L’avocat, objet de toutes les convoitises
Le monde entier s’est pris de passion pour l’avocat et la demande continue de croître dans tous les pays, y compris en France où les importateurs donnent leurs analyses de ce marché en fusion.
Le monde entier s’est pris de passion pour l’avocat et la demande continue de croître dans tous les pays, y compris en France où les importateurs donnent leurs analyses de ce marché en fusion.
La consommation d’avocats en France, en Europe et même dans le monde connaît depuis plusieurs années une croissance remarquable, qui ne semble pas prête à s’infléchir, selon les observations des importateurs hexagonaux impliqués dans cette filière. « En 2015, le marché européen avait absorbé 350 000 tonnes, et il devrait atteindre 500 000 t à fin 2017, soit 150 000 t de plus en deux ans », constate Gabriel Burunat, PDG de la société Commercial Fruits. Et ce n’est pas fini. En Europe on distingue les pays matures (France, Espagne, Angleterre) où la consommation continue de croître, et les autres où l’avocat constitue une tendance émergente comme l’Allemagne, l’Italie, l’Europe de l’Est… où le potentiel reste énorme. Mondialement, la tendance est identique, même aux États-Unis, lesquels sont déjà de très gros consommateurs d’avocats. « Il y a également de nouveaux marchés comme la Chine, qui découvre l’avocat. Imaginons qu’il plaise à une toute petite frange de population, et nous allons manquer de produits ! », reprend Gabriel Burunat. La raison de cet engouement ? « L’avocat est un produit sain, qui bénéficie de nombreuses qualités nutritionnelles, il est tendance, les chefs l’utilisent de plus en plus, constate Olivier Fakhri, directeur commercial chez Georges Helfer. Le succès vient aussi du fait que, depuis quelques années, l’avocat est commercialisé prémûri, prêt à consommer. » « L’achat est plus rapidement répété puisqu’il n’y a pas à attendre que le fruit soit mûr », analyse Gabriel Burunat. L’offre, qui s’est considérablement étoffée dans les GMS, contribue également à stimuler la demande : vrac, filets, barquettes… « Ce qui est le plus demandé, c’est d’abord le cœur de gamme avec des calibres 18-20, prémûris et proposés en vrac dans des colis de 4 kg, détaille Anthony Langlais, responsable Import et Développement chez AZ France. Ensuite vient la barquette haut de gamme operculée contenant 2 fruits mûrs à point. » Pour finir, la consommation d’avocats profite également d’une consommation égale toute l’année. « Auparavant, l’avocat était un produit de consommation d’hiver, explique Gabriel Burunat. Aujourd’hui, les achats d’été ont fortement augmenté depuis que l’on consomme l’avocat en salade, en guacamole ou dans les sushis. » Et aussi incroyable que cela puisse paraître, les prix, eux aussi, ne cessent de grimper. « Il y a cinq ans, nous vendions l’avocat entre 30 et 50 % moins cher qu’aujourd’hui, constate Anthony Langlay. Maintenant, vendre le colis de 4 kg d’avocats calibre 18 à plus de 12 € est tout à fait courant, alors que c’était exceptionnel il y a deux ans. » Même son de cloche chez Georges Helfer, où Olivier Fakhri constate que « dans le passé, lorsqu’on dépassait un certain niveau de prix, la consommation freinait, ce n’est plus le cas aujourd’hui ». La raison de cette envolée, acceptée et répercutée par les GMS, est très simple. « On peut dire qu’au niveau mondial la croissance du marché est plus forte que celle de la production, analyse Anthony Langlais. 2017 se caractérise par une gestion de la pénurie plutôt que de l’abondance. » Et les avocats sont vendus de plus en plus chers, dans le monde entier. « Il y a des pays, comme les États-Unis qui paient plus cher que nous, note Gabriel Burunat. Nous sommes donc obligés de nous aligner pour être servis. » « Nous avons connu cette année des moments de tensions sévères au niveau des approvisionnements, confirme Anthony Langlais. Il y a eu des périodes où nous n’avons pas pu avoir tous les fruits que nous souhaitions pour fournir la demande. »
Anticiper pour suivre le marché
Pour éviter les ruptures et anticiper de nouvelles hausses de consommation, les entreprises d’importation françaises fourbissent leurs armes. Projet de construction de mûrisseries, sourcing auprès de nouvelles origines comme la Colombie ou la Tanzanie, travail marketing sur l’offre en magasin… Les solutions sont multiples. Si Commercial Fruits et Georges Helfer envisagent d’augmenter leur capacité de stockage, mûrissage, et conditionnement, d’autres concentrent leur effort sur l’intégration vers l’amont, comme AZ France, de façon, selon Anthony Langlais à « avoir du fruit de qualité et maîtriser notre destin au moins sur un pourcentage de notre activité ». Le marketing n’est pas oublié chez Georges Helfer avec, nous apprend Olivier Fakhri, « la volonté de développer d’autres formats avec des calibres alternatifs et le lancement en fin d’année d’un nouveau produit haut de gamme à marque propre ».
La coopérative, une solution pérenne pour les approvisionnements
Galilée Export est une coopérative qui rassemble des producteurs de fruits Israéliens, avocats, agrumes… Chaque année, Galilée exporte dans le monde entier 28 000 t d’avocats, 45 % de variété Hass et 55 % de variétés vertes, ce qui constitue une vraie différenciation, le marché étant principalement orienté vers le Hass. « Pour sécuriser nos approvisionnements et répondre à la demande, nous avons d’ores et déjà mis en place des partenariats avec d’autres coopératives plus petites, explique Ely Keslassy, directeur de la filiale France. Nous signons avec eux des contrats d’au moins trois ans, et ils bénéficient de la structure Galilée, partout dans le monde, tout en percevant une rémunération plus élevée. » Grâce à ce modèle coopératif intégré, Galilée Export, qui existe depuis seulement six ans, est déjà devenu le n° 2 du marché de l’avocat Israélien.
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