Dossier Serre : fraisier, encore de la lumière à faire
L’éclairage additionnel sur fraisier semble plus complexe que pour la tomate et le concombre. Des expérimentations sont en cours.
L’éclairage additionnel sur fraisier semble plus complexe que pour la tomate et le concombre. Des expérimentations sont en cours.
Sur le fraisier, l’éclairage à partir de lampe à incandescence est utilisé couramment par les producteurs sous forme de flash lumineux pour pallier le manque de froid des plants et lever leur dormance. En revanche, l’usage d’un éclairage physiologique à partir de Led pour « booster la photosynthèse » est encore au stade expérimental sur trois sites en France : le Centre CTIFL de Balandran, Invenio à Sainte-Livrade et le Caté.
Différences de comportement variétal
Au CTIFL, l’éclairage Led est testé sur une culture de fraisiers conduite en itinéraire précoce chauffée dans la serre dite « F Clean® ». La couverture de cet abri est réalisée avec un matériau plastique original (F Clean®) améliorant la diffusion de la lumière et doté d’une très longue longévité (plus de 15 ans). Plusieurs variétés de fraise y sont éclairées 12 heures par jour pendant environ trois mois. « Nous avons éclairé de mi-janvier à début avril, la première année et dès la plantation, de mi-décembre à fin mars, cette année », précise Jean-Philippe Bosc, responsable de l’expérimentation. Ces deux années d’observation, qui portent sur le rendement ainsi que sur la qualité des fruits, montrent d’importantes différences de comportement variétal. « Dans une situation déficitaire en lumière, les variations de rendement vont de 0 à 30 % sur la période éclairée en comparaison avec le témoin non éclairé », explique le spécialiste. L’apport de 100 à 150 micromoles/m2/s au niveau du feuillage est un éclairage relativement faible qui correspond à une journée peu ensoleillée. « J’hésite à éclairer plus longtemps sur la journée car les longueurs d’onde rouge risquent d’influencer la photopériode de la plante et affecter son induction florale pour la remontée », commente Jean-Philippe Bosc. En effet, l’utilisation de l’éclairage artificiel sur fraisier semble plus complexe que pour la tomate et le concombre car cette plante est plus sensible à la photopériode. Après deux ans d’expérimentation, beaucoup de choses restent à confirmer avec des frais de fonctionnement très importants.
Un manque de maturité de la technologie
« En 2016 et 2017, nous avons testé différentes consignes d’éclairages permettant l’apport d’une même quantité de lumière », rapporte François Pascaud, responsable de l’expérimentation Fraise à Invenio. La première année, le complément de lumière (8 heures) s’est fait en fin de journée (de 16h à minuit) pour allonger la période de photosynthèse des plantes alors que la seconde année, la même dose d’énergie a été apportée pour augmenter l’intensité lumineuse des périodes de faible rayonnement (6 h à 10 h et 15 h à 20 h). « La première année, un gain de rendement de 15 % sur une culture de Gariguette précoce chauffée a été observé. En seconde année, les parcelles éclairées ont eu des rendements équivalents à un témoin sans éclairage… », mentionne le spécialiste. « Ces résultats suggèrent que les gains observés en première année sont plutôt induits par le changement de photopériode et illustrent que pour le fraisier la lumière est à considérer au-delà des aspects de photosynthèse pure. L’allongement artificiel des jours a permis un développement important du plant lui apportant une capacité à mieux utiliser la lumière naturelle », poursuit-il. « Lorsqu’il y a des gains, ils ne permettent pas de couvrir l’investissement important de l’éclairage physiologique par Led (80 euros/m2) », note François Pascaud. Si pour l’heure, les essais Invenio sont arrêtés par manque de maturité de la technologie, l’expérimentateur voit des axes d’amélioration notamment avec une réduction attendue du coût de l’éclairage Led, une amélioration de leur efficience énergétique et un travail d’optimisation de l’éclairage et de l’apport de CO2. Le Caté travaille également sur ce nouveau moyen de production sur fraise précoce (Gariguette) en observant notamment les différences liées à l’origine du plant et leur prise de froid. La station pourrait aussi être amenée à planter plus tôt pour évaluer l’impact de l’éclairage sur la précocité.
Retrouvez tous les articles de notre dossier Serre :
Conduire la tomate en pleine lumière
« La modification des spectres lumineux a des effets »