« Il est vital de préserver la ressource en eau »
La disponibilité de la ressource en eau est une question globale et systémique, selon Daniel Pierre, président du pôle Dream Eaux et Milieu.
La disponibilité de la ressource en eau est une question globale et systémique, selon Daniel Pierre, président du pôle Dream Eaux et Milieu.
Quelle est la situation de l’eau en France ?
« L’eau est le marqueur essentiel du dérèglement climatique qui affecte la variabilité des pluies, les sécheresses et inondations, l’épuisement des eaux souterraines et la teneur en eau des sols. Cette ressource diminue et les hydrologues prévoient une diminution généralisée des aquifères et des débits moyens annuels des cours d’eau (rapport Explore 70). Nous allons devoir apprendre à la gérer et à la partager. À titre d’exemple, en 2016, l’ensemble des prélèvements (quantité d’eau prélevée dans le milieu naturel, puis rejetée après utilisation), tous usages confondus (hors barrages hydroélectriques), s’élevait à près de 37 milliards de m3 dont 3,2 milliards de m3 prélevés pour l’irrigation (source BNPE). En termes de « consommation d’eau » (qui correspond à la quantité d’eau prélevée, consommée, absorbée sans retour direct au milieu naturel), le secteur de l’irrigation représente 48 %, 22 % pour l’énergie, 24 % l’eau potable et 6 % l’industrie. »
Quels sont les grands enjeux sur le volet agricole ?
« Ces enjeux sont nombreux. Il s’agit de la quantité d’eau en tenant compte de sa disponibilité, la gestion partagée, l’irrigation, ainsi que la recharge maîtrisée des aquifères. La qualité d’eau met en jeu l’optimisation des intrants, micropolluants… Les enjeux portent également sur l’économie circulaire (recyclage, valorisation eau…), l’empreinte eau (eau virtuelle, eau exportée…), l’usage du numérique et des innovations technologiques avec des OAD, modèles de prédiction…, ainsi que le développement de synergies entre végétal, énergie, économie. Pour relever les défis, il est crucial d’avoir une démarche reposant sur trois piliers : science, connaissance et innovation. »
Quelles sont les pistes de travail de gestion et de protection de cette ressource ?
« Nous devons nous poser la question de la disponibilité de la ressource de manière globale et systémique. Les innovations, qu’elles soient technologiques, servicielles ou organisationnelles, nous permettent de gagner un peu de temps face à l’urgence. Mais il faudra bien plus. Il est vital de se rendre compte de l’ampleur des enjeux et des défis que nous devons et devrons relever pour préserver cette ressource en eau. Il n’y aura pas de solution unique mais une combinaison de solutions à ajuster en fonction des spécificités de nos territoires. Nous devrons étudier plus en profondeur les solutions de recharge maîtrisée des aquifères, de réutilisation d’eau, d’optimisation de l’irrigation… Travaillons de manière fédérée et globale sur l’accès aux ressources en eau mobilisables pour l’agriculture sur le long terme. Il n’est pas trop tard mais il est urgent d’agir : mobilisons-nous. »
Source : Sival