5 points clés de la culture de salades sous abris
En vente directe et diversifiée, la culture sous abris des salades est un prérequis essentiel pour disposer d’une production étalée sur l’année. 5 étapes sont à respecter.
En vente directe et diversifiée, la culture sous abris des salades est un prérequis essentiel pour disposer d’une production étalée sur l’année. 5 étapes sont à respecter.
Avec l’évolution du climat, les hivers plus cléments et souvent plus lumineux favorisent la réussite de la culture des salades sous abris. Toutefois, la réussite d’une culture de salades sous abris dépend à 80 % d'une bonne plantation. Le travail du sol doit être uniforme afin d’assurer l’homogénéité de la culture. Il faut veiller à obtenir un sol bien drainé, aéré et grumeleux. « En général, cette culture de salades vient après une culture longue d’été. Un décompactage n’est généralement pas nécessaire car il est souvent effectué avant la culture d’été », mentionne la note technique publiée dans Brassica (1). Un travail sur les 15-30 cm au rotobêche, cultirateau ou à l’enfouisseur de pierres est recommandé. Ce passage est primordial pour assurer le nivellement du sol et ainsi l’homogénéité de la culture par une répartition uniforme de l’eau lors des arrosages. Au moment de la plantation, le plant ne doit pas être trop enfoncé afin d’éviter les pourritures sur les feuilles basales. Une densité de 14 plants/m2 est généralement recommandée.
Des visites régulières dans les serres
Au niveau de la fertilisation, une culture de salades nécessitera 80 unités d’azote (N), 50 unités de phosphore (P), 250 unités de potasse (K) et 15 unités de magnésium (Mg). En culture diversifiée, il est assez rare de refertiliser avant une plantation de salades sous abris mais on voit quand même que les besoins en potasse sont assez élevés et c’est un élément qui est parfois en carence pour bien mener la culture. Bien que la culture de salades sous abris puisse être effectuée de manière souple et avec peu d’interventions, différentes techniques existent afin de tirer la quintessence de cette culture. Une attention particulière doit être portée à la préparation du sol, la gestion du climat et de l’irrigation. Des visites régulières dans les serres et l’utilisation de la gouge sont primordiales car une culture homogène sera plus facilement et plus vite récoltée et permettra une implantation plus efficace de la culture suivante. Quand cette gestion de la conduite sera maîtrisée, l’optimisation portera sur la gestion de l’apport des engrais en pulvérisation ou à l’aspersion en cours de culture, bien que cette technique nécessite du temps et du matériel.
1 Améliorer la reprise racinaire après plantation
Il est possible d’assurer une stimulation au phosphate monoammonique (MAP, 12-61-0) au stade 6-8 feuilles afin d’homogénéiser la reprise racinaire (10-14 jours après plantation, à la dose de 25 kg/ha diluée dans l’aspersion). Après passage de l’engrais, continuer 5 minutes à l’eau claire pour pousser le produit dans le sol et nettoyer le système d’aspersion. En AB, on peut utiliser un stimulateur de croissance racinaire (type Osyril®) dans la même idée que le MAP. Appliqué par pulvérisation à 0,2 %. Si l’on travaille à l’aspersion, on partira sur une dose de 10 l/ha. Après passage de l’engrais, continuer 5 minutes à l’eau claire pour pousser le produit dans le sol et nettoyer le système d’aspersion.
2 Assurer le développement racinaire
Afin d’assurer une bonne reprise des plants, la gestion des premiers jours est essentielle. « Lors des deux premières semaines de culture, un pilotage doit être fait entre le confinement qui permet de garder une bonne hygrométrie de l’air et empêcher les mottes de sécher et la chaleur qui peut entraîner des risques de maladies fongiques. Il est admis que les premiers 5-7 jours, un confinement n’est que rarement délétère pour la culture. Il convient quand même de garder les faîtages ouverts afin d’évacuer la chaleur sans perdre d’hygrométrie », précise les auteurs.
Une attention particulière doit être apportée à un suivi quotidien sur les premières séries afin d’éviter les excès de température. Quand la reprise racinaire a eu lieu, on essaye de conduire la culture uniquement avec des bassinages de 5-10 minutes qui servent à maintenir l’hygrométrie de l’air, l’humidité de la feuille et à réduire la température. Un contrôle à la gouge permet de savoir quand déclencher un vrai arrosage, quand le sol est ressuyé.
Le dernier vrai arrosage devra être effectué avant que les feuilles ne se touchent afin de limiter le risque de maladies foliaires. On ne pratiquera alors plus que des bassinages courts.
3 Réaliser un arrosage optimal
Après le travail du sol, et 10 jours avant la plantation, le plein d’eau du sol doit être réalisé en remplissant la réserve utile du sol (RU). Un contrôle à la gouge permet de voir l’uniformité de la répartition de l’eau sur les 30 premiers centimètres.
Lors de la plantation, un apport d’environ 30 mm est recommandé afin de garder les mottes humides jusqu’à la reprise racinaire.
Par la suite avant arrosage, le sol doit être ressuyé et frais : terre plastique sans coller ; elle forme un boudin quand on la serre mais se casse quand on la laisse tomber.
Après arrosage, le sol doit être « mouillé » : la terre colle aux doigts, sans être détrempée.
- Stade jeunes plants à 8 feuilles : sol mouillé
- Stade 8 feuilles à 21 feuilles : sol frais à mouillé (on fait travailler les racines)
- Stade 21 feuilles : mouillé (on refait un plein en eau du sol, sans excès)
- Stade supérieur à 21 feuilles : on laisse le sol « sécher » (éviter les remontées d’humidité sous les feuilles et les pourritures associées), objectif : sol frais, voire un peu plus sec
-3 jours avant récolte : arroser la zone à récolter, les salades peuvent prendre 20-30 grammes
4 Gérer en période de gel
Des températures trop basses ralentissent le développement végétatif. Les salades gèlent à -5°C avant pommaison et à 0°C à la pommaison. La pose de P17 sur les cultures en phase d’installation et proches de la récolte est recommandée. D’autres techniques peuvent également être envisagées :
Avant une période de gel : relance racinaire à l’aide d’Oysril® (10 l/ha) ou de MAP (25 kg/ha). Pendant la période de gel : MAP à 50 kg/ha à chaque arrosage (au minimum tous les 15 jours), du stade 12 à 21 feuilles. Permet de faire avancer les salades, de les faire s’étaler, et d’éviter une pommaison précoce.
Après une longue période de gel intense : les salades (tendance à bouler) et le sol (très faible en azote) sont bloqués. Il faut les relancer avec un engrais foliaire à base d’azote, bore et magnésie et d’acides aminés, un stimulant racinaire (type Osyril®) à 10 l/ha ou MAP à 25 kg/ha et des méthodes des spécialistes telles que 50 kg/ha de nitrate d’ammonium + 50 kg/ha de MAP à l’aspersion puis rinçage.
5 Gérer les périodes chaudes
Les périodes chaudes favorisent la minéralisation et l’emballement des plantes. Elles provoquent des nécroses marginales (bordage). Différentes techniques peuvent être envisagées pour les limiter. L’apport de nitrate de calcium permet de durcir les salades, épaissir les feuilles, éviter qu’elles ne s’étalent trop, faire prendre du poids, limiter le bordage. Réaliser 1 ou 2 aspersions à partir de 15-18 feuilles, à 30 kg/ha en rinçant bien le système d’aspersion après passage de l’engrais. Réaliser un apport de nitrate de potasse (à 50 kg/ha) si la pommaison est difficile (chaleur importante). Bien rincer après passage de l’engrais. A faire au maximum 7-10 jours avant récolte sinon ça n’aura pas le temps de faire effet. Au niveau de la conduite, il conviendra de maintenir des températures modérées (inférieures à 20°C) en aérant le tunnel le plus possible. Installer des jupes de plastiques permet d’éviter le dessèchement provoqué par le vent.