« Il faut valoriser le métier de chef de culture »
Claire-Marie Desruelles est cheffe de culture au domaine arboricole de La Cabanasse (Bouches-du-Rhône). Un métier qu’elle juge passionnant, mais qui reste mal connu. Elle estime que celui-ci devrait être valorisé.
Claire-Marie Desruelles est cheffe de culture au domaine arboricole de La Cabanasse (Bouches-du-Rhône). Un métier qu’elle juge passionnant, mais qui reste mal connu. Elle estime que celui-ci devrait être valorisé.
« Dès que je le pourrai, je souhaite faire une intervention dans mon ancienne école d’ingénieurs agronomes, à Purpan, afin de présenter le métier de chef de culture et de donner envie aux étudiants de se lancer », indique Claire-Marie Desruelles. Car étonnamment, au cours de son cursus, jamais ce métier n’a été évoqué, reconnaît-elle. « C’est pourtant un boulot passionnant car extrêmement varié ». Et les entreprises recrutent. « Quand j’ai cherché à devenir cheffe de culture, j’ai postulé auprès de grandes exploitations qui étaient toutes en demande. Je n’ai eu qu’à choisir ».
« J’estime être très bien payée »
Et pourtant ce métier n’attire pas. Car si les entreprises souhaitant embaucher des chefs de culture ne publient que très peu d’offres d’emploi, en face, les candidats se font tout aussi rares. « Je pense que beaucoup hésitent, car ce métier suppose des fonctions managériales. Or, gérer de l’humain, ça ne fait pas rêver. Il est vrai qu’une des premières missions d’un chef de culture est la gestion de la main-d’œuvre. Pour ma part, je trouve beaucoup plus facile de gérer des ouvriers agricoles que des cadres. Ce sont des gens sans embrouille ».
Au domaine de La Cabanasse, Claire-Marie Desruelles a sous ses ordres une équipe de dix salariés permanents dont le nombre s’élève à 70 voire 80 au cœur de l’été. « Ce sont pour l’essentiel des Marocains et ils acceptent que ce soit une femme qui leur donne des ordres. Il faut dire que mon patron a su prendre les devants et m’imposer en leur disant : Claire-Marie, c’est comme moi. Il ne leur a pas laissé le choix. Et jamais aucun d’entre eux n’a haussé le ton. Et puis, je ne suis pas un monstre ! Je leur dis même que je ne sais pas tout. Ils reviennent chaque année travailler sur le domaine. C’est donc qu’ils s’y sentent bien ». Le fait d’être une femme ne serait donc pas un handicap pour devenir chef de culture.
Mais Claire-Marie Desruelles le reconnaît : elle s’est heurtée au sexisme dans d’autres bassins de production. Et puis, il y a le salaire. « J’estime être très bien payée. Au vu de mon âge et de mon encore petite expérience, je perçois 50 000 € annuels. Je sais que je ne monterai pas à 200 000 €, mais ce n’est pas une raison pour dévaloriser ce métier ». Et Claire-Marie Desruelles a l’avenir devant elle : elle pourrait bien prendre les rênes du domaine de la Cabanasse. « Mon patron a 62 ans et souhaite lever le pied ». La transmission pourrait alors se faire en douceur.