Fruits à coque
Fruit Logistica, Salon de l’Agriculture : le grand retour de la noix de Grenoble
La noix de Grenoble AOP met un coup d’accélérateur à sa communication grand public et BtoB. En parallèle, des réflexions et des modifications de son cahier des charges sont en cours.
La noix de Grenoble AOP met un coup d’accélérateur à sa communication grand public et BtoB. En parallèle, des réflexions et des modifications de son cahier des charges sont en cours.
Après 15 ans d'absence, la noix de Grenoble AOP fait son retour à Fruit Logistica en tant qu'exposant. Pour cette édition 2023, elle partageait un stand avec d'autres entreprises régionales (IPS, Ogiers Fruits, noix de Grenoble, Val de Nesque, Louis Favel). Objectif : « revenir sur le terrain du BtoB et travailler nos relations clients », selon Nathalie Gaillard, coordinatrice du Comité Interprofessionnel de la Noix de Grenoble (CING).
Une consommation certaine mais calme, à booster par de la communication
A l'instar des autres marchés de fruits qui accusent une consommation au ralenti voire en baisse, le marché de la noix est « calme ». Le fait d'être AOP permet à la noix de Grenoble de « tirer son épingle du jeu » avec des consommateurs fidèles mais « il y a très peu de consommation en magasins, les volumes ne s’écoulent pas. »
Selon une étude consommateurs de 2021 sur la noix et les habitudes de consommation, elle bénéficie d'un argument santé qui prend de plus en plus d'importance, en plus de son goût, critère premier des consommateurs. « Comme pour les amandes et autres noix, on sait qu'il faut surfer sur cette tendance », confirme Nathalie Gaillard. En parallèle de ses atouts nutritionnels, la noix de Grenoble peut se reposer son sa qualité gustative, reconnue. « La noix de Grenoble a du caractère. Elle a un profil différent des autres noix, une pointe d'amertume que vient adoucir le sucré de sa chair. »
Noix de Grenoble, une notoriété certaine. Selon les chiffres du CING, la Noix de Grenoble AOP est désormais connue par 1 Français sur 2 (une hausse de notoriété de 10 points comparé à 2012) et il s’agit de l’AOP la plus largement consommée par les amateurs de noix : elle se retrouve dans les paniers de 35 % des consommateurs de ce fruit. Et 84 % des connaisseurs aiment “beaucoup” ou “énormément” cette AOP.
La Noix de Grenoble revient donc en communication BtoB avec une présence sur les salons professionnels : Fruit Logistica, MacFrut, Fruit Attraction. Mais aussi en BtoC avec une stratégie revue il y a un an : « On se repositionne sur notre région, et avec un esprit plus “corporate”, avec des goodies à la marque Noix de Grenoble, sweet, casquette, pour que nos producteurs et les habitants de la région soient fiers de ce produit et le revendiquent. » Des communications presse grand public et professionnelle sont aussi mises en place.
Et cette année, ce n’est pas un, mais deux stands qui vont représenter la Noix de Grenoble AOP au Salon International de l’Agriculture 2023 : celui du Conseil départemental de la Drôme (hall 4) le 25 février et celui de la Région Auvergne-Rhône-Alpes (hall 3) le 27 février. Chacun proposera dégustations et animations (confection de recettes, démonstration de cassage de noix, quiz avec des goodies à gagner…) L’objectif : faire découvrir ou redécouvrir toutes les saveurs et les vertus de ce petit fruit à coque, typique de la région grenobloise.
Faire admettre la variété Fernor dans le club… et mettre le cerneau en débat
L'AOP admet uniquement le format coque et 3 variétés. La noix de Grenoble est surtout représentée par la variété Franquette (90 % des volumes), Mayette (moins de 1 %) et Parisienne (7-8 %) ayant vu leur part baisser année après année car moins adaptées au marché que Franquette. « Mayette est sensible aux maladies, Parisienne trop fragile pour admettre la mécanisation en verger. Franquette est, elle, adaptée au terroir, a un goût incomparable et des rendements satisfaisants », résume Nathalie Gaillard.
En parallèle, l'AOP veut faire admettre la variété Fernor dans le cahier des charges. Cette variété, issue d'un croisement entre Franquette et Lara, présente un calibre et une qualité qui correspondent bien aux marchés internationaux sur lesquels la noix de Grenoble subit la concurrence féroce de la Californie et du Chili. Elle est en outre très productive. La décision de l'ajouter au cahier des charges a été actée en conseil d'administration en 2021 et les démarches avec l'INAO ont débuté, avec un premier dossier déposé en novembre 2022.
Quant à la commercialisation uniquement en coque et non pas aussi en cerneau (comme l'admet l'AOP Noix du Périgord), le débat d'ajouter le cerneau au cahier des charges reviendrait régulièrement ces derniers temps. « Jusqu'à la fin des années 2010, le marché était porteur donc la question ne se posait pas vraiment. Depuis 2018-2019 la conjoncture est moins favorable. Mais la priorité est donnée au dossier variétal. Car il faut 5-10 ans pour modifier un cahier des charges. »
La coque présente l'intérêt de mieux se conserver et d'être moins cher. Mais le cerneau se valorise mieux et est adapté aux nouveaux usages de consommation.
La noix en France et à Grenoble, en quelques chiffres
La noix française représente 40 000 t et en 2018 les Français en consommaient environ 200 g/tête (environ 40 noix). Deux AOP en France, la noix du Périgord (obtenue en 2004, pour les noix en coque, en cerneaux et en huile) et la noix de Grenoble (obtenue en 1938, pour les noix en coque seulement).
Avec 700 producteurs* sur 6 500 ha, la noix de Grenoble représente environ 13 000 t produites par an, dont 75 % de ce volume est commercialisé sous l'AOP. La France (45 % des volumes) mais surtout l'export (55 %) sont ses débouchés. L'export est quasi uniquement européen : Allemagne (17 %), Italie (17 %), Suisse, Espagne, Danemark, Grèce.
« La qualité est notre atout, insiste Nathalie Gaillard. On réfléchit à ouvrir d'autres marchés. Le Moyen-Orient, le Royaume-Uni présentent du potentiel. Mais se pose la question des droits de douanes au regard de nos coûts de production. »
*741 exploitations reconnues, 17 entreprises de mise en marché et 2 coopératives, dont 30 % des producteurs récoltants pratiquant une agriculture bio.
Le saviez-vous ? Plus vieille AOP fruitière, la noix de Grenoble a pris cette appellation en 1938 pour avoir un nom sur le marché en Californie. Depuis, les Américains ont planté et sont devenus notre principal concurrent.