Artichaut : comment relancer la consommation ?
La filière bretonne de l’artichaut connaît une saison difficile pour la deuxième année consécutive. Si les aléas climatiques interviennent, il faut surtout relancer la consommation.
La filière bretonne de l’artichaut connaît une saison difficile pour la deuxième année consécutive. Si les aléas climatiques interviennent, il faut surtout relancer la consommation.
Après une baisse de production en 2022, due à la sécheresse et aux canicules, la filière bretonne de l’artichaut a connu en ce début de saison une crise de surproduction. « La sécheresse de 2022 et l’hiver doux ont entraîné en 2023 un télescopage des productions bretonnes et de la fin de saison du Roussillon, expliquait mi-juin Christian Bernard, président de la section artichaut Prince-de-Bretagne. La tête se vend 0,20-0,25 €, alors qu’il en faudrait 0,55-0,60 €. Après la mauvaise année 2022, le désarroi des producteurs est grand. Et si le climat est en cause, il faudrait surtout relancer la consommation. »
En 2021, la Bretagne a produit 20 200 tonnes d’artichaut (17 000 t en 2022 à cause de la sécheresse). « Dans les années cinquante, il s’en produisait 100 000 tonnes, rappelle Christian Bernard. Dans les années quatre-vingt-dix, le volume n’était plus que de 50 000 tonnes. Et depuis, la région perd 10 000 tonnes tous les dix ans. Or l’artichaut est essentiel à l’équilibre des exploitations. » La baisse de production s’explique en partie par une culture qui a peu évolué au plan technique et reste très « physique » et gourmande en main-d’œuvre (250-300 heures/ha). « Mais comme le travail est étalé sur l’année, elle permet de garder la main-d’œuvre permanente », note Christophe Moal, référent artichaut à Maraîchers d’Armor. Mais surtout, la consommation en France diminue et n’est plus que de 750 g par ménage et par an, contre 8 kg par habitant par an en Italie, essentiellement sous forme transformée.
Promouvoir l’artichaut auprès des jeunes
Selon des données Kantar, 53 % des consommateurs d’artichaut en France ont aujourd’hui plus de 60 ans. Et les plus de 60 ans, soit 36 % de la population, consomment 70 % des volumes. Alors que seuls 7 % des moins de 40 ans mangent de l’artichaut. « Il est donc essentiel de relancer la consommation chez les jeunes », souligne Christian Bernard. Un temps de cuisson trop long étant le principal reproche fait à l’artichaut, les producteurs bretons vont donc travailler avec des influenceurs pour montrer que des modes de préparation plus rapides sont possibles (micro-onde, plancha…). L’Articook, boîte en forme d’artichaut qui permet de cuire l’artichaut au micro-onde, lancée il y a quelques années à titre de promotion et commercialisée chez quelques primeurs, sera désormais proposée en GMS.
Une distribution d’artichaut sera également organisée auprès des étudiants rennais à la rentrée, avec des fiches recettes qui incluent notamment la cuisson au micro-onde. Une campagne d’affichage en Bretagne et dans le métro parisien est aussi menée, avec un relais en magasin et sur les réseaux sociaux. Les producteurs veulent aussi mettre en avant les intérêts nutritionnels de l’artichaut. Autre piste : la transformation. Alors que la seule usine de transformation d’artichaut en France, basée à Morlaix, a fermé en 2022, et que seule une petite partie des petits calibres est désormais transformée en Espagne, les producteurs travaillent avec des partenaires tel Picard pour recréer une usine de transformation. Enfin, les légumiers misent aussi sur la demande d’IGP Artichaut de Bretagne lancée en 2022.
270 exploitations Prince de Bretagne cultivent de l’artichaut sur 3 140 ha, en Côtes-d’Armor et Finistère. En 2021, la production a été de 20 200 tonnes (17 000 t en 2022), dont 17 500 tonnes d’artichauts charnus (Camus, Castel, Cardinal) et 2 700 tonnes de petit violet.
La Bretagne assure 60-65 % de la production française d’artichaut, le reste étant produit surtout dans les Pyrénées-Orientales.
20 % de la production est vendue sous contrat. 4 000 tonnes étaient transformées avant la fermeture de l’usine de Morlaix. 5 % sont exportés.