Aller au contenu principal

Pomme : pourquoi les pépiniéristes français font face à une concurrence croissante sur les plants

Comme les arboriculteurs, les pépiniéristes français sont de plus en plus confrontés à la concurrence de plants de pommier venus de l’étranger, notamment des pays de l’Est.

La consurrence sur le marché du plant est amplifiée par le report de plantation et la multiplicité des origines de plants (photo d'archive).
© G. Dubon

Après une année 2022 catastrophique, la campagne 2023 en pomme s’est mieux passée pour les producteurs français, tant en volume qu’en qualité. La crise qui les a touchés a toutefois mis à l’arrêt de nombreux projets de développement, ce qui entraîne aujourd’hui une crise chez les pépiniéristes français. « Les projets de plantation prévus pour 2022-2023 ont été reportés en 2023-2024, voire en 2024-2025 ou 2025-2026 », constate Philippe Toulemonde, gérant des pépinières Toulemonde. S’y ajoute une concurrence croissante sur les plants comme sur les pommes de certains pays de l’Est (Serbie, Croatie, Moldavie, Albanie…), liée notamment aux faibles coûts de la main-d’œuvre et donc aux faibles coûts de production dans ces pays. « En France, la main-d’œuvre représente 80 % du coût de production des plants, rappelle Philippe Toulemonde, ce qui influe sur le prix des arbres. »

Un problème encore renforcé par le développement des plants double axe, plus coûteux à produire, et des nouveaux porte-greffes, également plus onéreux. « L’utilisation d’un porte-greffe de la gamme Geneva augmente le prix d’un plant de 1 € », évalue Benoît Escande, gérant des pépinières Escande. S’y ajoute la guerre en Ukraine qui a stoppé les flux de vente de plants des Pays-Bas ou d’Italie vers les marchés russes, ukrainiens et plus globalement des pays de l’Est, amenant les pépiniéristes italiens et hollandais à se tourner davantage vers le marché français. « Nous devons mettre en avant la qualité des plants français et la proximité et les arboriculteurs doivent jouer le jeu de la production française comme ils le demandent aux distributeurs et aux consommateurs », estime Philippe Toulemonde.

Des contrefaçons sur les variétés

À cela s’ajoute, selon certains pépiniéristes, une concurrence déloyale de la Serbie, la Croatie, la Moldavie, l’Albanie… liée à des contrefaçons sur les variétés. « L’Italie a vendu des millions de pommiers à ces pays qui les multiplient aujourd’hui à des prix imbattables, grâce au faible coût de main-d’œuvre et sans aucune protection des variétés, s’agace Benoît Escande. Et ces pays plantent massivement pour exporter au Moyen-Orient, dans les pays de l’Est et bientôt en Europe de l’Ouest. Il y a une concurrence déloyale, tant pour les créateurs de variétés que pour les arboriculteurs français ou italiens qui doivent planter des arbres plus coûteux du fait de la fatigue des sols, alors que ces pays plantent des arbres moins chers parce qu’ils ont des terres vierges et qu’ils multiplient leurs arbres sans respect des variétés protégées. » Les obtenteurs français, espagnols et italiens se sont donc rapprochés de la Sicasov, société coopérative ayant pour mission de gérer les droits de propriété intellectuelle détenus par les créateurs de variétés végétales. « Nous leur avons demandé de faire cesser cette concurrence déloyale qui met un frein à l’évolution variétale », indique Benoît Escande.

Les plus lus

remise de trophées sur le stand des Pommes et poires françaises sur le salon de l'agriculture 2025
Salon de l’Agriculture : qui est l’enseigne qui soutient le mieux les producteurs français de pommes et de poires ?

L’Association Nationale Pommes Poires ANPP a décerné pour la 3 année ses Trophées « Partenaires Engagés pour la Filière Pommes…

Salon de l’Agriculture 2025 : la vanille bretonne à la rencontre des Français

Sur le salon de l’Agriculture, les producteurs bretons font découvrir au public leur vanille. L’occasion aussi d’échanger avec…

Caisse de melons de Cavaillon avec un logo IGP apposé sur l'image
Le melon de Cavaillon enfin IGP : qu’est-ce que cela va changer pour les producteurs et le commerce ?

Le melon de Cavaillon bénéficie désormais d’un indication géographique protégée (IGP). La Commission européenne a rendu…

drapeau espagnol à la forme du pays; et un sac kraft débordant de fruits et légumes
Fruits, légumes et pommes de terre : en 2024 l’Espagne a dépassé le million de tonnes importées depuis la France

La France a exporté plus d'1 million de tonnes de fruits et légumes frais en Espagne en 2024. Elle est de loin le premier…

Intervenants à une table-ronde sur les perspectives du marché de la pomme de terre à 2030.
AG 2025 de l’UNPT : « Il ne faut pas devancer la demande si l’on veut conserver une rémunération de la pomme de terre »

Le syndicat des producteurs de pommes de terre a mis en débat les perspectives du marché à horizon 2030 et les opportunités de…

les producteurs de bananes des antilles sur leur stand au salon de l'agriculture
Banane de Guadeloupe et Martinique : « En 2025 beaucoup de planteurs parmi nous vont malheureusement disparaître. Je pèse mes mots »

Sur le Salon de l’Agriculture les producteurs de l'UGPBAN ont à nouveau alerté des dangers auxquels la filière banane fait…

Publicité
Titre
Je m'abonne
Body
A partir de 96€/an
Liste à puce
Accédez à tous les articles du site filière Fruits & Légumes
Profitez de l’ensemble des cotations de la filière fruits & légumes
Consultez les revues Réussir Fruits & Légumes et FLD au format numérique, sur tous les supports
Ne manquez aucune information grâce aux newsletters de la filière fruits & légumes