Prune : quelle conservation pour Grenadine ?
La nouvelle variété de prune Grenadinecov commence à être plantée chez les producteurs du Sud-ouest. Le CEFEL réalise depuis 2014 des essais de conservation sur cette variété qui ont permis de mieux cerner sa date de récolte et son potentiel de conservation.
La nouvelle variété de prune Grenadinecov commence à être plantée chez les producteurs du Sud-ouest. Le CEFEL réalise depuis 2014 des essais de conservation sur cette variété qui ont permis de mieux cerner sa date de récolte et son potentiel de conservation.
Développée par Cot International et distribuée par les pépinières Grard, la variété de prune Grenadinecov se caractérise par un gros fruit grenat à violet et par une qualité gustative remarquable par rapport aux anciennes variétés américano-japonaises. Elle arrive à maturité fin août dans le Sud-ouest, sur un créneau voisin de TC Sun Gradiplumcov. Un premier essai a été mis en place au CEFEL, centre d’expérimentation en fruits et légumes du Tarn-et-Garonne, en 2014 sur un lot issu d’un verger en deuxième feuille mais portant déjà une production significative. L’objectif était d’estimer le potentiel de conservation de jeunes parcelles. La récolte 2014 a été très précoce, le 7 août. « Le lot s’est bien comporté en conservation en froid normal à 0-0,5 °C pendant quatre semaines, avec toutefois une perte de fermeté rapide après sortie de chambre froide, indique Pascale Westercamp, CTIFL/CEFEL, dans un premier bilan des essais paru dans Infos CTIFL. La chair est restée en bon état à cette date, mais pour une sortie plus tardive après sept semaines de conservation, elle est devenue vitreuse à température ambiante. » Seuls les fruits traités au SmartFresh quatre jours après récolte sont restés indemnes et leur chair est restée ferme et juteuse, avec un équilibre sucre/acidité préservé.
Les récoltes précoces moins qualitatives
En 2015, un lot de ce même verger récolté le 26 août a été conservé pendant cinq semaines en froid normal avec ou sans SmartFresh. Il n’a pas été observé de chair vitreuse en fin d’essai sur ce lot à cette date, ni sur le lot récolté plus tardivement, le 3 septembre. « Le SmartFresh a également permis de limiter significativement la perte de fermeté en chambre froide et après sortie à température ambiante, et de mieux maintenir l’acidité, évoque Ghislaine Monteils, du CEFEL. Ce dernier point n’est pas un inconvénient pour Grenadinecov, car contrairement à beaucoup d’autres variétés américano-japonaises, elle est sucrée et modérément acide. » En 2016 a été réalisé un essai complet de conservation, en froid normal ou en atmosphère contrôlée (voir encadré) sur un lot du même verger. Quatre dates de récolte ont été réalisées, les 11, 17, 24 et 30 août. En fin d’essai, les fruits récoltés le 11 août ont toujours présenté un écart de qualité important avec ceux cueillis à la dernière date, le 30 août. Par rapport aux fruits récoltés le 11 août, ceux récoltés le 30 août étaient ainsi plus sucrés (15 % Brix contre 13 % Brix), moins acides (12 meq/100 ml contre 16 meq/100 ml) et moins fermes (4 kg/0,5 cm² contre 4,5 kg/0,5 cm², ce qui reste d’un bon niveau). L’indice Durofel, qui mesure la résistance superficielle à la déformation, était de 87 le 30 août contre 94 le 11 août (sur une échelle de 0 à 100). L’effet positif du SmartFresh sur ces différents paramètres observé les années précédentes a été confirmé en 2016.
Un effet année pour la vitrescence
« Le lot le plus tardif n’a pas été beaucoup plus sensible aux pourritures que les plus précoces dans les conditions de l’année, observe Ghislaine Monteils. En revanche, la qualité de la chair s’est beaucoup plus dégradée pour les lots précoces malgré une durée de conservation similaire obtenue par des sorties échelonnées des fruits. » Ainsi, dans le cas d’un stockage de six semaines en froid normal, la chair de certains fruits est devenue vitreuse après sortie à température ambiante, comme lors de l’essai de 2014. Le taux de fruits atteints étant d’autant plus important que la date de récolte était précoce. Les fruits récoltés le 30 août n’ont pas développé ce désordre physiologique. Par ailleurs, quelle que soit la date de récolte, le traitement au SmartFresh a une nouvelle fois permis d’enrayer cette dégradation et de conserver une chair croquante et juteuse. « Il semble toutefois y avoir un effet année, nuance Pascale Westercamp. En 2017, la comparaison de deux dates de récolte a en effet donné des résultats inverses, avec un lot récolté plus tardivement davantage atteint par la vitrescence que les lots plus précoces. »
Tiré de Infos CTIFL n°333, juillet-août 2017 Qualité et conservation de la prune Grenadinecov – Premiers enseignements des essais du CEFEL – Pascale Westercamp et Ghislaine Monteils
L’atmosphère de stockage à l’étude
Au cours de l’essai de 2016, une comparaison de la conservation entre atmosphère contrôlée (AC) et froid normal a été réalisée. Les taux d’oxygène et de CO2 dans l’atmosphère de conservation ont été fixés respectivement à 2 % et 2,2 %. Pour toutes les dates de récolte à l’exception de la plus tardive, l’AC a permis de maintenir un indice Durofel des fruits (mesurant la résistance superficielle à la déformation) plus élevé que le froid normal. Seuls les fruits cueillis à la première date présentaient une fermeté de chair sensiblement plus élevée après stockage en AC. Concernant le taux de sucre, une forte variabilité a été mesurée entre échantillons, ne permettant pas de conclure sur l’impact du mode de conservation. Enfin, l’AC n’a pas permis d’enrayer la dégradation de la chair des fruits pour ce lot précoce. En revanche, pour le lot récolté le 17 août, seuls 32 % des fruits sont devenus vitrescents après sortie à température ambiante contre 100 % pour un stockage en froid normal. A noter que l’essai conduit en 2017, dont les résultats n’ont pas été publiés, confirme un effet positif de l’AC pour limiter l’apparition de vitrescence en conservation et maintenir la fermeté et la texture de la chair.