Des freins à l’adoption du biocontrôle
« Pour un usage donné, lorsque des solutions de biocontrôle et de non biocontrôle coexistent, pourquoi le biocontrôle est-il moins utilisé par les producteurs ? », interroge Rosalie Dutertre, de la Chambre régionale des Pays-de-la-Loire, lors du Colloque Dephy à Angers. L’une des raisons principales est la plus grande difficulté à rassembler les conditions d’applications idéales pour les produits de biocontrôle. « Les conditions d’applications nécessaires sont plus précises et plus nombreuses pour le biocontrôle, poursuit Rosalie Dutertre. Par exemple, avec le Bt, on doit cibler les jeunes stades larvaires. Si on dépasse ce stade, le produit aura une efficacité beaucoup plus faible ou aléatoire. » L’efficacité des produits de biocontrôle est souvent qualifiée par les producteurs de partielle, variable ou aléatoire, ce qui constitue pour eux une prise de risque vis-à-vis du rendement ou de la qualité de la production. Au-delà des conditions d’application, « le délai de réponse des effets des produits de biocontrôle est beaucoup plus long que celui des produits de synthèse », ajoute l’ingénieure réseau Dephy. Ce long délai de réponse est particulièrement marqué avec l’utilisation d’auxiliaires. « Mais le fait de ne pas avoir de résidu, grâce au biocontrôle, a des effets positifs sur la situation sanitaire globale de l’exploitation », indique Rosalie Dutertre. L’installation des auxiliaires est ainsi plus rapide à moyen ou long terme. Les autres raisons évoquées de la non-utilisation du biocontrôle sont le coût élevé des produits et la multiplication des passages, conséquence directe de la faible rémanence des produits de biocontrôle. Cela occasionne une charge de travail supplémentaire et un risque vis-à-vis de l’acceptation sociale. « Que le produit utilisé soit de biocontrôle ou non, il faut sortir le pulvérisateur pour l’appliquer », résume l’ingénieure.