Sud-Est
L'écoserre, un concept qui va au-delà des énergies nouvelles
Dans le cadre de sa stratégie de renouvellement de son parc de serres, Rougeline et ses adhérents poursuivent constructions nouvelles et modernisation des outils.


Sur 2014-2015, près d'une trentaine d'hectares sont en construction. Le Sud-Est n'est pas en reste. En 2014, près de 4 ha ont été renouvelés et deux sites “écoserre” ont vu ou verront le jour : le premier de 1,2 ha a été installé à Raphèle-lès-Arles (Bouches-du-Rhône) et est déjà opérationnel. Le second, en construction sur 3,8 ha, le sera en juillet à Pierrelatte (Drôme). Ces écoserres, un modèle propre au groupe, répondent à plusieurs critères : attentes sociétales (respect de l'environnement et autosuffisance alimentaire), attentes des consommateurs (produits variés et de qualité à des prix accessibles) et des producteurs qui en attendent la viabilité économique. Avec en filigrane, le souhait de s'affranchir de leur dépendance aux énergies fossiles.
La serre en cours de construction à Pierrelatte s'appuie sur la proximité d'une centrale de cogénération biomasse construite par Drôme Energie Services, une filiale du groupe Coriance créée par Gaz de France. « L'eau chaude qui chauffera la serre provient du processus de fabrication, indique Dimitri Athanassiou, directeur technique du groupe Rouge-line. Au lieu d'être rejetée dans le milieu ambiant, elle est récupérée pour servir au chauffage. » La centrale de cogénération prévoit d'utiliser 150 000 t/ an de bois pour la fabrication du chauffage et de l'électricité. La matière première (produits de recyclage tels que refus de compostage, produits de l'élagage, bois flotté) sera prioritairement locale. « Les producteurs et le groupe Coriance sont liés par contrats, ajoute-t-il. Ils comprennent des engagements du fournisseur d'énergie pour des livraisons annuelles en volumes et température de l'eau. Ils fixent également les redevances des producteurs qui souhaitent se soustraire aux énergies fossiles et attendent des énergies alternatives un coût inférieur à celui du gaz ou du pétrole. La rentabilité de l'outil est assurée par l'optimisation de ce système de chauffage. Par exemple, il y a quelques années, il fallait 10 kW/ha* issus du pétrole pour produire 1 kg de tomates. Aujourd'hui nous en sommes à moins de 5 kW/ha pour produire la même quantité. Ce sont donc autant de gaz à effet de serres qui ne sont pas émis. »
Le groupe Rougeline a travaillé plusieurs années sur ce concept d'écoserre« Il y a sept ou huit ans, nous avions conscience de la nécessité de remettre à plat notre façon de produire, explique Dimitri Athanassiou. Pour cela nous avions besoin d'un état des lieux exhaustif et d'une connaissance fine de tous les indicateurs énergie, phytos, eau... En travaillant ces mesures, le concept d'écoserre est apparu progressivement afin de produire mieux en respectant l'environnement. »
Outre l'énergie, la consommation d'eau a été réduite par recyclage des eaux non utilisées par la plante. « Quand il fallait 12 000 m3 /ha pour produire 360 t de tomates grappe, il n'en faut plus que 9 000* pour produire 600 t/ha. » Le recyclage concerne également la fertilisation. « Utilisés en circuits fermés, les fertilisants sont en réduction de 30 à 50 %/ha. C'est aussi une diminution importante de l'azote. Dans la Crau, par exemple, l'eau pompée en contient naturellement plus que l'eau rejetée ! Par ailleurs dans ce milieu fermé où nous limitons les échanges intérieur/extérieur, nous allons progressivement réduire notre consommation de produits phytoss sur des cultures qui sont déjà menées en production biologique intégrée. »
Les substrats sont également recyclés à 100 %. « Il a d'autres marges de progression, comme sur les ficelles ou les clips biodégradables. Nous y testons des prototypes. » Enfin, le dernier point clé de l'éco-serre, ce sont les conditions de travail. « Les salariés sont formés à la production bio intégrée (PBI). Nous avons également équipé les serres d'équipements qui améliorent les conditions de travail, la gestuelle ou encore des équipements qui réduisent la pénibilité. » L'écoserre de Pierrelatte, non compartimentée, sera exploitée par quatre maraîchers : Michel Boucher, Henri Jourdain, Vincent De Jaeghere et Eric Albran. La production démarrera en juillet et s'étendra jusqu'en décembre. « C'est une hypothèse conjoncturelle liée à la mise en service de la serre. L'objectif de calendrier de production se situe entre le 15 février et le 15 décembre. » Enfin, de jeunes producteurs ont en projet de s'installer autour du réseau d'eau chaude de Coriance. Ce qui n'avait pas été vu depuis longtemps dans la zone de Pierrelatte.
* Chiffres du groupe Rougeline.