A chacun son auxiliaire
Chaque auxiliaire est efficace sur certains ravageurs. Des aménagements, comme les bandes fleuries, favorisent leur installation durable dans les vergers.
Chaque auxiliaire est efficace sur certains ravageurs. Des aménagements, comme les bandes fleuries, favorisent leur installation durable dans les vergers.

Prendre en compte le rôle des auxiliaires naturels dans la protection du verger devient une nécessité en arboriculture. Pour maîtriser les populations de certains ravageurs, ils sont parfois le seul recours. Le semis de bandes-fleuries dans l’inter-rang est un moyen de les attirer au plus près des foyers de ravageurs. « Dans le projet Trans Bio Fruit, nous avons observé les différents groupes d’auxiliaires dans une bande fleurie composée de 20 espèces de dicotylédones au cours de six évaluations par an, indiquait Laurent Jamar, du centre de recherche CRA de Wallonie (Belgique) lors de la journée Vergers Ecoresponsables à la Morinière (Indre-et-Loire) en juin dernier. Plus de 50 % des insectes attrapés sont des guêpes parasitoïdes. » Le groupe des syrphes vient en second avec 12 % des prises, puis viennent les araignées pour 10 %, les coccinelles et carabes ainsi que les punaises prédatrices pour 8 % chacun, enfin les chrysopes et hémérobes pour 5 %. Selon qu’ils soient prédateur généraliste, prédateur spécialiste ou parasitoïde, ils ne réguleront pas de la même façon tous les ravageurs. Les prédateurs généralistes se nourrissent d’une gamme variée de proies. C’est le cas des chrysopes, des araignées, des punaises prédatrices ou encore des forficules et des carabes. Les prédateurs spécialistes se nourrissent d’une gamme de proies apparentées. Parmi eux, peuvent être mentionnés les coccinelles et les syrphes. Les parasitoïdes sont eux inféodés à un seul insecte ou famille d’insecte hôte. Ils pondent leurs œufs dans ou sur cet insecte et leurs larves se développeront à ses dépens.
Source : FIBL, CRA-W Inra, Grab, guide technique Bandes fleuries vivaces - Un outil pour améliorer le contrôle des ravageurs en vergers
Les parasitoïdes
Ces insectes d’une taille comprise entre 0,5 et 10 mm sont majoritairement de la famille des guêpes (hyménoptères), mais certains sont aussi des mouches. Plus de 54 500 espèces ont été décrites : près de 10 % de toutes les espèces d’insectes décrites sont des parasitoïdes. Presque tous les ravageurs du pommier et du poirier sont les hôtes d’un ou plusieurs parasitoïdes. Les stratégies de protection contre les pucerons lanigères, et les cécidomyies des poirettes se basent sur la présence de ces insectes. Ils ont besoin de sites d’hivernage, d’hôtes alternatifs ou de sources de nourriture comme le nectar pour rester sur le verger.
Les syrphes
Ces mouches dont l’adulte ressemble à des abeilles ou à des guêpes sont des prédateurs clefs dans la lutte contre les pucerons. Près de 540 espèces sont recensées. Les larves de plus de 40 % d’entre elles consomment principalement des pucerons mais peuvent aussi se nourrir de psylles, d’acariens ou de tordeuses pour certaines espèces. Si du nectar et pollen sont disponibles tout au long de la saison, elles peuvent être présentes du grossissement des bourgeons à la récolte. Elles passent l’hiver dans les haies et les arbustes.
Les araignées
Plus de 50 espèces d’araignées sont rencontrées dans les vergers. Bien que prédateur généraliste, elles peuvent avoir un impact majeur sur certains stades de ravageurs, notamment du fait de leur activité hivernale. Selon leur mode de capture, chasse à la course, piégeage avec une toile ou à l’affût, elles sont inféodées à différentes strates (sol ou canopée). Une étude suisse montre que les araignées tisseuses de toile réduisent considérablement le nombre de pucerons cendrés lors de leur migration vers les vergers à l’automne.
Les coccinelles
Une douzaine des 80 espèces françaises se trouve dans les vergers. Le régime alimentaire des larves et des adultes est similaire. Plus des deux tiers d’entre elles consomment des pucerons. Certaines, comme Stethorus, sont des prédateurs spécifiques des acariens, des cochenilles et des thrips. D’autres attaquent les œufs de papillons de nuit. Pour favoriser le maximum d’espèces, les sites d’hivernage doivent être variés : prairies, friches, bois morts, haies avec lisière, bois avec sous-bois… Elles peuvent être présentes toute l’année au verger.
Punaises prédatrices
Les punaises prédatrices se nourrissent de nombreux ravageurs dont les pucerons, les acariens, les œufs de carpocapse et de tordeuse… Les adultes et les stades immatures se ressemblent. Ils consomment environ 30 acariens ou pucerons par jour. Mais ils peuvent survivre avec du pollen et des sécrétions de plantes lorsque leurs proies ne sont pas disponibles. Elles hivernent au stade adulte et réapparaissent au printemps. Elles restent actives toute la saison jusqu’à l’automne.