Myrtille : comment résister au gel de printemps
La culture de myrtille souffre régulièrement de pertes de production dues au gel de printemps. Une note de synthèse du CTIFL rassemble les connaissances sur sa résistance au gel en fonction des stades physiologiques et des variétés.
La culture de myrtille souffre régulièrement de pertes de production dues au gel de printemps. Une note de synthèse du CTIFL rassemble les connaissances sur sa résistance au gel en fonction des stades physiologiques et des variétés.
Le gel de printemps est l’une des causes principales de fluctuation de récolte de la myrtille. En 2021, les volumes de myrtille produits en France ont été impactés à plus de 30 % (400 tonnes sur les 2 000 tonnes estimées). Les deux grandes zones de production, en volume que sont les Landes et le Val de Loire, ont été particulièrement touchées (plus de 60 % de pertes sur certaines exploitations). Une note de synthèse du CTIFL publiée en septembre 2022 présente l’état des connaissances de la sensibilité des variétés de myrtille face au gel. « La résistance au gel des différentes variétés de myrtille est un sujet qui devient de plus en plus préoccupant au vu de l’augmentation de la fréquence des gelées printanières à des périodes tardives de l’année sur le territoire français notamment en avril », indique la note de synthèse qui présente également les différentes typologies de gel (advection et radiatif), ainsi que les méthodes de protection antigel.
Suivant le stade phénologique et l’intensité du gel, les cultures de myrtille peuvent subir d’importants dégâts qui vont jusqu’à la destruction totale de la production de l’année dans les cas les plus graves. Les dégâts sont très variables d’une variété à l’autre, mais également d’une année à l’autre. En effet, les variétés peuvent avoir des phénologies décalées, la date et la durée de la floraison d’une variété donnée varient d’une année à l’autre en fonction de la climatologie de l’automne et de l’hiver précédents.
Certaines variétés plus sensibles que d’autres
La résistance au gel de la myrtille dépend avant tout de son stade phénologique : les floraux sont les stades les plus sensibles. La résistance du stade phénologique dépend de la concentration en différents sucres dans la plante. Les stades floraux arrivent généralement en avril/début mai suivant la variété, une période où des gelées nocturnes peuvent encore apparaître et causer des dégâts importants. La précocité du débourrement des variétés est donc un caractère important qui conditionne le stade au moment des gelées. Il est ainsi impératif de bien connaître les stades afin de prévenir les dégâts de gel. À stade phénologique équivalent, certaines variétés sont plus sensibles que d’autres.
Pour diminuer l’impact du gel, la note de synthèse du CTIFL mentionne deux approches envisageables : « Choisir des variétés dont la période de sensibilité maximale des fleurs et des jeunes fruits ne coïncide pas avec la période de haut risque du gel » et « augmenter le niveau de résistance des bourgeons, des fleurs et des jeunes fruits aux températures négatives par, notamment, des moyens de lutte active » (voir encadré).
Les données présentes dans le tableau ci-dessous représentent les tendances des variétés du groupe des Northern Highbush, les plus cultivées en France, à supporter le froid principalement durant la période printanière. Elles sont basées sur de multiples observations variétales dans différentes régions du monde. Les variétés sont regroupées en trois catégories : très résistantes, moyennement résistantes et peu résistantes face au gel.
Le stade phénologique n’est pas la seule cause
Des variétés comme Duke, Bluecrop ou encore Elliott ressortent parmi les plus résistantes au gel, tandis que Blueribbon ou Brigitta Blue semblent être plus sensibles. « Ces résultats se basent sur des observations en plein champ réalisées suite à différents épisodes de gels. Ainsi, les résistances des variétés sont à relativiser avec leurs stades d’avancement au moment des gelées, la durée de ces dernières ou encore le contexte pédoclimatique de la parcelle », précise la fiche de synthèse. D’autres études permettent d’identifier que le stade phénologique au moment du gel n’est pas la seule cause de sensibilité. Ainsi, en 2001, une étude réalisée en Pologne a relevé le stade et le pourcentage de fleurs impactées. Lateblue est la variété la moins impactée, mais aussi la moins avancée au moment du gel. Darrow est quant à elle très impactée par le froid, au même niveau que Patriot, bien qu’elle soit à un stade légèrement moins avancé. Bluecrop est également autant impactée que Earliblue bien qu’elle soit à un stade moins avancé.
Une étude réalisée en 1987 dans le Michigan a été reprise en 2018. Elle fait état du stade de développement des différentes variétés et des impacts du gel sur les fleurs. Dans cette étude, la variété Elliott est la moins impactée bien que son développement soit légèrement plus précoce que la moyenne. La variété Lateblue, qui est la plus précoce, est également peu impactée. Darrow est une nouvelle fois une variété très impactée malgré un stade de développement moins avancé que Earliblue. « L’impact du gel est donc très varié selon les situations climatiques, les variétés et le stade de développement, résume la note de synthèse du CTIFL. Les informations sur la résistance des plants sont encore trop peu nombreuses. Des essais en laboratoire pourraient permettre d’obtenir des données précises sur les résistances des variétés, comme cela a pu être fait sur d’autres espèces fruitières. »
4 moyens de lutte antigel active
• Brassage d’air (tour antigel, hélicoptère, convecteur) : permet d’éviter l’inversement de température en brassant l’air froid qui s’accumule en bas avec l’air chaud des couches supérieures. Ne fonctionne qu’en l’absence de vent. Peut causer des nuisances sonores. Peu de main-d’œuvre nécessaire.
• Aspersion : le changement d’état de l’eau en glace produit de la chaleur, ce qui crée une couche protectrice exothermique autour de la plante. Attention au poids de la glace qui peut devenir trop important pour les rameaux si le gel persiste.
• Chauffage au sol (bougies, bûches, turbine tractée, etc.) : permet de créer des points de chaleur dans la parcelle afin de faire remonter la température localement (+2 à 2,5 °C). Besoin en main-d’œuvre importante.
• Drone (en attente de résultat) : une expérimentation de 2018 a tenté de développer un drone automatisé pour brasser l’air (méthode hélicoptère) et de le combiner avec un petit réchaud en cas de fort gel.
Les différentes espèces de myrtille