Les pommes grossissent plus la nuit jusqu'à fin août
L’observation du grossissement de pommes heure à heure avec un dendromètre posé sur un fruit a permis à l’entreprise Agroressources de constater des plages horaires de grossissement préférentielles. Des plages horaires qui évoluent au cours de la saison et selon les variétés.
L’observation du grossissement de pommes heure à heure avec un dendromètre posé sur un fruit a permis à l’entreprise Agroressources de constater des plages horaires de grossissement préférentielles. Des plages horaires qui évoluent au cours de la saison et selon les variétés.
Obtenir des pommes de bon calibre au moment de la récolte est un des enjeux des pomiculteurs à chaque saison. Usuellement, la mesure du grossissement est faite au pied à coulisse chaque semaine de juin à la récolte, sur un échantillon de fruits marqués. L’utilisation d’un dendromètre connecté placé sur un fruit judicieusement choisi permet de faire ce travail de façon automatique et d’avoir des données au jour le jour et même à l’heure. « Une pomme a un grossissement journalier en moyenne de 0,60 mm en juin puis ce grossissement a tendance à décroître pour atteindre moins de 0,10 mm/jour à l’approche de la récolte », résume Nathalie Broussard, d’Agroressources.
Cette entreprise suit certains vergers de ses clients avec cet outil et possède dix ans de données issues de 15 capteurs fruits sur des vergers de Rosy Glow principalement, mais aussi de Gala, Juliet et de Golden. « Lorsque l’on observe le grossissement des fruits heure à heure, on constate que les pommes Rosy Glow grossissent plus la nuit (20h-7h) que le jour (8h-19h) jusqu’à fin août puis ce constat s’inverse à partir de septembre, détaille la spécialiste. En effet, le grossissement nocturne est très fort en juin et constitue à cette période l’essentiel du grossissement journalier ; puis il diminue progressivement, et devient plus faible que le grossissement diurne, qui reste assez stable sur la saison. »
Eviter les journées sans grossissement
En juin, il est fréquent de constater une perte de diamètre des fruits le jour, pendant les heures les plus chaudes. « Puis soudainement, cette perte s’arrête courant juillet, continue-t-elle. S’agit-il d’un changement physiologique au niveau de fruit ? Le sujet serait à creuser. Mais ce constat nous a permis de diagnostiquer des problèmes dans l’irrigation quand cette perte de diamètre en journée persistait après la mi-juillet ». En effet, plusieurs facteurs jouent sur cette prise de calibre dont le climat (voir encadré) et l’irrigation.
Lors de cas de panne d’irrigation, l’équipe d’Agroressources a constaté, au bout de quatre jours, des grossissements nuls des fruits. « L’enjeu est de pouvoir éviter le maximum de journées où le grossissement est faible ou nul, car elles pénalisent le rendement, souligne Nathalie Broussard. Avec cette observation journalière du grossissement des fruits, nous espérons pouvoir mieux comprendre les raisons des journées avec un grossissement moindre et pouvoir parfois agir dessus par l’irrigation. »
Positionner son irrigation en fonction des heures de grossissement
L’observation à l’heure a permis de voir que ces plages horaires de grossissement varient d’une variété à l’autre. « Avec la connaissance de cette plage horaire de grossissement et son évolution au cours de la saison, notre hypothèse est qu’il serait possible, en irrigation goutte-à-goutte, de démarrer le cycle d’irrigation en amont ou pendant cette plage horaire de prise de diamètre pour un grossissement non limité par la disponibilité en eau au niveau racinaire. »
Aspersion avant vague de chaleur
« Les irrégularités dans le grossissement des fruits sont fréquentes, constate Nathalie Broussard. Le grossissement journalier varie du simple au triple, au sein de la même semaine. Nous avons pu corréler, dans certains cas, les arrêts de grossissement journalier voire les pertes de diamètres avec des événements climatiques comme des vagues de chaleur ou des périodes de mistral. » L’équipe d’Agroressources a aussi constaté l’effet boostant des pluies et aspersions sur frondaison. Les deux jours suivants une aspersion ou une pluie, le grossissement est plus important. « Lors des périodes chaudes, il semble que ce soit l’hygrométrie de l‘air qui soit limitante, souligne l’experte. Un des conseils que nous donnons pour limiter ces arrêts de grossissement lors des périodes de mistral ou de chaleur, c’est de programmer une aspersion la veille pour remonter l’hygrométrie dans le verger. »