« Faire face au défi de l’eau en agriculture grâce à la combinaison d'approches »
Anne-Claire Vial, présidente de l’Acta, a participé au volet du Varenne de l'eau consacré à la résilience de l'agriculture. Elle décrit les engagements pris à l'issue du Varenne.
Anne-Claire Vial, présidente de l’Acta, a participé au volet du Varenne de l'eau consacré à la résilience de l'agriculture. Elle décrit les engagements pris à l'issue du Varenne.
Lors du Varenne de l’eau et de l’adaptation au changement climatique, vous avez piloté le deuxième volet dont le thème était « Renforcer la résilience de l’agriculture dans une approche globale en agissant notamment sur les sols, les variétés, les pratiques culturales et d’élevage, les infrastructures agroécologiques et l’efficience de l’eau d’irrigation ». Qui a participé à cette concertation ?
« En tout, ce sont 263 structures qui ont participé aux travaux de cette thématique dont plus de la moitié d’usagers économiques de l’eau du secteur agricole. Nous avons combiné une approche filières et une approche territoires. Les filières sont concernées parce qu’au-delà de la production, il y a une chaîne d’acteurs qui doit s’adapter à un nouveau contexte : les agriculteurs, les fournisseurs, la collecte, la transformation et la commercialisation des produits alimentaires. Les territoires ont aussi une approche pertinente du sujet car la diversité des systèmes de production et des contextes pédoclimatiques en France engendre une diversité de conséquences. Il est donc normal que chaque territoire ait ses propres priorités de travail et d’anticipation. »
Quels engagements ont été pris à l’issue du Varenne ?
« Une charte a été signée entre les acteurs et l’Etat. Les 35 interprofessions et les 7 conseils spécialisés de FranceAgriMer se sont engagés à définir pour 2024 au plus tard un plan d’adaptation et une gouvernance. Le réseau Chambres d’agriculture France est en responsabilité sur les diagnostics et actions à conduire sur les territoires, le travail va bien sûr se croiser avec celui des filières. L’Etat s’est engagé financièrement pour accompagner la recherche appliquée et le transfert ainsi que les investissements collectifs ou individuels. Le Réseau mixte technologique Clima qui réunit plus de 30 experts va rassembler dans une seule base de données l’ensemble des connaissances sur le sujet et permettra aussi d’identifier les manques de connaissances. Cette base est ouverte à tous les acteurs. »
Quels sont les engagements pris par la filière fruits et légumes ?
« La filière fruits et légumes a défini une stratégie combinant plusieurs leviers à mettre en œuvre à horizon 2050. Il s’agit globalement d’optimiser l’usage de la ressource en eau par des pratiques innovantes économes en eau et la protection des sols et de soutenir de 10 millions d’euros supplémentaires la recherche et l’expérimentation collective. Le secteur arboricole s’engage à accélérer le renouvellement du verger avec des espèces plus adaptées à hauteur de 10 % du verger par an, à l’implantation de 30 nouvelles stations de conditionnement et à déployer des vergers optimisant le stockage du carbone sur 20 % de la surface. Elle veut augmenter la protection du verger avec des filets et des bâches. La filière maraîchère compte augmenter les surfaces de légumes sous abri de 1 200 ha et s’équiper en serres semi-fermées à hauteur de 50 % du parc actuel. Cette stratégie d’adaptation au changement climatique va bien sûr rejoindre la mise en place d’un plan de souveraineté de moyen et long termes pour le secteur des fruits et légumes, acté le 21 avril 2022. »