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L’agrume se veut plus vert

Attente prioritaire des consommateurs : le gustatif. Mais les préoccupations sociétales poussent les distributeurs à exiger un agrume plus durable.

Pour les agrumes, les attentes des consommateurs sont très claires : le gustatif avant tout. « Pour les oranges, les petits agrumes et les pomelos -le citron est à part car il a une utilisation culinaire bien particulière-, c’est la satisfaction organoleptique qui va amener le renouvellement de l’acte d’achat, explique Philippe Pons, PDG d’AZ France. On est sur un achat plaisir. » « On arrive enfin, en France, pays de la gastronomie, à vendre des produits moins beaux visuellement mais gustativement très bons, comme l’origine Portugal », souligne Thibaud Havet, PDG de Pulp Fruits.

Vient aussi la notion de terroir. « L’Espagne élargit toujours plus ses campagnes : de six mois dans l’année, elle est désormais présente sept/huit mois. Cela complique la tâche aux importateurs, d’autant plus que les consommateurs préfèrent l’origine espagnole aux origines non européennes. La tendance “local” n’est pas un mythe », explique Olivier Fakhri, directeur commercial chez Georges Helfer France. « L’Espagne est de loin le principal fournisseur de la France, confirme Philippe Pons. L’offre espagnole est standardisée et globalement peu différenciante. Les autres pays fournisseurs doivent se démarquer et pour cela, ils peuvent jouer sur l’apparence et/ou le goût du produit ». Citons pour l’exemple le pomelo de Floride, la Maltaise de Tunisie, l’orange sanguine Tarocco d’Italie, ou encore chez les petits agrumes, l’Afourer, la Nadorcott ou la Nour du Maroc, ou bien l’Orri d’Israël. « C’est une variété incontournable, qui plaît beaucoup, souligne Thibaud Havet. Pulp Fruits a fait 1200-1300 t l’année dernière et, face à ce véritable engouement, nous avons proposé cette année en contre-saison, 200 t d’Orri d’Afrique du Sud. On va essayer de doubler ce volume l’année prochaine. » Helfer travaille aussi l’Orri du Pérou en contre-saison avec des volumes confidentiels.

Les distributeurs demandent des agrumes plus durables

Moins prégnant de l’attente organoleptique, le caractère “développement durable” prend de l’ampleur. Une partie des consommateurs demandent des agrumes non traités après récolte, le bio est en croissance. « L’agrume est un produit qui vient de loin, du moins pas de France. Cette attente sur le durable va plus se retrouver pour les f&l originaires de France, nuance Philippe Pons. La croissance en bio est là mais pas comparable aux autres f&l. Le bio est difficile à produire en orange, plus accessible en citron. D’ailleurs, l’offre bio agrumes se compose surtout du citron. » L’offre Fairtrade est encore très balbutiante.

Au final, ce sont les distributeurs, plus que les consommateurs, qui demandent cet aspect “durable” à leurs fournisseurs, pour leur image. Les initiatives se multiplient pour répondre aux attentes commerciales (lire aussi p. 30 et 32). Chez le grossiste rungissois Banagrumes, on mise sur l’agriculture raisonnée pour les agrumes à la marque Brio. « Sur notre production espagnole en propre, nous allons signaler “production raisonnée” sur les colis grâce à des bandes que les clients pourront utiliser, précise Alain Alarcon, président de Banagrumes. Nous l’avions fait en fin de saison dernière et le test a été reconduit. » En Israël, Galilée Export commence à exporter des agrumes bio (pomelos rouges, Sweeties, mandarines), principalement vers l’Europe, selon le site Freshplaza.

Fraîcheur et naturalité, des paramètres à prendre en compte

Tesco a lancé cet automne une initiative inédite : les températures élevées de septembre et octobre en Espagne ont ralenti le processus de coloration des agrumes, et le distributeur britannique propose désormais des satsumas et des clémentines vertes. Il s’agit, selon un communiqué, de réduire le gaspillage -les agrumes déverdis sont plus fragiles- et de proposer aux consommateurs des agrumes qui se conservent deux jours de plus. Les fruits sont mûrs -la coloration de l’épiderme étant indépendante de la maturité (lire aussi le dossier agrumes de FLD Magazine d’octobre 2014) et vendus au même prix que ceux de couleur orange.

La consommation de jus de fruits frais est en hausse et les distributeurs sont de plus en plus nombreux à disposer d’une machine à presser en magasin, ce qui peut jouer sur la demande d’oranges Valencia. « Le calibre 7 des Valencia est maintenant le calibre le plus demandé ! Il faudrait que les fabricants de machines travaillent sur le culot des godets pour une utilisation plus large des calibres », estime Thibaud Havet. En revanche, la tendance ne profite pas à la capacité de segmentation des oranges à jus, car il y a un accès prix du produit final, basé sur l’amortissement de la machine et sur le prix de la matière première. Une orange sanguine coûte trop cher pour être utilisée dans une machine à presser.

 

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