblent de plus s’adapter aux variétés. » Pour compenser la perte de chiffre d’affaires, le coût du CO2 liquide devrait être supérieur à 330 euros la tonne, ce qui n’assure pas actuellement une rentabilité économique du système. « Mais la problématique à l’avenir sera sans doute surtout la disponibilité en CO2 liquide et la gestion des stocks, estime Landry Rossdeutsch. Le pilotage automatisé du CO2 pourrait permettre d’optimiser son utilisation en choisissant où et quand injecter les quantités disponibles. »