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Prix des fruits et légumes : que préconise Familles rurales pour lutter contre la baisse de consommation ?

Dans son dernier observatoire des prix des fruits et légumes, l’association de consommateurs Familles rurales note une baisse de 7 % au global de son panier témoin, baisse qu’elle relativise néanmoins au regard de l’augmentation des prix de ces dernières années. L’association propose la mise en œuvre d’un plan « Manger sain » pour lutter contre la baisse de consommation des fruits et légumes. 

La baisse de consommation des fruits et légumes touche même les familles aisées.
© Claire Tillier

L’association de consommateurs Familles rurales a publié pour la 18e année consécutive, son observatoire du prix des fruits et légumes. L’étude montre une baisse de près 7 % du panier fruits et légumes Familles rurales par rapport à l’an dernier. En conventionnel, le prix des légumes baisse de 9 %, celui des fruits de 5 %. Le panier bio lui reste stable (+0,2 %). Pour rappel pour son observatoire, Familles rurales compare le prix de 19 fruits et légumes* : 9 fruits (banane, cerise rouge, citron jaune, fraise ronde, melon de type charentais, pastèque verte, pêche, pomme Golden ou Gala) et 10 légumes et assimilés (aubergine violette, carotte, concombre, courgette longue, haricots verts, laitue verte, oignon jaune, poivron vert, tomate grappe et pomme de terre de type vapeur). La comparaison se fait en conventionnel, puis en bio. 

 

Les achats de fruits et légumes d'été freinés par les températures peu clémentes

La météo avec des températures peu clémentes dans de nombreuses régions et le manque de soleil ont impacté les achats de fruits et légumes dès le début de l'été. Afin d’écouler les stocks qui n’ont pas toujours trouvé preneurs, comme le souligne Familles rurales, « les circuits de vente et notamment la GMS ont multiplié les opérations commerciales ». En résulte des prix attractifs sur certains produits comme la tomate, en fonction du stock à écouler. 

Si cette baisse de prix est une bonne nouvelle pour les consommateurs, Familles Rurales la relativise « au regard de l’augmentation de 25 % observée entre 2021 et 2023 ». Par ailleurs, l’association souligne le « net décrochage » sur 10 ans entre l’évolution du salaire moyen par personne (+ 22 %) et l’augmentation du prix des fruits (50 %) et des légumes (70 %). 

 

Une baisse de consommation des fruits et légumes « inquiétante »

Autre point très important souligné par Familles rurales : la baisse de la consommation des fruits et légumes ces dernières années qu’elle juge « inquiétante ». Dans son rapport, l’association rappelle en effet que 80 % des maladies cardiovasculaires pourraient être évitées en consommant au moins 400 grammes de fruits et légumes par jour et en optant pour une assiette moins grasse, moins salée et moins sucrée. 

En juin dernier, pour respecter le PNNS (Programme national nutrition santé : 400 g de fruits et légumes par jour et par personne, soit l’équivalent de 5 portions de 80 g), une famille de 4 personnes a dû dépenser entre 130 € et 241 € (soit entre 9,3 % et 17,3 % d’un SMIC net mensuel, précise Familles Rurales) sur la base du panier témoin élaboré par l’association.

En ne retenant que les fruits et légumes les moins chers du panier d’été conventionnel de Familles rurales (melon, pastèque, concombres, laitue, tomates), cette famille de 4 personnes aurait dépensé 66 € soit 4,7 % d’un SMIC net (94 € en bio avec les fruits et légumes les moins chers du panier bio : bananes, pastèque, concombres, laitue, carottes). 

 

Une baisse de consommation des fruits et légumes qui touche toutes les catégories sociales

L’observatoire traite du prix des fruits et légumes mais le prix n’est pas le seul responsable de la baisse de la consommation. « Même les ménages aisés qui achètent davantage de fruits et légumes (17 % du total des fruits et légumes alors qu’ils ne représentent que 15 % de la population), ont baissé leur consommation de 8 % en 2023 par rapport à la moyenne de 2020-2022 », souligne Familles rurales.  

 

Acheter français ne coûte plus beaucoup plus cher 

Dans son étude, Familles rurales note aussi que l’écart de prix entre un panier de fruits et légumes 100 % français et un panier mixte avec des fruits et légumes français et d’importation s’est fortement réduit. « Il en coûte aujourd’hui uniquement 3 euros par mois de plus de consommer des produits exclusivement français », illustre l’association. Sans aucun doute une bonne nouvelle pour la consommation, mais une baisse des prix à surveiller néanmoins afin de que le producteur s’y retrouve aussi. 

Lire : Pêches et nectarines : « Nous n’accepterons plus aucune baisse de prix », alerte la FNPF

Afin que tout le monde puisse s’y retrouver, consommateurs comme producteurs et pour permettre aux personnes les plus précaires de pouvoir accéder à une offre correcte en fruits et légumes, Familles rurales propose la mise en place d’un plan « Manger sain ». 

 

Famille rurale milite pour un plan « manger sain » et 6 mesures à prendre d’urgence 

Familles rurales demande aux décideurs politiques d’engager un plan « Manger sain » pour « rendre accessible à tous une alimentation saine » et éviter ainsi d’onéreuses dépenses de santé publique. L’association propose ainsi 6 « mesures d’urgence », quatre à prendre au niveau national et deux au niveau européen.

Les 4 mesures d’urgence à mettre en place au niveau national selon Familles rurales : 

1 - La mise en place sur tout le territoire français d’un bouclier qualité prix (BQC) comme c’est déjà le cas en Outre-mer, et « garantir son accès aux plus précaires via une allocation dédiée ». Dans les territoires ultra-marins, ce dispositif permet de garantir un rapport qualité/prix pour une liste de produits de grande consommation. Les fruits et légumes frais en font partie. 

2 - La transparence sur les marges et la taxation des marges excessives. Familles rurales explique : « Les derniers chiffres de l’Observatoire de la formation des prix et des marges révèlent en effet, qu’en 2021, c’est notamment grâce aux bénéfices du rayon fruits et légumes que la grande distribution a couvert les pertes de son rayon boulangerie-pâtisserie. Pour Familles Rurales, il faut faire l’inverse et « pousser les marges des produits les plus transformés puisque moins bons pour notre santé à la faveur des fruits et légumes dont chacun a besoin quotidiennement et en quantité »

3 - L’abandon des « sur-marges » imposées par la loi (seuil de revente à perte + 10 %) : « Loin d’avoir fait la preuve de son efficacité en termes de meilleure rémunération des producteurs, il pèse lourd sur le pouvoir d’achat des consommateurs », défend Familles rurales.

4 - Une plus grande implication des professionnels de santé dans l’accompagnement des parents. « Si les pères et mères semblent sensibles à l’équilibre nutritionnel des tout-petits, dès l’âge de 3 ans, cette conscience semble s’atténuer dangereusement », argumente l’association qui rappelle qu’un enfant sur 10 seulement consomme les portions de fruits et de légumes recommandées quotidiennement. 

Au niveau européen

5 - L’ouverture aux activités extra-scolaires des financements européens pour promouvoir les fruits et légumes. Ces financements (« Fruits et légumes à l’école ») sont aujourd’hui très peu utilisés par la France car leur utilisation est réduite au seul cadre scolaire, justifie l’association.

 6 - L’interdiction des publicités à destination des enfants faisant la promotion de produits trop gras, trop sucrés, trop salés. A défaut, Familles rurales propose de mettre en place une obligation de promotion d’un fruit ou d’un légume, sur le même support et dans un format équivalent, pour toute promotion à destination des enfants d’un produit transformé. 

 

*Les relevés de prix ont été réalisés du 7 au 22 juin sur 42 départements, dans les hypermarchés, supermarchés, chez les hard-discounteurs et en magasins spécialisés bio.

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