Inquiétude sur la réforme de la Pac
Alain Morice, président du Cénaldi, s’inquiète de l’ouverture du marché aux dix nouveaux pays membres de l’Union européenne. Par Olivier Masbou
“Nous avons le sentiment que l’Europe s’agrandit dans le désordre”. Pour Alain Morice, président du Cénaldi Comité économique national agricole des légumes à destination industrielle., l’inquiétude est grande à la fois vis-à-vis des nouveaux entrants, mais aussi des conséquences de la réforme de la Pac. A titre d’exemple, la réduction des traitements phytosanitaires demandée en France par Hervé Gaymard, quand les “contraintes de production sont beaucoup moins sévères” chez les dix nouveaux arrivants.
C’est dans ce contexte que l’épisode de la réforme de la Pac est venu ajouter de la confusion et de l’inquiétude chez les producteurs de légumes d’industrie.
Le double coup de la régionalisation élargie aux f&l en septembre 2003 et de l’autorisation des cultures dérobées après une culture primée, renforce les craintes de distorsions de concurrences. Le Cénaldi demande donc la mise en place d’un outil de surveillance des productions et les moyens de compenser les distorsions qui seraient constatées.
Autre inquiétude, franco-française celle-là. Elle concerne les outils de gestion de crise “dont la première application nous inquiète particulièrement”, précise Alain Morice. Il s’agit de “la demande faite par les producteurs bretons de choux-fleurs frais pour gérer la crise dans leur secteur”. “Je tiens ici à rappeler haut et fort que la filière des légumes d’industrie ne doit pas être l’outil de régulation des marchés des légumes frais”. “Si une aide est apportée aux producteurs de légumes frais pour orienter leur production vers l’industrie, cette aide doit être accessible à tous les producteurs qui livrent à l’industrie”, conclut le président du Cénaldi.
Le représentant de la Commission, Tomas Garcia Azcarate, s’est empressé de répondre sur ce dernier point. Qualifiant ce qui s’est passé en Bretagne de “cérémonie des confusions”, il a rappelé qu’il y avait “un accord politique” entre Frantz Fischler et Hervé Gaymard pour mettre en place un mécanisme de gestion de crise dans le chou-fleur dès la prochaine campagne.
“Il faut réfléchir à des mécanismes nouveaux, a-t-il expliqué. On fait un essai sur deux ans, et ensuite on tire les leçons de l’expérience”.