Energie : le pruneau doit réinventer son séchage
Le séchage est un réel enjeu de transition agroécologique pour le pruneau français. En attendant de trouver de nouvelles sources d'énergies non fossiles, des adaptations sur les fours sont déjà possibles ou en passe de l'être.
Le séchage est un réel enjeu de transition agroécologique pour le pruneau français. En attendant de trouver de nouvelles sources d'énergies non fossiles, des adaptations sur les fours sont déjà possibles ou en passe de l'être.
Dans le cadre de ses réflexions sur sa transition agroécologique, le pruneau français a intégré le sujet, non négligeable, du séchage.
Aujourd’hui, les prunes d’Ente sont séchées après récolte dans un tunnel de séchage, un four qui fonctionne au gaz dans 99 % des cas.
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Le gaz est une énergie fossile émettrice de gaz à effet de serre. « Nous devons trouver des énergies de substitution », affirme Gaëtan Vergnes, secrétaire général au BIP, le Bureau interprofessionnel du pruneau.
Le projet n’en est qu’à ses débuts. Celui-ci peut se décliner en plans d’action à court, moyen et long terme.
1- A court terme : bien isoler et bien régler ses fours
A court terme, il va s’agir de bien gérer l’isolation, la température et l’humidité des fours. Le BIP va diffuser aux producteurs des fiches de synthèse de “bonnes pratiques”.
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2- A moyen terme : utiliser l’air chaud des fours en circuit fermé
A moyen terme, il sera possible d’adapter les fours existants. « Des premiers essais menés l’année dernière sur un four pilote à l’Agrotec montre qu’il est possible de récupérer l’air chaud et humide sortant des fours et de le réinjecter sec, pour un fonctionnement en circuit fermé. Ce système fonctionne à l’électricité, donc une énergie décarbonée », s’enthousiasme Gaëtan Vergnes.
Faire fonctionner le four en circuit fermé d’air permettrait jusqu’à 30 % d’économie d’énergie
L’essai a été concluant et a été reconduit in situ chez un producteur en 2024. « L’essai in situ a montré qu’on pouvait obtenir jusqu’à 30 % d’économie ! Et une fois la machine réglée, elle ne représente aucune charge de travail supplémentaire pour le producteur. C’est prometteur ! D’autant plus que les investissements sont moins lourd qu’en changeant complètement le four. »
3- A long terme : trouver et investir dans des technologies de rupture
A long terme, il s’agira de trouver une nouvelle forme d’énergie, ce qui sous-entend de vraies technologies de rupture. « Pour le moment, on est sur une phase bibliographique », relativise Gaëtan Vergnes.
Le BIP s’intéresse notamment à la géothermie, qui « commence en France » mais dont l’investissement est « de l’ordre du million ».
Autre piste, le solaire thermique, c’est-à-dire chauffer grâce à l’énergie du soleil. Là aussi l’investissement serait lourd.
Investissements : quelle rentabilité pour des fours qui ne sont utilisés qu’un mois sur douze ?
« Le souci dans ces technologies, c’est la rentabilité, pointe Gaëtan Vergnes. Car nos fours ne fonctionnent qu’un mois par an. » Une synergie avec une autre filière pour compléter l’utilisation à l’année serait-elle alors envisageable ?
« Nous avons essayé. Nous avons prêté nos équipements à la filière tomate d’industrie pour faire de la tomate séchée mais ça n’a pas été concluant -ça coulait de partout. En revanche, il y a un essai sur raisin à l’Agrotec pour du raisin sec », glisse Gaëtan Vergnes.
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