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En Allemagne, la société FeSa gère près de 500 saisonniers

Avec 400 hectares de légumes en conventionnel et 28 ha en bio en Rhénanie-Palatinat (Allemagne), FeSa emploie jusqu’à 500 saisonniers, venus principalement de Roumanie et de Serbie, et les héberge dans un village de containers : la hausse du salaire minimal pèse lourd.

La société légumière allemande FeSa exploite 350 hectares de pleine terre et 45 ha de tunnels à Mutterstadt, en Rhénanie-Palatinat, où se trouve également son centre de conditionnement. Depuis dix ans, elle possède aussi une ferme bio de 28 hectares (dont 3 ha de serres multichapelles pour les framboises) à Lambshein, à une dizaine de kilomètres de là. L’ensemble est géré par Peter Fehmel (66 ans) et son épouse Heike (63 ans) qui, après y avoir travaillé une quinzaine d’années, ont repris et agrandi l’exploitation des parents de Peter en 1996.

Concentration sur une douzaine des produits

« À l’époque nous avions 35 hectares de cultures de plein champ pour des productions variées allant des pommes de terre aux laitues en passant par la rhubarbe, les radis, les choux, les carottes, les poireaux. La première serre d’un demi-hectare a été construite en 1995 pour la culture de tomates », détaille Peter. En 1999, les exploitants reprennent une seconde ferme et montent ainsi à 85 hectares tout en construisant 2 hectares supplémentaires de serres. « Nous avons choisi alors de concentrer les productions de plein champ à trois cultures seulement : les radis, les oignons bottes et les carottes fanes pour le frais, plus les choux chinois stockés durant l’hiver ». Trois ans plus tard, les époux investissent dans 3,3 ha de serres supplémentaires, dédiées aux tomates. « Nous nous sommes lancés dans les framboises en 2011, entièrement cultivées sous tunnel », se souvient le dirigeant.

Aujourd’hui, la production se concentre sur une douzaine de produits : en plein champ, elle concerne les radis, oignons botte, choux-raves, persil, aneth, rhubarbe, mâche et, pour le stockage, choux rouges, choux verts et choux chinois. Auxquels il faut ajouter les framboises et les mini-concombres sous serre (plus des cultures de radis l’hiver). Côté bio, la ferme s’est spécialisée dans les herbes aromatiques, la rhubarbe, les oignons botte et les framboises : « Pour fournir nos clients l’hiver, nous importons et nous conditionnons également des oignons botte d’Égypte et du Maroc », complète Peter Fehmel. C’est leur fils Jochen qui a développé cette activité, lorsqu’il les a rejoints après des études de commerce. Il est d’ailleurs désormais directeur commercial de l’ensemble qui livre directement les magasins de détail grâce à son parc matériel bien étoffé : deux camions, sept fourgons, six pick-up, sept minibus, trois jeeps, quarante tracteurs et trente remorques de 8 à 16 t.

Des framboises de mai à octobre

La mâche est récoltée de novembre à février. Puis la récolte en plein champ démarre le 1er mars avec les oignons bottes d’hiver qui ont été semés en août précédent. À partir du 20 mars débutent les récoltes de radis dans les serres puis, entre le 10 et le 14 avril, arrivent les radis de plein champ. Les choux-raves sortent de mi-mai à début novembre. Et, à partir du 25 mai jusqu’à fin octobre, les framboises sont récoltées dans les serres. La production est gérée par Peter Fehmel, deux contremaitres et quatre ouvriers, alors que Jochen est aidé pour la partie commerciale par deux personnes. La comptabilité est assurée par Vanessa Fehmel, belle-fille de Heike et Peter, aidée par une salariée, et une autre belle-fille, Christine, dirige l’administration avec une équipe de quatre personnes (dont deux à mi-temps). L’entreprise emploie aussi un spécialiste des certifications, documentations et contrôles.

Concurrence croissante sur le radis

La gestion du personnel est l’un des postes poids lourds de l’exploitation. Le personnel, géré par Heike, compte quatre personnes à plein-temps et une à mi-temps pour suivre les aspects administratifs et la paye d’une cinquantaine de travailleurs permanents. Ceux-ci sont originaires d’Allemagne, mais surtout de Lituanie, d’Inde et de Pologne : ils travaillent principalement dans la station de conditionnement et prennent donc leurs congés en hiver. L’entreprise emploie également 400 à 500 saisonniers venus surtout de Roumanie et de Serbie, dont 150 pour les seules framboises. « Notre plus gros challenge est de nous positionner sur les marchés. Les salaires et les critères de qualité haut de gamme en Allemagne compliquent notre capacité à nous placer face à nos compétiteurs qui proviennent de pays moins exigeants », souligne Peter Fehmel.

Le salaire minimum en agriculture est actuellement de 12,41 €/h brut et devrait passer à 12,82 €/h brut début 2025.

Il regrette ainsi la concurrence croissante sur le radis, l’un de ses produits phares, et pointe également le poids de l’administratif, notamment pour l’enregistrement de toutes les données qui concernent le début, la fin et la durée de travail de chaque employé. Face à son besoin important de main-d’œuvre, la société a mis en place des hébergements dans des containers installés en « village », juste contre la station de conditionnement. « Nous avons installé les premiers containers il y a 23 ans et nous en avons désormais 230, avec le projet de construire un nouvel ensemble à 200 m d’ici pour répondre aux besoins. À l’époque, un container convenait pour quatre personnes, mais avec le Covid nous avons tout réorganisé, et désormais il n’y a que deux personnes par container », détaille Heike. Une cuisine et un bloc sanitaire (douches, toilettes), également installés dans des containers aménagés, sont partagés pour dix containers. Quatre salariés sont employés à plein temps pour le ménage et la maintenance de ce village.

Quatre salariés sont employés à plein temps pour le ménage et la maintenance du village de mobil-homes.

La gestion du personnel est un des postes poids lourds de l’exploitation

Salaires et charges : un sujet de poids

Mis en place en 2015 en Allemagne, le salaire minimum est négocié tous les deux ans. En octobre 2022, il a été augmenté de 2 € brut par heure. En agriculture, il est actuellement de 12,41 €/h brut et devrait passer à 12,82 €/h brut le 1er janvier 2025. La semaine de travail compte 38 heures avec un maximum de 10 heures par jour. Le salaire horaire minimum allemand est désormais en seconde position européenne derrière le Luxembourg. En Allemagne, le travail est qualifié de saisonnier seulement s’il correspond à moins de trois mois (70 jours ouvrables) au cours d’une année civile. Dans ce cas, ni l’employeur ni l’employé ne sont tenus de payer des cotisations de sécurité sociale pour les soins de santé, les soins infirmiers, la retraite et l’assurance chômage. Ces salariés à court terme doivent être inscrits auprès de la Minijob-Zentrale. Mais, s’ils sont employés pendant plus de trois mois, ils sont soumis à l’assurance sociale obligatoire.

Lutter contre le gaspillage alimentaire

Heike Fehmet transforme les légumes de la ferme et  propose 140 références différentes.

« Über Heike » transforme fruits et légumes en marmelade, sauces et autres jus. Depuis toujours, Heike Fehmet façonne dans la cuisine familiale les produits déclassés de l’exploitation. Il y a trente ans, l’un de ses amis lui a proposé de mettre en vente ses produits et le succès a été assez rapide pour l’encourager dans cette voie. « Il y a treize ans, mon fils Jochen, qui faisait des études de commerce, m’a dit qu’il y avait un vrai potentiel dans cette activité et qu’il fallait passer à la vitesse supérieure », se souvient Heike. Actuellement, elle propose 140 références différentes en comptant les produits et les différents conditionnements, sans aucun additif artificiel, de la sauce tomate aux conserves de légumes, à un prix unitaire allant de 2 à 6,50 € et à raison de 300 000 unités par an. En complément, elle revend du vinaigre et du vin pétillant de framboise. Ses matières premières sont issues des productions de Fesa. Heike dispose d’une cuisine qui emploie quatre personnes à plein temps, ainsi que quatre à mi-temps, et d’une unité de stockage. La vente est assurée en ligne depuis six ans, à la ferme, mais surtout à 95 % dans différents magasins de la zone autour de la ville de Spire.

En chiffres

La Rhénanie-Palatinat, « potager de l’Allemagne ».

15 % de la surface de légumes d’Allemagne

18 500 hectares

600 000 t de légumes

99 % en plein champ

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