ARBORICULTURE
L’approche plante pilote l’irrigation
Grâce à la télétransmission, les arboriculteurs peuvent combiner en temps réel l’approche climat, sol et plante pour un pilotage de précision de l’irrigation. La dendrométrie est une méthode pertinente et complémentaire pour s’approcher au mieux des besoins hydriques des plantes.
Grâce à la télétransmission, les arboriculteurs peuvent combiner en temps réel l’approche climat, sol et plante pour un pilotage de précision de l’irrigation. La dendrométrie est une méthode pertinente et complémentaire pour s’approcher au mieux des besoins hydriques des plantes.
Si l’utilisation du bilan hydrique et des sondes tensiométriques ou capacitives commence à être de plus en plus connue, la dendrométrie l’est moins. Cette méthode, basée sur l’utilisation de dendromètre (voir encadré), s’avère pourtant pertinente, et complémentaire des deux autres, pour apporter la quantité d’eau minimale, mais suffisante, en fonction de l’objectif technico-économique du producteur.
Une triple approche pour une irrigation raisonnée
Dans le Tarn-et-Garonne, le groupe opérationnel ArboNovateur® travaille sur l’utilisation de capteurs dendrométriques dans des vergers de pommiers et de pruniers américano-japonais (voir page 56). Au sein de ce groupement, le pilotage de l’irrigation passe par une stratégie d’économie d’eau grâce à une meilleure définition des besoins en irrigation des cultures. Pour cela, une triple approche est utilisée. L’approche climat, ou l’approche bilan hydrique, permet de déterminer une enveloppe d’eau maximale par semaine. L’approche sol permet d’adapter les apports par rapport au bilan hydrique du sol en fonction des mesures des sondes tensiométriques ou capacitives. Enfin, l’approche plante permet d’aller plus loin dans la précision. Les approches précédentes sont basées sur des mesures indirectes du bien-être de la plante où le but est de compenser par des apports d’eau les besoins hydriques potentiels des arbres. Cependant, pour le pilotage de l’irrigation, il peut être intéressant d’utiliser des méthodes basées sur une estimation directe de l’état hydrique des plantes. Le suivi avec un dendromètre permet de mesurer les variations de diamètre du tronc ou de la branche à l’aide de capteurs au centième de millimètre près. Si cet outil existe depuis longtemps, l’apparition depuis quelques années de capteurs fiables, à un prix abordable, et utilisables en télétransmission est nouvelle.
Une information pertinente, quel que soit le système d’irrigation
Les résultats récoltés tout au long de l’étude réalisée par le groupe ArboNovateur® permettent une observation de l’évolution sur la saison du diamètre des branches suivies par les dendromètres. Lorsque l’arbre fruitier est en situation de confort hydrique, l’amplitude des contractions journalières de la branche est modérée et la croissance est positive. Lorsque l’arbre fruitier subit un stress hydrique, que ce soit de sécheresse ou par saturation des sols, l’amplitude de contraction journalière augmente et la croissance s’arrête. Les travaux réalisés au Cefel et sur les parcelles de pommiers et de pruniers americano-japonais des ArboNovateur® montrent en 2016 que l’arrêt de croissance de la partie végétative durant plusieurs jours n’est absolument pas préjudiciable à la prise de calibre des fruits, et cela quel que soit le système d’irrigation, goutte-à-goutte, micro-aspersion ou aspersion sur frondaison. Seule une perte de grossissement du diamètre des branches sur plusieurs jours se traduit par une baisse du grossissement journalier du fruit.
Prendre en compte la variabilité des parcelles
Ainsi, en suivant les indications des capteurs dendrométriques il était possible, en 2016, d’aller beaucoup plus loin dans le pilotage de l’irrigation qu’on ne l’aurait fait avec la seule utilisation conjointe du bilan hydrique et des sondes tensiométriques ou capacitives. Effectivement, les mesures brutes de croissance de la branche ont permis de bien suivre l’état hydrique des arbres et montré des résultats très concluants pour des périodes caractéristiques de la saison. Toutefois, plusieurs autres critères peuvent avoir un effet sur l’évolution du diamètre des branches. Ainsi, pour pouvoir utiliser le dendromètre comme outil de gestion de l’irrigation, les arboriculteurs devront pouvoir prendre en compte la variabilité de leur parcelle notamment les problèmes physiologiques possibles des arbres et l’hétérogénéité des sols, ainsi que l’influence de la température sur les variations de calibre journalier des branches. Les mesures ont cependant montré qu’une évolution en plateau du diamètre des branches n’est pas forcément synonyme de perte de calibre des fruits. Ce qui est une information intéressante pour les prochaines années de gestion.
Jean-François Larrieu
Le dendromètre capte les variations de diamètre
Un dendromètre est constitué d’un capteur de déplacement linéaire permettant de transformer les variations de diamètres en signaux électriques, traduits par des courbes. Ces capteurs permettent d’avoir des mesures très précises (au centième de millimètre près), automatiques et sur la journée, des variations de diamètre du tronc ou de la branche. Le pilotage de l’irrigation découle de l’interprétation simultanée de deux critères : l’amplitude de contraction diurne et la croissance sur 24h.
ArboNovateur® innove pour optimiser les apports d’eau
L’optimisation des apports d’eau à partir d’outils d’aide à la décision est l’une des actions phare développées par le groupe opérationnel dans le cadre de ce plan stratégique, avec le soutien financier de l’état français et de l’Europe. En effet, la gestion quantitative de l’eau en arboriculture est une problématique forte sur tous les bassins déficitaires en période d’étiage. Cette problématique est aussi une priorité du plan stratégique Partenariat européen pour l’innovation. Ce groupe opérationnel, en plus des arboriculteurs du GIEE ArboNovateur®, réunit la chambre d’agriculture de Tarn-et-Garonne et la station régionale fruits et légumes du Cefel. Cette action se décline en deux parties : l’une sur les parcelles expérimentales du Cefel, l’autre par la mise en place d’un réseau de stations automatisées de la société TCSD-Comsag de suivis du climat, de l’état hydrique du sol et de la plante, sur les parcelles des arboriculteurs du GIEE ArboNovateur®.
Pour aller plus loin : www.arbonovateur.fr