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Prévisions de plantation
[Medfel 2022] : Filière melon en crise, pourquoi la France réduit fortement ses plantations ?

Très légère baisse au Maroc, baisse en Espagne et des pertes historiques en France : les prévisions de plantations de melon ont mis l'accent sur une campagne à venir incertaine et surtout sur une filière française en réelle crise. L'AIM a débattu sur le plateau de Medfel des raisons et des solutions à cette crise.

Une baisse hitorique des plantations de melon est prévue en France.
© Réussir

Avec le retour du salon Medfel, les prévisions de plantation de melon en France, en Espagne et au Maroc ont à nouveau plu avoir lieu « en vrai ».

Avec une très légère baisse au Maroc, une baisse en Espagne et des pertes historiques en France (en particulier dans le Sud-Ouest), et dans le contexte météorologique et international que l’on connaît, la campagne 2022 de melon se révèle très incertaine, selon les témoignages de l’AIM, l’association interprofessionnelle du melon, avec son animatrice Marion Mispouillé, sa présidente Myriam Martineau et Jérôme Jausseran, responsable communication.

L’AIM a présenté le 27 avril sur Medfel les résultats de son enquête annuelle de prévision de plantation, « des résultats à prendre avec des pincettes », a rappelé à plusieurs reprises Marion Mispouillé, tant le melon est météo-sensible en production et en consommation et les données datant d’il y a un mois. « Les plantations françaises ne sont pas encore finies et la météo peut encore faire évoluer la finalité française mais aussi espagnole », résume-t-elle.

 

Au Maroc, Marrakech très touchée par la météo

Au Maroc, les prévisions sont légèrement à la baisse à 1 410 ha (-75 ha), principalement sur la région de Marrakech, qui totalise 950 ha (dont 49 % sous serre et une majorité de charentais vert). Les autres régions devraient atteindre 120 ha sur Kenitra (stable, majorité de charentais jaune), 140 ha sur Agadir (stable, charentais vert) et 200 ha sur Dakhla (stable, charentais vert).

« Marrakech a été très touchée par la sécheresse en janvier-février, et des pluies et un manque d’ensoleillement en mars. La campagne n’est ni tardive ni précoce, il y aura moins de volume sur mai qu’en avril. Des difficultés logistiques accrues sont à noter, tant sur la disponibilité des camions que sur la hausse des coûts du transport », résume Marion Mispouillé. Jérôme Jausseran évoque la pression et la concurrence inter-produit avec la pastèque, de plus en plus plantée.

A date, 90 % des récoltes ont été faites, ne reste que le plein champ de Marrakech et la zone de Kenitra (qui devrait finir fin mai).

 

Des pluies diluviennes en Espagne qui retarde la campagne

En Espagne, la baisse est notable et encore ! Les chiffres ne tiennent pas compte de la météo des dernières semaines, avec des précipitations depuis le 15 mars jamais vues, plus de 600 mm sur Carthagène. La perte d’hectares n’est pas encore chiffrée, des retards en plantation voire des arrêts sont à noter.

Les prévisions tablent sur 4 000 ha de plantation (au moins -800 ha soit -16 %), dont 3 100 ha sur Murcia Alicante (-800 ha soit -20 %, majorité de charentais jaune) ; 300 ha sur Almeria (stable, charentais vert) ; 450 ha sur Séville (stable, charentais jaune) ; et 150 ha pour les autres régions d’Espagne (stable, charentais vert).

La principale zone de production, Murcia Alicante, est aussi la plus touchée par les précipitations. « Les surfaces étaient déjà en baisse en 2020-2021 à cause du gel et je pense que cela sera encore pire cette campagne », estime Marion Mispouillé. Les producteurs de la région ont la volonté d’aller davantage sur les variétés précoces (février-mars) et moins sur le melon tardif, afin d’éviter les chocs d’origines avec la France. « C’est une tendance que l’on a revue cette année mais freinée par les mauvaises conditions météorologiques qui ont compris les plantations et causé du retard dans les nouaisons. Les volumes devraient être confidentiels pour le mois de mai », analyse Marion Mispouillé. La zone de Carthagène, la plus importante, ne devrait pas avoir de volumes avant le 20-25 juin, selon Jérôme Jausseran.

 

France : baisse historique, arrêt par les leaders, une vraie crise

Enfin, en France, la baisse historique prévue reflète la « vraie crise de la filière melon, dénoncée dès 2016 mais on ne nous a pas écoutés », selon les regrets de Jérôme Jausseran. C’est le pays qui accuse la plus forte baisse de surfaces en 2022, -10 %, avec des prévisions à 10 400 ha (-1 250 ha) dont 8 % de bio (pour la première fois dans les prévisions).

Le Centre-Ouest, avec l’arrêt d’un des leaders, Soldive, accuse les plus fortes pertes, à 2 700 ha (-800 ha). Le Sud-Ouest prévoit 2 300 ha (-100 ha) et le Sud-Est 5 400 ha (-250 ha) dont 430 ha de serres (stable). « Quelques hausses locales n’ont pas compensé les baisses de plus gros producteurs et l’arrêt total de Soldive, opérateur majeur », résume Marion Mispouillé. Les autres régions françaises seraient stables, avec une centaine d’hectares.

L’AIM a dénoncé une nouvelle baisse historique, après la forte baisse de 1 000 ha en 2020 -conséquence de l’arrêt de production de Rouge Gorge en 2019. Comme l’année dernière, le gel a pu avoir des effets ponctuels selon les parcelles.

« Plus de 4 000 ha perdus en 12 ans ! C’est un tiers de la surface, regrette Myriam Martineau. Et en trois ans, deux opérateurs majeurs, Rouge Gorge puis Soldive, qui arrêtent la production : c’est un signal fort et alarmant pour une filière de perdre ses leaders. »

 

Une crise économique mais pas de désamour du consommateur : le melon toujours plébiscité

« On se remettrait en question s’il y avait une déception qualitative. Mais la cause est économique et non pas de consommation », analyse Jérôme Jausseran. Selon l’étude consommation du CTIFL faite sur la campagne 2020, le taux de satisfaction est de plus de 90 % ! Le melon reste l’un des produits d’été préférés des consommateurs, attendu et reconnu. »

« Mais nous n’avons pas su communiquer sur l’image prix de notre produit face à ses coûts de production, regrette Jérôme Jausseran. Même les enseignes reconnaissent que l’été c’est le melon qui est le produit image-prix et qui tire les promotions. Il faut que l’on travaille sur combien vaut le melon et sur combien il doit être vendu. »

D’autant plus que selon cette étude du CTIFL, il existe une fourchette de prix d’acceptabilité par le consommateur, autour de 2,50 € en moyenne (entre 2 € et 3 € pièce). Il y a même un prix de défiance (sous les 1€ pièce, le consommateur se détourne du produit par crainte d’une qualité insuffisante). « Il existe donc une fenêtre d’action avec un prix satisfaisant pour tous », revendique Myriam Martineau.

 

Tendances en production : concurrence des céréales et fin de la diversification ?

Aujourd’hui, dans le contexte international, la concurrence entre cultures est forte et les producteurs de melons peuvent être tentés de basculer sur la céréale, plus rémunératrice et dont les prix sont fixés très à l’avance.

La tendance à la diversification et au bio, que l’on observait depuis quelques années, semble être stoppée et les opérateurs se recentrent sur le charentais. Les melons de diversification et la pastèque n’ont en effet pas trouvé de débouchés en 2021, en raison de la concurrence, notamment espagnole, déjà bien implantée, et d’une campagne 2021 très touchée par la météo (la consommation de cette catégorie de produits étant hyper météo-sensible).

 

Plan de communication 2022 de l’AIM

L’AIM, association interprofessionnelle du melon, regroupe 300 opérateurs producteurs et metteurs en marché et 70 % des volumes de melon origine France mis en marché. La communication 2022 ambitionne de « donner envie de consommer le melon et de multiplier les usages et les occasions de consommer, en mettant en avant l’humain et le savoir-faire ». Par exemple, rappeler que le melon se récolte à la main !

Premier point : la stratégie digitale est à nouveau un axe fort avec une présence marquée sur les réseaux sociaux (Facebook, Instagram et Pinterest) avec des publications régulières et des événements. L’AIM prévoit ainsi un jeu concours lors de la deuxième quinzaine de juillet et dot les modalités restent à fixer selon le profil de la campagne ; la création de recettes illustrées ; l’intervention de trois influenceuses à différents moments de la campagne ; l’utilisation des contenus créés en 2021 (photos, recettes, vidéos) ; et le dispositif de communication de crise exceptionnelle mis en place en 2021 (campagne radio de juillet, publicité digitale sur les applications météo…).

Deuxième point : la création d’un poster “comment choisir un melon”.

Troisième point : des publicités digitales sur les applications météo avec un message adapté en fonction du temps (du jeudi au dimanche de mi-juillet à mi-août).

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