Pomme : des préparations naturelles non préoccupantes contre la tavelure
Des préparations faisables à la ferme à base de plantes sont testées dans un travail exploratoire à la station de la Morinière, pour réduire la pression tavelure en verger de pommier.
Des préparations faisables à la ferme à base de plantes sont testées dans un travail exploratoire à la station de la Morinière, pour réduire la pression tavelure en verger de pommier.
La station expérimentale de la Morinière (37) explore depuis deux ans la piste des préparations naturelles peu préoccupantes (PNPP) pour diminuer la pression tavelure et puceron en verger de pommier. Après une recherche tant dans la bibliographie scientifique que populaire, plusieurs préparations ont été sélectionnées. « Contre la tavelure nous avons testé en 2018, un mélange d’huiles essentielles d’origan et de clou de girofle, une décoction de racine d’ortie, une infusion d’un mélange de feuilles de serpolet de sureau et de clou de girofle et une décoction des parties ariennes de prêle, témoigne Anne Duval-Chaboussou, ingénieure d’expérimentation CTIFL. Ces préparations ont été testées en verger et in vitro sur une suspension de conidie. »
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Les résultats obtenus ont permis de sélectionner pour 2019 le mélange d’huiles essentielles et celui de plantes en infusion. Ont aussi été testés cette année une macération à froid d’écorce de chêne et le produit Kanne Brottrunk®, un produit à base de bactéries lactiques, obtenu par la fermentation en cuve durant huit mois de pain complet au levain élaboré à partir de blé, de seigle et d’avoine. Les préparations ont été testées sur tavelure primaire en mélange avec des demi-doses de cuivre (150 g de Cu métal/ha) et de soufre (5 kg/ha). Elles ont été comparées à la référence cuivre+soufre. « Nous avons observé des tendances cette année en verger sur les comptages sur pousses et sur fruits avec le mélange d’huile essentielle d’origan et de clou de girofle, la macération d’écorce de chêne et le Kanne, qui pourraient améliorer l’efficacité des traitements antifongiques », indique l’expérimentatrice. En laboratoire, les préparations ont été appliquées sur des spores en boîte de Petri, afin de voir leur effet biocide. Le mélange d’huiles essentielles est ressorti. Ce travail exploratoire sera continué dans les années à venir.
Anne Duval Chaboussou, ingénieure d’expérimentation CTIFL, détachée sur la station de la Morinière
« La macération à froid dans l’alcool semble la plus efficiente »
« Le concept de préparation naturelle peu préoccupante (PNPP) a été défini en 2006. Une PNPP est constituée soit de substance de base (liste de 20 substances à ce jour), soit de substances naturelles à usage de biostimulant qui recouvrent 148 plantes libérées (en vente libre). Cette préparation ne peut être obtenue que par un procédé accessible à tout utilisateur final. Cela signifie que la plante doit être disponible sur l’exploitation du producteur et que celui-ci doit pouvoir obtenir la préparation facilement, soit par macération, soit par infusion, soit par extrait fermenté, soit par distillation à la vapeur. L’extraction ne peut se faire qu’à base d’eau ou d’alcool. Un gros travail fait cette année a été de déterminer le mode d’extraction le plus rentable d’un point de vue technico-économique. Nous avons testé des macérations à froid dans de l’eau ou de l’alcool pendant trois, sept ou quinze jours de plantes en poudre ou brutes. Sur la macération pendant quinze jours, nous avons testé la macération dans le même solvant ou avec changement de solvant au bout de sept jours. L’option généralement la plus optimum est la macération alcoolique pendant sept jours : c’est la méthode la moins chère qui permet d’extraire le plus de résidus secs. Le résidu sec est ce qui est obtenu après évaporation du solvant. La quantité de résidu sec est généralement liée à la quantité de principes actifs obtenus dans la préparation. »