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Europe
L’Europe a la pêche

Avec un peu plus de trois millions de tonnes, la prévision de récolte européenne retrouve un niveau proche de l’optimal.

LE POTENTIEL FRANÇAIS est en retrait par rapport à la moyenne des cinq dernières années.

Avec 3,066 millions de tonnes, la production européenne de pêches rondes, plates et de nectarines enregistre une progression de 11 % par rapport à 2016 et de 6 % par rapport à la moyenne 2011-2015. L’annonce faite lors de la rencontre professionnelle pêche-nectarine mi- mai à Montpellier resitue cette production à un niveau proche de l’optimal. Même constat du côté des pavies dont les estimations tablent sur quelque 827 000 tonnes.

Après une campagne 2016 déficitaire, l’Europe renoue donc avec des volumes de production importants liés à des conditions météorologiques hivernales et printanières globalement favorables dans tous les pays. Ce fut notamment le cas en Grèce où il faut remonter cinq ou six ans en arrière pour retrouver un tel niveau de production. Avec 390 000 tonnes de pêches et nectarines et 439 000 tonnes de pavies, le verger grec va enfin exprimer son potentiel optimal. Le retour à la normale, c’est aussi le cas pour l’Espagne qui table sur une récolte en augmentation de près de 10 % par rapport à 2016 sur les différentes espèces.

L’Espagne prend le pas sur l’Italie

Il résulte qu’avec 1,51 million de tonnes attendues en 2017 dont 305 000 tonnes de pavies et 314 250 tonnes de pêches plates, l’Espagne devance l’Italie et se hausse à la première place du podium européen. Malgré un potentiel de production estimé à la hausse dans les différentes espèces par rapport à la campagne précédente, l’Italie table sur 1,34 million de tonnes dont 78 130 tonnes de pavies. Un volume global en retrait de 11 % par rapport à la moyenne des cinq dernières années lié notamment à une régression de son verger. A contrario, le développement du verger espagnol porte désormais ses fruits. En 2017, les prévisions catalanes tablent effectivement sur des volumes de pêches plates supérieurs à ceux des pêches rondes. Au total, la production espagnole de pêches plates devrait être très supérieure à la production française de pêches et nectarines. Avec près de 210 000 tonnes, le potentiel français affiche certes une progression de 4 % par rapport à 2017 mais est en fort retrait par rapport à la moyenne des cinq dernières années. Un recul lié à une baisse structurelle des surfaces de son verger… « qu’une nouvelle dynamique de plantation serait sur le point d’enrayer », a indiqué Bruno Darnaud, président de l’AOP pêche et abricots de France.

« Il faut sortir de cette logique de latifundio »

« En 2016, malgré une fluidité du marché et une récolte moyenne, les prix sont restés bas tout au long de la campagne. Je suis très préoccupé pour cette nouvelle saison », indique David Borda, responsable du secteur Fruits de la coordination des organisations des agriculteurs et éleveurs de Catalogne (Coag). Il dénonce un problème structurel de mise en marché qui pourrait se traduire par de graves difficultés pour les producteurs espagnols et, plus largement, européens. « Je m’inquiète de l’attitude des usines à pêches espagnoles et italiennes souvent financées par des capitaux externes à l’agriculture qui, en réalité, se comportent comme si elles produisaient des boulons en privilégiant les volumes à la qualité. Nous sommes dans une logique de latifundio où les metteurs en marché sont totalement déconnectés du problème qualitatif », poursuit-il. Outre l’absence de stratégie commerciale, David Borda pointe du doigt la baisse de consommation intimement liée, de son point de vue, à cette logique au sein de laquelle le goût n’a plus sa place. « Tant que 60 à 80 % des fruits commercialisés n’auront pas de goût comme c’est le cas actuellement, la consommation n’augmentera pas en Europe », termine-t-il.

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