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Fruits et légumes : quelles mesures politiques pousseraient les Européens à en consommer plus ?

Sur le Salon de l’Agriculture, Interfel et Bona fidé ont révélé les résultats d’une étude menée en France, en Italie, en Espagne, en Allemagne et aux Pays-Bas. Les sondés ont été interrogé sur leur rapport aux fruits et légumes, leur volonté de consommer et les freins.

Que pensent les Européens des fruits et légumes ? Quels sont les freins à leur consommation ? Un marché unique a-t-il crée une consommation et des attentes uniques ? A trois mois des élections européennes, quelles actions politiques sont à penser pour favoriser la consommation de fruits et de légumes ?

Lire aussi : Inflation : les Français confirment consommer moins de fruits et légumes

Pour répondre à ces questions, Interfel a mandaté Bona fidé pour un sondage* sur la consommation des fruits et légumes, les attentes et les freins, en France, en Allemagne, en Espagne, en Italie et aux Pays-Bas (4 des pays les plus peuplés en Europe et des plateformes majeures en commercialisation).

*Méthodologie : Questionnaire autoadministré en ligne du 26 au 29 janvier 2024 sur 4 000 répondants selon la méthode des quotas.

« L’étude met en exergue des tendances assez communes, avec une forme de demande européenne pour une consommation plus riche en fruits et légumes et des attentes de soutien politique »,résume Samuel Jequier, directeur général adjoint de Bona fidé, lors de la présentation des résultats le 28 février sur le Salon de l’Agriculture.

 

A retenir de cette étude : 

  • Dans l’ensemble, les Européens veulent aller vers une alimentation plus végétale et donc plus riche en fruits et légumes, parce que c’est bon pour la santé et bon pour la planète.
  • Le prix est la principale barrière à la consommation de fruits et légumes, qui sont perçus comme chers. L’inflation a renforcé ce frein. Le phénomène est particulièrement marqué en France plus que dans les autres pays étudiés.
  •  Il y a un consensus européen à vouloir la mise en place des mesures de soutien à la consommation : suppression des taxes, programmes d’éducation nutritionnelle, chèque fruits et légumes, soutien financier aux producteurs.
  • Le fruit et le légume préféré des Européens ? Réponse à lire ICI.

 

Prix des fruits et légumes : « 400 grammes de fruits et légumes par jour, c’est moins de 3 paquets de cigarette par an »

« L’étude révèle une convergence d’intention pour une consommation plus végétale freinée par un certain nombre de réalités et de perception. Mais le prix des fruits et légumes n’est en réalité pas élevé, rappelle pour la énième Laurent Grandin, président d’Interfel. Le prix moyen est de 2,80 €/kg. Pour une consommation selon les recommandations de l’OMS -400 g/jour- c’est moins de 35 € par mois. 35 € c’est 3 paquets de cigarettes. Il faut être conscient que ceux qui ne peuvent pas accéder aux fruits et légumes ne peuvent malheureusement accéder à rien, ni logement, ni énergie. Ces personnes doivent être aidées mais ce n’est pas un problème spécifique aux fruits et légumes. » Le président d’Interfel a regretté l’abandon par Bruno Lemaire de l’idée du chèque fruits et légumes mais ne perd « pas espoir qu’on y arrive un jour ». 

Lire aussi : Salon de l’Agriculture 2023 : les fruits et légumes sont-ils vraiment chers ?

Et pour remédier à « la transmission culinaire qui ne se fait plus », il faut « remettre des cours de cuisine à l’école et reconnecter les classes avec les réalités agricoles ». C’est une idée portée depuis des années par Interfel et OpenAgriFood, et par le Salon de l’Agriculture pour cette édition, avec le lancement d’une grande consultation citoyenne sur l’éducation à l’alimentation qui a eu lieu le 25 février sur le stand du ministère de l’Agriculture.

Lire aussi : Fruits et légumes : l’urgence d’une éducation alimentaire des enfants à l’école

Autre idée portée par Interfel : réorienter les bénéfices de la taxe soda aux fruits et légumes avec le financement de campagnes publiques.

Enfin, il s’agira de renforcer les instants de consommation chez les sous-consommateurs : petit-déjeuner, afterwork.

 

 

 

Les principaux résultats de l’étude Interfel x Bona fidé

1- En France, le succès du slogan “5 fruits et légumes par jour” ?

Premier constat : une alimentation saine est une priorité pour l’ensemble des consommateurs européens (86 % au global, un peu moins marqué en Allemagne avec seulement 76 % des répondants qui sont “pour”).

C’est en France que les recommandations de santé publique (slogan 5 fruits et légumes par jour) sont les plus connues et c’est d’ailleurs en France qu’on déclare en manger le plus. « Attention ! On est sur du déclaratif, nuance Samuel Jequier. Ça peut vouloir dire que la connaissance du slogan “5 f&l par jour” peut pousser à sur-déclarer pour être dans les clous. Il y a aussi un biais puisque le slogan parle de nombre de fruits et légumes alors que l’OMS recommande en poids. Mais en tout cas le message de prévention est bien passé en France. »

 

2- Le souhait d’une alimentation plus végétale

Un quart des Européens se disent flexitariens (c’est plus marqué aux Pays-Bas avec 36 % des sondés) mais les deux tiers se déclarent sans régime alimentaire particulier et une minorité se dit vegan (2 %) ou végétarien (3 %), avec un fort effet générationnel (les régimes végé et vegan sont davantage portés par les jeunes).

Pour autant, le souhait d’aller sur un régime alimentaire plus végétal est une réalité pour 2/3 des Européens, avec des différences selon les pays (davantage dans les pays du Sud, avec 77 % en Italie et 78 % en Espagne). Cette volonté est aussi davantage portée par les jeunes (72 % des 18-24 ans), les femmes (72 % contre 55 % des hommes) et les CSP+ (plus de 70 % contre seulement la moitié des ouvriers).

C’est aussi une tendance en croissance. En France, la question avait déjà été posée en 2022. Cette tendance a gagné 7 points en 2 ans ! 

 

3- Manger plus de fruits et légumes : qu’est-ce qui bloque ?

Une alimentation plus végétale passe par les fruits et légumes et 81 % des Européens souhaitent consommer plus de fruits et légumes, avec de la variété dans le choix de fruits et légumes (91 %).

La contrainte budgétaire est le principal frein à ce souhait de manger plus de fruits et légumes avec la moitié des répondants. « En France, ce sont même deux tiers des répondants qui se disent freinés par le prix. Il y a une vraie sensibilité française à l’inflation », souligne Samuel Jequier.

Les autres freins sont : 

  • Le manque de temps (35 %) ; 
  • Le goût (29 %) ; 
  • La traçabilité (12 %) : 
  • L’aspect visuel (8 %).

Trois Européens sur 10 disent ne pas avoir les moyens financiers pour acheter autant de fruits et légumes qu’ils le souhaiterait et c’est même 45 % en France (un ouvrier/employé sur deux, un quart des cadres) ! A titre de comparaison, en Espagne ils ne sont que 24 % à faire cette déclaration. 

L’inflation a un rôle prépondérant dans ces déclarations : à la question « ces derniers mois, avez-vous diminué votre consommation de fruits et légumes du fait de l’inflation », les Européens sont 43 % à approuver (53 % en France, 42 % en Espagne, 32 % aux Pays-Bas).

« On est là sur des perceptions, et les fruits et légumes sont perçus comme chers », rappelle Samuel Jequier.

 

4- Faut-il mettre des mesures de soutien à la consommation de fruits et légumes ?

« Oui ! », répondent majoritairement les Européens. Il y a un vrai consensus à la mise en place de mesures de soutien à la consommation : 

  • 87 % sont pour la suppression des taxes sur les fruits et légumes pour en faire baisser les prix ;

En Espagne, le gouvernement a déjà supprimé les taxes sur les fruits et légumes pour lutter contre l’inflation. Les Espagnols interrogés estiment que cette mesure n’a pas changé la quantité de fruits et légumes achetée (54 %) mais 16 % en achètent plus qu’avant grâce à cette mesure.

En France, Interfel milite pour taxer les fruits et légumes à la même hauteur que les médicaments.

 

  • 84 % sont pour des programmes d’éducation nutritionnelle ; 

     

  • 75 % sont pour un chèque fruits & légumes frais pour les plus modestes ;

« La France est plutôt en dessous des autres pays, à 63 % pour. Il y a sans doute un effet ciseau sur les classes moyennes qui ont l’impression de payer toujours plus et toujours pour les autres. D’ailleurs, seulement 50 % des CSP+ sont en faveur d’un chèque fruits et légumes contre trois quarts des classes ouvrières », analyse Samuel Jequier.

  • 89 % attendent une agriculture plus durable avec une orientation des subventions ;

     

  • 67 % des Européens pensent que l’UE ne soutient pas assez ses producteurs ni les consommateurs face aux fruits et légumes venus d’ailleurs qui ne respecteraient pas les normes européennes

Un sujet fortement en lien avec la colère agricole de ces derniers mois. Par pays : 78 % des Français ; 67 % des Espagnols ; 69 % des Italiens ; 62 % des Allemands ; et 56 % des Néerlandais.

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