La distribution bio spécialisée se mobilise
La distribution bio spécialisée se mobilise, affirme ses valeurs, communique et se modernise, face à la montée de la grande distribution sur le créneau du bio.
La distribution bio spécialisée se mobilise, affirme ses valeurs, communique et se modernise, face à la montée de la grande distribution sur le créneau du bio.
« De 2004 à 2017, le marché du bio en Europe a augmenté en moyenne de 10,5 % par an, pour atteindre 36,5 Mds€ en 2017 », indique Burkhard Schaer, du bureau d’étude franco-allemand Ecozept.
Premier circuit pour les fruits et légumes
2017 marque un tournant avec le développement de l’offre bio des GMS, surtout dans les magasins de proximité et le drive, porteurs de croissance. La progression notamment de l’épicerie, des fruits et légumes et des boissons alcoolisées a contribué à remonter la part de marché de la grande distribution. La distribution bio spécialisée reste toutefois le premier circuit pour les fruits et légumes, avec plus de 730 millions d'euros de chiffre d'affaires contre 580 millions à la GMS et 370 millions en vente directe. Et après le ralentissement en 2017, le secteur s’est mobilisé pour faire connaître ses valeurs, développer l’approvisionnement local, mettre en place des filières équitables. Première chaîne de distribution bio spécialisée en France, Biocoop rassemble 560 magasins de 400-600 m² pour la plupart, pour un chiffre d’affaires de 1,2 Md€ en 2017. Le réseau va encore ouvrir 70 magasins en 2019. L’activité a encore augmenté de 10-15 % en 2018. 50 000 t de fruits et légumes sont commercialisés dans le réseau, pour 18 % du chiffre d’affaires. Les approvisionnements sont en priorité locaux, puis nationaux, enfin si possible européens.
Affirmer ses valeurs pour se différencier
Les agrumes viennent de Corse, d’Espagne et d’Italie, les avocats et mangues d’Espagne, les bananes de République Dominicaine, Pérou, Ghana et désormais Espagne. Fin 2017, Biocoop a en effet engagé la construction d’une filière de banane bio équitable aux Canaries. Un autre axe important est le soutien aux producteurs et des filières équitables, en France et à l’import. Il aide à la structuration des filières, veille à la rémunération des producteurs et aux critères sociaux et cofinance des projets de ses partenaires. Et en 2019, il va éliminer les barquettes plastiques des fraises. « Nous devons montrer que nous sommes des défenseurs du bio et non de simples distributeurs de produits bio », affirme David Siffert, directeur du secteur fruits et légumes de Biocoop.
Maîtriser ses filières
Créé en 2012, le réseau Les Comptoirs de la Bio rassemble 150 magasins 100 % bio de 500-600 m² en moyenne. En 2018, il a réalisé un chiffre d’affaires de 350 M€, dont 22 % en fruits et légumes (100 M€ prévus en 2019). Et son objectif est d’ouvrir 50-60 nouveaux magasins par an, pour atteindre 300-400 magasins en 2022. Pour cela, le réseau a noué début 2018 un partenariat avec le Groupement Les Mousquetaires (Intermarché, Netto). « Le rapprochement de nos deux entités a été guidé par la proximité de nos modèles, explique Philippe Bramedie, président des Comptoirs de la Bio. Ce partenariat nous donne des capacités financières pour développer notre réseau. » 20-30 % des fruits et légumes sont issus d’un approvisionnement local, 80 % d’origine France. Alors que le réseau fonctionne surtout avec des grossistes spécialisés, son but en 2019-2020 est de travailler en direct avec les producteurs. « Notre objectif est de créer nos propres filières, équitables et dans le respect de la saisonnalité, en France et ailleurs », précise Philippe Bramedie. Le réseau étudie aussi pour 2019 la création de sa propre filière de banane équitable.