Normandie : sur les bords de Seine, les sablières concurrencent le maraîchage
Dans l’Eure, la coopérative légumière Crimart fait face à la pression foncière exercée par les sablières qui rongent inexorablement de bonnes terres maraîchères, à laquelle il faut ajouter un zeste d’urbanisation.
Dans l’Eure, la coopérative légumière Crimart fait face à la pression foncière exercée par les sablières qui rongent inexorablement de bonnes terres maraîchères, à laquelle il faut ajouter un zeste d’urbanisation.
Yves Labiffe, président de la Crimart, contraction du patronyme de deux communes (Criquebeuf-sur-Seine et Martot) dans l’Eure, tient le manche de cette coopérative légumière créée en 1961. Mais pour maintenir le cap et garder une dynamique de développement, les adhérents de la Crimart doivent faire face depuis plusieurs années aux contraintes foncières. En effet, sur les bords de Seine, les carrières rachètent les terres agricoles pour en extraire le sable. « On ne peut pas lutter. C’est un peu le pot de terre contre le pot de fer », témoigne le responsable professionnel et producteur de poireaux.
Des adhérents en Seine-Maritime et dans le Calvados
Exemple concret avec ce site de 22 ha situé à quelques centaines de mètres de parcelles de légumes. « Début de l’exploitation en 2017 pour une restitution du site réaménagé en 2026 », peut-on lire sur un panneau explicatif. Passe encore avec une forêt qui redeviendra forêt (avec de nouvelles essences), mais certainement pas pour une excellente terre agricole vidée de son substrat. « Ce sont autant d’hectares qui vont perdre définitivement leur vocation nourricière. L’activité légumes en plein champ sur ces bords de Seine est donc en péril », s’inquiète-t-il.
L’autre difficulté, c’est la proximité de Paris et de Rouen avec l’A13 en guise de cordon circulatoire. Criquebeuf-sur-Seine et Martot n’ont pas eu à attendre l’épisode sanitaire pour voir pousser l’habitat « rurbain » ainsi que des zones artisanales ou industrielles. Pas étonnant donc que la Crimart ait poussé ses frontières géographiques coopératives pour attirer de nouveaux adhérents. La coopérative légumière compte désormais des adhérents en Seine-Maritime et dans le Calvados.
Pas question pour autant de tomber dans la sinistrose car la demande est là. Les grossistes et les centrales d’achat de la grande couronne parisienne viennent faire leur marché à la Crimart. Chantal Prot, directrice de la coopérative, les connaît tous sur le bout des ongles et gère la mécanique pour répondre au quotidien à leurs attentes. « Les grossistes et les centrales d’achat sont corrects avec nous. Ils font preuve d’une bonne qualité d’écoute. Beaucoup d’enseignes ont compris qu’il fallait des producteurs de proximité pour fournir les rayons en produits frais », se satisfont les deux responsables.
Le prix à payer : de la souplesse et une logistique sans faille. « Une salade cueillie à la lampe à 5 h du matin arrive à la coopérative à 9 h. Vers 10-11 h, le client est livré », précise la directrice. Derrière cette performance, il faut de la main-d’œuvre mais là aussi le bât blesse. « On manque de bras. On voit des saisonniers démarrer leur contrat le matin, mais ne pas réapparaître à 14 h ! Et contourner l’obstacle par la mécanisation nécessite des investissements très lourds », conclut Yves Labiffe.