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Pomme : lutter contre les pucerons sans les néonicotinoïdes

Contre les pucerons cendrés, l’acetamipride, substance active de la famille des néonicotinoïdes était jusqu’en 2018, largement utilisé. Avec sa suppression, plusieurs stratégies ont été développées, chacune avec ses contraintes.

Une fois les feuilles enroulées par les pucerons, les matières actives de contact comme l'azadirachtine sont moins efficaces contre ce ravageur.
© SudExpe

Le retrait des insecticides de la famille des néonicotinoïdes en 2017, effective en septembre 2018, a supprimé une molécule jusqu’alors très utilisée dans la lutte contre le puceron cendré du pommier : l’acetamipride. Plusieurs stratégies ont été testées dans le réseau national d’expérimentation du CTIFL et des stations régionales afin de trouver des alternatives, soit avec d’autres produits en conventionnel soit en intégrant l’azadirachtine utilisable en bio. « La solution utilisée par les producteurs en production intégrée consiste à remplacer, au printemps, le duo de référence acetamipride (Supreme) en préfloraison et flonicamide (Teppeki) en postfloraison, par le programme Teppeki en préfloraison et spirotétramate (Movento) en postfloraison », indique Bertrand Alison du CTIFL. Cette solution alternative a une efficacité équivalente à la référence sur les trois stations où elle a été testée (Sud-est, Sud-ouest et Val de Loire).

 

 

Le Movento est un produit spécifique puceron et cochenille qui ne peut s’appliquer qu’en postfloraison. Ce produit est cependant plus difficile à placer que les néonicotinoïdes car il a besoin de conditions météorologiques favorables à la croissance végétative du verger pour atteindre sa pleine efficacité, note l’ingénieur. « En 2018 et 2019, où les conditions du printemps ont été moins favorables pour ce produit dans le Sud-est, certains producteurs ont dû attendre deux semaines avant de voir l’effet de leur traitement sur les pucerons », rapporte l’ingénieur. L’un des désavantages de cette stratégie est le risque de présence de résidus par l’utilisation du Teppeki. Bien qu’étant un produit spécifique puceron efficace et peu impactant sur la faune auxiliaire, il peut être détecté dans les analyses de résidus à la récolte. D’autant plus lorsqu’il est positionné tardivement.

Une efficacité légèrement moindre de l’azadirachtine

Autre piste explorée, celle de l’azadirachtine. Cette molécule est utilisable en agriculture biologique, mais toujours sous réserve de l’obtention d’une dérogation comme depuis plusieurs années. De nombreux essais sur les différentes stations expérimentales (Sud-est, Sud-ouest et Val de Loire) ont testé cette molécule soit avec deux applications encadrant la floraison, soit en postfloraison avec un Teppeki en préfloraison, en comparaison avec des références de synthèse : Teppeki + Movento ou Supreme + Teppeki. « La majorité des essais ont montré une efficacité équivalente à la référence. Toutefois dans certains cas de forte pression de pucerons, les résultats sont inférieurs pour limiter la fréquence de présence de foyers », continue le technicien. Dans le cas où l’azadirachtine a été positionnée trop tôt, au stade C3-D, son efficacité a été faible. « Ce produit se positionne juste avant et juste après la floraison, précise l’expérimentateur. Mais attention à ne pas le positionner trop tard. Comme il s’agit d’un produit de contact, toxique par ingestion, il est inefficace sur les feuilles déjà enroulées par les pucerons. » Certaines années à forte pression comme en 2019 sur le site de SudExpé Marsillargues, la stratégie à base d’azadirachtine seule a permis de limiter l’intensité des attaques mais pas la fréquence des foyers. Parmi les produits sous dérogation contenant cette matière active, NeemAzal et Oïkos ont montré des efficacités identiques. Rappelons que cette molécule a un impact sur les abeilles. Ce qui explique qu’elle ne peut pas être utilisée pendant la durée de la floraison.

Une stratégie avec huiles seules plus risquée

« Pour éviter un traitement, nous avons aussi testé des stratégies avec exclusivement des applications d’huiles jusqu’en préfloraison. La première application est à la dose maximale homologuée, la deuxième, voire la troisième application est à demi-dose », reprend le spécialiste. Les essais montrent qu’elles ont une bonne efficacité au moment où elles sont appliquées. Mais elles ne suffisent pas à contrôler les populations en post-floraison. L’huile étant un produit de contact, elle n’est pas efficace sur feuilles enroulées. « C’est une stratégie plus risquée qui nécessite de bien connaître son verger et l’historique des pressions car il n’est pas toujours évident de maîtriser les populations de pucerons en post-floraison », nuance le technicien. Il souligne aussi le fait qu’une seule application par spécialité commerciale d’huile n’est possible par an.

Un projet pour aller plus loin

Le CTIFL avec les stations d’expérimentation sur le pommier (La Morinière, La Pugère, SudExpé, le Cefel et les vergers de Poisy), ainsi que l’Inra d’Avignon élaborent un projet en 2020 pour combiner un ensemble de solutions alternatives aux stratégies phytosanitaires. « L’objectif serait de tester à l’échelle du verger, des stratégies utilisant des produits de biocontrôle et des infrastructures agroécologiques, détaille Bertrand Alison, CTIFL. Nous voulons travailler notamment avec des plantes de services, répulsives des pucerons ou attractives des auxiliaires. » Certaines espèces de basilic, de romarin ou encore de tagètes ont ainsi montré en laboratoire un effet répulsif sur les pucerons ou un effet d’altération de leur fécondité. Plusieurs dispositifs de ces plantes de services seront testés : autour de la parcelle, dans l’inter-rang, sur le rang. Leur efficacité, leur possible concurrence avec les fruitiers et leur viabilité au sein du verger seront aussi évaluées. « Dans ces essais systèmes, nous prévoyons de mesurer l’impact de la prise de risque au cours du temps et de déterminer les facteurs favorisant ou freinant la mise en place des stratégies alternatives », ajoute l’ingénieur. Des essais sur des préparations naturelles à base de plantes se feront en parallèle. Les extraits les plus efficaces pourront s’ajouter aux solutions testées sur le système.

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