Fongicides céréales : les nouveautés qui vont compter
Revysol en 2020, Inatreq active en 2021 et d’autres à venir : les innovations majeures en fongicides céréales arrivent sur le marché français à la cadence d’une par an. Cette catégorie de produits bénéficie toujours d’une recherche active.
Revysol en 2020, Inatreq active en 2021 et d’autres à venir : les innovations majeures en fongicides céréales arrivent sur le marché français à la cadence d’une par an. Cette catégorie de produits bénéficie toujours d’une recherche active.
Plusieurs nouvelles molécules fongicides sont dans les cartons mais une seule sera disponible pour les prochains traitements : la fenpicoxamid (Inatreq active) de Corteva Agriscience. Elle est commercialisée sous les noms de Questar et Aquino. « Le nouveau mode d’action apporté par cette molécule est son gros point fort, avec une efficacité sur de nombreuses souches de septorioses résistantes aux triazoles », souligne Jean-Yves Maufras, spécialiste maladies des céréales chez Arvalis. La molécule appartient à la famille des QiI (Quinone inside inhibitor) qui est effectivement nouvelle pour les céréales. Elle existe déjà chez d’autres productions végétales comme la pomme de terre.
« Utilisé seul, son efficacité est correcte sur septoriose mais Questar montre un point faible sur rouille brune. Il se doit d’être associé à un partenaire comme un triazole ou un SDHI », spécifie Jean-Yves Maufras. Questar sera vendu en solo ou en pack avec du metconazole, avec un positionnement préconisé par la société Corteva en préventif en T2 dès le stade « dernière feuille pointante ». En 2020, Arvalis a testé Questar en mélange avec Elatus Plus (SDHI benzovindiflupyr/solatenol). « Cette association se situe au même niveau d’efficacité sur septoriose que les références Librax et Kardix avec une bonne efficacité sur rouille brune en plus, mentionne le spécialiste d’Arvalis. Avec ce mélange, on se passe d’un triazole en T2 et en cela c’est intéressant. »
Deux nouvelles molécules fongicides prometteuses pour 2023
L’adepidyn (pydiflumetafen) et le Pavecto (métyltétraprole) ne devraient pas arriver sur le marché français avant deux ans. Ces deux molécules font l’objet d’essais depuis quelques années et chacune montre un intérêt indéniable dans la panoplie de lutte chimique contre les maladies. « Associé au prothioconazole, l’adepidyn montre une efficacité contre la septoriose à 80 % quand celle des références du marché se situe à 65 %, expose Jean-Yves Maufras sur la base de trois années d’essais. Cette différence significative se voit aussi sur le rendement du blé. L’adepidyn montre une bonne efficacité sur rouille brune mais pas du niveau de celle d’Elatus. Enfin, il est supérieur en efficacité et en rendement aux produits de référence contre les fusarioses des épis. »
Expert technique national fongicides céréales chez Syngenta, Fabrice Blanc confirme « le caractère prometteur et le spectre large » de l’adepidyn qui appartient à la famille des SDHI. Le fongicide est déjà utilisé sur diverses cultures au sein d'une gamme appelée Miravis dans plusieurs pays comme l’Australie, l’Afrique du Sud, le Canada... « Il est dans le processus européen d’inscription mais, avec le Brexit, le Royaume-Uni pourrait être le premier pays à en bénéficier en Europe », remarque Fabrice Blanc.
Le métyltétraprole, cousin des strobilurines sans résistance croisée
Pour sa part, le métyltétraprole (Pavecto) est en cours de développement conjoint par les firmes Sumitomo Chemical et BASF. Cette substance active appartient à la famille des QoI (Quinone outside inhibitors), la même que celle des strobilurines. Mais la structure chimique de Pavecto le différencie des strobilurines, ce qui sous-entend qu’il ne peut pas y avoir de résistance croisée entre les deux types de molécules. « L’efficacité sur septoriose est réelle, du même niveau que les meilleures références, observe Jean-Yves Maufras. Il est en revanche peu efficace sur rouille brune, ce qui confirme d’une certaine façon qu’il ne peut être classé parmi les strobilurines. » Ces dernières ont en effet gardé un intérêt en France pour leur efficacité sur rouilles mais pas contre la septoriose dont des souches résistantes les rendent inopérantes depuis de nombreuses années déjà. En France, les sociétés Philagro et BASF devraient se partager le développement commercial de Pavecto… pas avant deux à trois ans.
Revystar XL reste performant à petite dose
« Sur un marché fongicide globalement bas en 2020, Revysol (associé à Comet 200 ou sous la forme de Revystar XL) a été utilisé sur 850 000 hectares pour sa première année. Une grande majorité d’agriculteurs sont satisfaits et nous tablons sur une forte hausse en 2021 », espère Jérôme Tournier, responsable pôle céréales chez BASF. Associant Revysol (méfentrifluconazole) à Xemium (fluxapyroxad), le produit haut de gamme Revystar XL est présenté comme très performant sur toutes les souches de septorioses et sur les rouilles. Il a été utilisé à une dose moyenne de 0,7 l/ha, légèrement en dessous de la dose recommandée de 0,75 l/ha et moitié moins que celle d’homologation, 1,5 l/ha. « Nous l’avons observé à des doses de 0,6 l/ha à 0,9 l/ha avec les mêmes résultats d’efficacité en 2020, note Jean-Yves Maufras, Arvalis. Cela donne à ce produit un potentiel de diminution de dose élevé tout en préservant sa performance. »
Le tébuconazole prochainement retiré
Le tébuconazole est en cours de réexamen au niveau européen. « Il ne passera pas le cap à cause de critères d’exclusion, tranche Jean-Yves Maufras, Arvalis. Les produits contenant cette matière active seront encore utilisables en 2021 et 2022. Les firmes pensent que 2023 sera leur dernière année d’utilisation. » Le tébuconazole entre dans la composition de produits souvent peu onéreux. Son efficacité reste correcte sur les principales maladies foliaires ainsi que contre les fusarioses sur épi, ce qui constitue son intérêt majeur.