[Coronavirus Covid-19] La filière fruits et légumes sur le pont pour sauver les productions
La crise du Covid-19 menace de faire subir aux producteurs de fruits et légumes une double peine : le manque de main-d’œuvre et l'effondrement des cours, faute de consommation. La filière met en place des initiatives pour faire face à cette situation inédite.
La crise du Covid-19 menace de faire subir aux producteurs de fruits et légumes une double peine : le manque de main-d’œuvre et l'effondrement des cours, faute de consommation. La filière met en place des initiatives pour faire face à cette situation inédite.
L’épidémie de Coronavirus Covid-19 et les contraintes indispensables mises en œuvre pour faire face à la propagation de la maladie pèsent sur toute la filière fruits et légumes. D’un côté, la situation de confinement a des impacts très marqués sur les habitudes d’achats et de consommation des fruits et légumes. De l’autre, les restrictions de déplacement et les contraintes de protection sanitaire des personnes affectent très fortement la disponibilité en main-d’œuvre dans les exploitations, les stations et toute la chaine logistique.
« Patriotisme économique » souhaité et constaté
Avant même l’annonce des mesures de confinement, la ruée des consommateurs dans les magasins s’est traduite par une progression de + 5,6 % (par rapport au niveau d’achat 2019 à la même période) des ventes de produits de grande consommation dans les hypers et supermarchés avec +21,1% pour les produits d'épicerie (pâtes, riz, conserves...) et +9,4% pour les surgelés. « Après une activité tendue les premier jours de la cris, un très fort ralentissement a été constaté notamment sur les marchés de gros avec une baisse de 40 % des ventes », mentionne Interfel. L’appel aux grands distributeurs à un nouvel effort pour approvisionner en produits français, demandé par le ministre de l’économie semble avoir un écho auprès des enseignes. Le « patriotisme économique souhaité » a été constaté par les producteurs français avec la mise en avant de leurs produits. On observe toutefois un report des achats vers les drives pour limiter les contacts humains et les risques de transmissions.
Une situation qui peut devenir catastrophique
Mais, les produits printaniers, comme les asperges et les fraises qui viennent d’apparaître sur les étals, sont particulièrement en péril. Ces produits fragiles et peu stockables, arrivent dans une situation de sous approvisionnement et de sous consommation. Ainsi, la fraise et l’asperge ont été déclarées en situation de crise conjoncturelle le lundi 23 mars. L’AOPn Fraises de France prévoit le pic de production dans les trois semaines qui suivent, conjointement au développement annoncé de la crise du Covid-19. « Cette situation peut devenir catastrophique. Le problème d’acheminement et de prix en baisse font craindre le pire aux producteurs français pour la pérennité de leurs exploitations et celle des 4000 emplois directs et indirects que notre activité représente », s’alarme Xavier Mas, Président de l’AOPn Fraises de France. Le constat est comparable pour les producteurs d’asperge. Certains ont d’ores et déjà stoppés leur récolte sur une partie de leur superficie, faute de main-d’œuvre et de prix rémunérateurs. « C’est aussi la mise en culture de toutes les productions légumiers et l’entretien des vergers des cultures estivales et automnales qui est en jeu » s’inquiète Jacques Rouchaussé, président de Légumes de France .
« Des bras pour ton assiette »
Le ministre de l'agriculture a donc lancé le mardi 24 mars « un appel à l'armée de l'ombre des hommes et des femmes qui n'ont plus d'activité en raison de la crise du coronavirus, à rejoindre l'agriculture française en quête de main-d'œuvre ». Les producteurs de légumes sont les premiers exposés au manque de main-d’œuvre pour la plupart d’origine polonais, roumains, espagnols, portugais. Ces travailleurs saisonniers ont eu des difficultés à rejoindre les exploitations françaises. Beaucoup ne sont pas venus ou n’ont pas pu venir. Ils représentent 15 000 à 20 000 personnes chaque année. Les producteurs des Bouches-du-Rhône emploient 2700 contrats OFII (Office français de l’immigration et de l’intégration) et autant de travailleurs détachés. « Ces personnes ne sont pas arrivées. Ce qui pose évidemment des problèmes aux exploitations fruitières pour l’éclaircissage des pêchers et le ramassage des fraises. Mais plus la saison va avancer, plus ces besoins concerneront un grand nombre de productions d’autant que les campagnes comptent 15 jours d’avance », commente le président de la FDSEA 13 dans L’agriculteur provençal. Avec espoir, la plateforme « des bras pour ton assiette » a été mise en place avec pour objectif mettre en relation les agriculteurs et des personnes disponibles pour donner un coup de main. « Renseignez vos compétences et disponibilités. Les agriculteurs vous contacteront en fonction de l'avancement de leurs travaux et de la saisonnalité », peut-on lire sur la plateforme.
40 000 personnes se sont déjà portées volontaires
Ce mercredi 25 mars, Christiane Lambert, présidente de la FNSEA a précisé qu’à travers l'opération "Des bras pour ton assiette", « plus de 40 000 personnes se sont déjà portées volontaires, mais il en faut plus ». Selon la responsable, « les besoins sont de 45 000 personnes en mars, pour le mois d'avril il faut en rajouter 80 000 et pour le mois de mai, 80 000 en plus », précisait-elle sur France-Info. « Nous avons fait en sorte que les volontaires puissent cumuler le chômage technique et les heures de saisonnier. Cela existe pour les "contrats vendanges". Un certain nombre de départements permettent de cumuler le RSA et un travail à côté. C'est une priorité de récolter ces produits ». Dans cette crise sanitaire, les agriculteurs sont toujours en activité pour assurer la production et l’alimentation des français. « Pas de pénurie, on vous nourrit ! », rassurent les Jeunes Agriculteurs sur les réseaux sociaux.