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4 matériels pour un désherbage de précision des cultures semées de légumes

Des matériels innovants, dotés de caméras et d’intelligence artificielle, permettent d’adopter de nouvelles stratégies pour « shooter » les adventices. Ces alternatives, réduisant l’usage des désherbants, présentent des solutions face à certaines impasses chimiques.

Les nouvelles technologies développées pour le désherbage permettent de répondre aux différentes préoccupations de réduction d’usage des phytos.
Les nouvelles technologies développées pour le désherbage permettent de répondre aux différentes préoccupations de réduction d’usage des phytos.
© G. Dubon

La problématique du désherbage est le dénominateur commun entre les cultures de carottes, de haricots, de maïs et une partie des cultures semées en ligne. De fait, Carottes de France, le GRCeta-SFA, Invenio, Unilet et Les légumiers de demain ont organisé une journée de démonstration « grandeur nature » de matériels de désherbage, à Ychoux dans les Landes. « Notre objectif est de faire partager à nos adhérents des nouvelles technologies innovantes, pas toujours disponibles en démonstration, et dont certaines arrivent juste sur le terrain », mentionne Émilie Casteil, Carottes de France.

Les quatre matériels présentés mettent en œuvre des technologies différentes. Trois d’entre elles déterminent des « plantes cibles », par caméra et analyse d’images, pour localiser au plus près leur intervention et leur destruction (pulvérisation ou laser). La planche de carottes ou la ligne de haricots devient alors une zone où l’on « shoote » les adventices. Le quatrième matériel détruit les adventices par électrocution en pré-semis/pré-levée de la culture. Ces méthodes de désherbage permettent de répondre aux différentes préoccupations de réduction d’usage des phytos, de faire face aux impasses techniques de certaines adventices (souchet, morelle, datura), et de présenter des alternatives à la disparition de matières actives (métribuzine). L’imagerie et l’utilisation de l’IA (intelligence artificielle) qu’elles mettent en œuvre permettent d’envisager de nouvelles possibilités de gestion globale de la culture et de la parcelle, vis-à-vis de l’enherbement mais aussi de sa fertilisation ou de sa protection sanitaire.

Berthoud - Sniper : buse à buse pour pulvériser la plante identifiée

 

 
Les caméras positionnées sur la rampe permettent l’ouverture buse à buse pour pulvériser la plante identifiée.
Les caméras positionnées sur la rampe permettent l’ouverture buse à buse pour pulvériser la plante identifiée. © G. Dubon

Berthoud présentait sa rampe de désherbage ultra-localisé Sniper, qui utilise des caméras et l’intelligence artificielle pour détecter la cible, grâce à l’analyse d’images en temps réel. « Ces caméras rendent possible une vision vert sur vert, en décomposant cette couleur en 256 bandes différentes », explique Charles Voisin, Berthoud. Les caméras positionnées sur la rampe tous les trois mètres permettent l’ouverture buse à buse pour pulvériser la plante identifiée. Il est possible d’identifier une adventice au stade pointant, soit moins de deux centimètres de surface foliaire. Deux stratégies de désherbage peuvent être utilisées.

Economie de produit de 45 à 85 %

Un mode « on/off » qui ne pulvérise que les cibles préalablement définies (exemple : « tous sauf le maïs », « que les dicotylédones ») ou en « bi-dose » avec une pulvérisation intégrale demi-dose et pleine dose sur les adventices ciblées. Le constructeur annonce une économie de produit pulvérisé de 45 à 85 %. L’usage des caméras hyperspectrales et la cartographie des parcelles permettent également d’envisager d’adapter plus précisément la fertilisation ou les applications de fongicide notamment.

Ecorobotix/Stecomat - ARA : reconnaissance et application ultra-ciblée

 

 
ARA permet de traiter de manière discriminante les adventices, monocotylédones ou dicotylédones.
ARA permet de traiter de manière discriminante les adventices, monocotylédones ou dicotylédones. © G. Dubon

ARA est un pulvérisateur haute précision développé par Ecorobotix et commercialisé par Stecomat qui permet l’application ultra-ciblée d’herbicide et de fongicide, d’insecticide ou d’engrais. « Cette technologie a été créée pour équiper un robot et est désormais déclinée sur un pulvérisateur », commente le responsable de Stecomat. Le bloc caméra permet de modéliser en 3D le sol et la culture grâce à une définition de 25 images par seconde analysées en temps réel. Il assure la reconnaissance de chaque plante, culture et adventices, au stade deux centimètres et potentiellement de voir le stade « pointe verte ». « Il permet de traiter de manière discriminante les adventices, monocotylédones ou dicotylédones », assure le spécialiste.

Zone de sécurité autour du jet

La rampe de six mètres est équipée de 156 buses, espacées de quatre centimètres. Elle assure une pulvérisation sur 6 x 6 centimètres pour toucher uniquement la plante cible. Elle permet l’utilisation d’un herbicide sélectif, avec la possibilité d’augmenter la dose sur la cible, ou d’un herbicide non sélectif, en déterminant une zone de sécurité autour du jet. ARA est utilisable pour le désherbage précoce en post-levée, mais peut aussi intervenir dans des cultures développées jusqu’à 40 cm, notamment contre les levées échelonnées de datura. Selon le constructeur, la rampe permet de désherber quatre hectares par heure avec un avancement de 7,5 kilomètres par heure.

Carbon Robotic : un laser pour « 100 % d’efficacité »

 

 
Le LaserWeeder de Carbon Robotic « shoote » pour « 100 % d’efficacité sur les plantes reconnues ».
Le LaserWeeder de Carbon Robotic « shoote » pour « 100 % d’efficacité sur les plantes reconnues ». © G. Dubon

Avec le LaserWeeder, Carbon Robotic « shoote » les adventices au stade le plus jeune. La machine utilise des modèles de vision et l’intelligence artificielle pour identifier les mauvaises herbes et la culture en temps réel, et détruire les premières à l’aide de lasers de forte puissance. La vision par caméra détermine la nature et le stade de l’adventice, graminée et dicotylédone, et adapte l’intensité du rayon dirigé sur le cœur de la plante afin de brûler le méristème. Le constructeur assure « 100 % d’efficacité sur les plantes reconnues ».

Peut fonctionner sur plus de 100 cultures

LaserWeeder est équipé de 30 lasers, à changer toutes les 200 heures de travail effectif, soit environ 4000 heures de travail de la machine. La vitesse d’avancement dépend du nombre d’adventices par mètre carré, de la taille des adventices et de la largeur de la zone à désherber autour de la culture. Elle est en moyenne de 1,5 kilomètre par heure sur six mètres de large en culture de carotte. LaserWeeder peut travailler 24h/24. La machine est utilisable en agriculture biologique et peut fonctionner sur plus de 100 cultures. Dix exemplaires ont été vendus en Europe (plus 80 dans le monde). Carbon robotic s’engage à une maintenance en 24 heures.

Nucrop : électrocution de pré-levée

 

 
Le désherbage électrique de pré-semis/pré-levée est une alternative au brûlage au gaz utilisée sur les faux semis.
Le désherbage électrique de pré-semis/pré-levée est une alternative au brûlage au gaz utilisée sur les faux semis. © G. Dubon

Nucrop est une solution de désherbage électrique proposée par l’association de Nufarm et Crop zone. « Cette technologie a d’abord été développée pour le défanage de la pomme de terre puis déclinée pour le désherbage pré-semis/pré-levée en alternative au brûlage au gaz utilisé sur les faux semis, notamment en culture AB », commente le constructeur. Le tracteur entraîne une génératrice qui fournit une forte intensité électrique (6 000 volts) à une rampe qui électrocute les plantes touchées.

Freiner le développement du souchet

 

 
4 matériels pour un désherbage de précision
© G. Dubon

Le contact et l’effet de l’électricité sont améliorés par une pulvérisation d’une solution électrolyte avec une rampe à l’avant du tracteur. La machine est efficace sur les dicotylédones, même à un stade développé. À un stade d’intervention très précoce, elle permet de freiner le développement du souchet et peut être utilisée en désherbage d’écimage (risque d’effet dépressif sur la culture). Nucrop permet d’alléger la pression des adventices et doit être complété par d’autres moyens de destruction des adventices. Sa vitesse d’avancement est de trois à quatre kilomètres par heure.

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