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Difficile réduction des fongicides

Si de nombreuses solutions existent pour réduire l’utilisation d’insecticides en vergers de pêchers, ce n’est pas le cas pour les fongicides.

« Dans l’immédiat, le désherbage mécanique, l’utilisation de certains produits de biocontrôle et les comptages de bio-agresseurs fonctionnent pour baisser les Indices de fréquence de traitement (IFT) », se félicite Yannick Montrognon, responsable du programme pêche à la Sefra. Sur la station expérimentale fruits Rhône-Alpes, à Étoile-sur-Rhône dans la Drôme, un verger de Nectardreamcov Nectasweet d’une surface d’environ un hectare, appartenant au dispositif Ecopêche, a été implanté en 2012.

La cloque et le monilia invincibles, l’oïdium traité

Un système de culture représentatif des pratiques actuelles est comparé à un prototype de système économe en intrants où les produits T ou T+ sont interdits et à un système en agriculture biologique. Si des méthodes douces comme la confusion sexuelle et l’huile de paraffine en pré-floral peuvent remplacer les insecticides, peu de pratiques alternatives existent pour les fongicides. Par exemple, la cloque fait des ravages sur les vergers de pêchers. « Pour la traiter, il n’existe aucun soin curatif. Elle demande au moins quatre traitements par an », reprend-il. Et la seule alternative aux produits de synthèse est le cuivre. Les applications commencent au plus tôt au mois de février. « On voit les premiers résultats au mois de mars mais il y a toujours une part d’inconnu. Plus la température est douce et avec de l’humidité, plus le risque est grand ». Pas de solution non plus pour le monilia. « Les variétés sont assez sensibles. Elles nécessitent des passages de fongicides jusqu’à trois jours avant la récolte. La solution pour ce type de bio-agresseur passera par la génétique ». Faire l’impasse de traitements sur ces maladies, c’est prendre un grand risque. « Avec un traitement en moins, nous avons constaté 3 % de fruits pourris en plus en 2015 », constate le technicien de la Sefra. De son côté, l’oïdium peut être traité avec du soufre, autorisé en agriculture biologique. Quatre traitements au minimum sont nécessaires. En 2015, les vergers bio de la Sefra ont été traités quatre fois. Trois fois pour le prototype raisonné pour lequel Yannick Montrognon a ajouté une dose de Score et une dose de Nimrod en plus. « Les parcelles bio ont donné des résultats satisfaisants ».

Alison Pelotier

Du pollen américain pour lutter contre le Xanthomonas

Particulièrement ravageuse dans la région de Valence depuis une quinzaine d’années, ce Xanthomonas est une maladie bactérienne est habituellement traitée au cuivre. Ce fongicide peut provoquer une forte phytotoxicité de l’arbre à dose élevée. Des chercheurs de l’Inra ont mis à disposition de la Sefra des « hybrides » créés grâce à des variétés de pêches résistantes au Xanthomonas dont le pollen est venu tout droit des États-Unis. Ces arbres ont été plantés dans la station d’expérimentation. Dans les mois à venir, les chercheurs sauront lesquels de ces « hybrides » résistent à cette maladie. Si les résultats sont positifs, ce pollen américain pourrait bien sauver les vergers de pêchers français.

AVIS DE PRODUCTEUR

LAURENT CHAUSSABEL, arboriculteur en bio à Aubenas (Ardèche) depuis 1996

J’arrive à n’utiliser que 3,5 kg de cuivre par hectare pour gérer la cloque sur mes pêchers

« Il y a quelques années, j’appliquais le maximum des exigences du cahier des charges européen, soit l’usage de 6 kg/ha de cuivre par an. Il y a quatre ans, j’ai diminué mes doses pour répondre au cahier des charges de Bio Suisse qui impose la limite à 4 kg/ha par an pour les fruits à noyau. C’est donc une pratique qui m’a été imposée, mais à laquelle je n’ai pas été contraint ; je l’ai adoptée par conviction. Pour trouver les bons dosages, je me suis appuyé sur les expérimentations du groupe Écophyto Agribiodrôme, et surtout sur moi-même, faute d’études de référence et de préconisations précises fournies par les chambres d’agriculture… Je traite au moment de l’allongement du bourgeon terminal, fin janvier, et durant un mois et demi. J’observe l’avancement des bourgeons, et si je constate un allongement, je ré-applique une dose de fongicide. En revanche, j’évite les traitements en période humide et froide. J’adapte selon les conditions météo : l’an passé, j’ai dû traiter un peu plus, à la suite des gros épisodes de pluie. Cela demande plus de travail, puisque je traite plus souvent qu’auparavant, mais avec des doses bien moindres. En conventionnel, on préconise trois passages par an : aujourd’hui, j’en fais au moins six. Par ailleurs, je jongle avec différents types de cuivre, en fonction des conditions météo et de mes observations. Je mélange de l’oxychlorure de cuivre, notamment la bouillie bordelaise (2 kg à 2,5 kg par ha), avec un fongicide et bactéricide à base d’hydroxyde de cuivre, le Kocide (0,5 kg à 1 kg par ha). J’adapte mes quantités en fonction, là encore, du climat, puisque le Kocide a une action plus rapide. Je privilégie donc une proportion plus importante de bouillie bordelaise par temps froid. Il s’agit de trouver le bon dosage entre différentes sortes de cuivre. J’ai de meilleurs résultats que dans le passé. Aujourd’hui, je n’ai quasiment plus aucun problème avec la cloque. Je continue à tâtonner pour tenter de réduire encore mes doses : j’en utilise maintenant 3,5 kg/ha par an pour mes pêchers ».

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