Fertilisation azotée : l’imagerie satellite pour optimiser les apports sur cultures
Le négoce Néolis propose à ses clients une prestation pour piloter et moduler la fertilisation azotée à l’aide d’un outil d’aide à la décision de l’entreprise Wanaka, basé sur l’imagerie satellite.
Pour optimiser la fertilisation azotée des blé, orge et colza sur les exploitations de ses clients agriculteurs, Néolis, négoce présent dans le nord de la Nouvelle-Aquitaine, propose un accompagnement sur la base d’un outil d’aide à la décision. « Le pilotage de l’azote est aujourd’hui une nécessité pour faire des économies, avec un prix des engrais qui peut connaître de la volatilité, mais aussi pour améliorer la qualité de l’eau et limiter les émissions de gaz à effet de serre (GES) », estime Yolann Bergeron, technicien dédié aux outils d’aide à la décision (OAD) chez Néolis.
Des gains non négligeables pour les agriculteurs
Néolis a choisi de travailler avec Wanaka, une entreprise qui a développé plusieurs OAD, dont Agrorendement pour la gestion de la fertilisation azotée. « Cet outil pilote et module aujourd’hui 300 000 hectares de blé, orge et colza sur tout le territoire », avance François Duboeuf, directeur agronomique de Wanaka. Les chiffres présentés par l’entreprise mettent en avant l’intêret économique d’un tel outil. Ainsi, sur blé tendre l’utilisation d’Agrorendement permet un gain de 103 euros par hectare (€/ha) par année d’optimisation, avec un apport moyen d’azote augmenté de 13 unités par hectare (U/ha) par rapport au plan prévisionnel de fumure (PPF) pour pouvoir exprimer tout le potentiel de la plante et un gain de rendement en conséquence, de 3,2 quintaux à l’hectare (q/ha). Sur colza, l’OAD permet, de diminuer l’apport d’azote de 34 U/ha par rapport à la prévision du PPF, un gain de rendement de 4,9 q/ha et au final un gain global de 107 €/ha. Comment ? « En mettant plus d’azote sur les zones qui en ont besoin et qui ont du potentiel, et en faisant des économies d’engrais là où il n’y en a pas besoin », indique François Duboeuf qui ajoute que son outil est conforme à la directive nitrates.
L’évolution chez Néolis du nombre d’hectares pilotés avec l’OAD semble confirmer ces chiffres. L’entreprise a démarré en 2019-2020 avec 300 ha en modulation de dose et en a fait 5 200 ha en 2023 sur 103 exploitations. L’outil est d’abord utilisé sur blé tendre (3 077 ha, soit 50 % de la collecte) pour le pilotage en fin de cycle, notamment en filière tracée. Sur colza, la méthode traditionnelle, qui consiste à réaliser des pesées manuelles en entrée et sortie d’hiver pour évaluer la biomasse, a été remplacée par l’utilisation de l’OAD Wanaka.
Le pilotage détermine la dose totale, la modulation détermine sa répartition
Agrorendement est un outil basé sur l’imagerie satellite qui reflète l’état de nutrition azotée de la culture au moment de la prise de vue. Une carte, représentant la variabilité des états de croissance au sein de la parcelle, sert à élaborer une stratégie de fertilisation adaptée aux besoins de la plante. Pour bâtir son conseil, Wanaka utilise les données agronomiques et techniques enregistrées par les agriculteurs sur leurs logiciels de traçabilité. « Notre outil vient s’intégrer sur ces plateformes de services », indique le directeur agronomique de Wanaka, qui précise que son OAD est compatible avec les logiciels Smag, Wiuz et Géofolia.
Sur blé, l’agriculteur peut choisir de moduler sa fertilisation à partir du stade souhaité : à 2 nœuds pour le second apport, à 3 nœuds et DFE (dernière feuille étalée) pour le troisième apport, en apportant plus d’azote là où la biomasse est élevée. Sur colza, l’outil permet de calculer la dose globale par un diagnostic en entrée d’hiver, puis de moduler par une analyse de la biomasse en sortie d’hiver. François Duboeuf indique qu’une solution est proposée pour chaque stratégie de modulation. L’agriculteur qui vise la simplicité dispose d’une version sans modulation (uniquement du pilotage, pour la sécurité règlementaire). Celui qui a envie d’essayer la modulation peut bénéficier d’une version manuelle (application smartphone incluse au conseil). Enfin, pour celui qui est équipé, une version modulation automatique (avec carte sur mesure) est proposée. La carte de modulation est envoyée par mail, mise sur clé USB et insérée sur la console du tracteur ou bien directement redistribuée sur la console pour certaines marques.
L’accompagnement du conseiller reste de mise
« Parmi les facteurs limitants à la démocratisation de ce type d’OAD, il y a d’abord le matériel », constate le technicien de chez Néolis. Les cartes de modulation automatique sont compatibles avec toutes les marques d’épandeurs, mais l’agriculteur n’est pas forcément équipé d’un épandeur avec un système de régulation électronique et d’un terminal acceptant la carte. Il faut aussi un récepteur GPS. Second obstacle, même si l’agriculteur est équipé, « il faut qu’il prenne le temps de s’impliquer et qu’il soit motivé pour gérer plus finement sa fertilisation », et donc activer la licence payante Isobus-TC. De façon générale, « il n’y a pas d’objection des agriculteurs mais il faut avoir le matériel et certains ne veulent pas déléguer la dose à apporter à un outil », remarque Yolann Bergeron.
Pour faciliter la prise en main de l’outil, Néolis propose ainsi « une prestation qui comprend la cartographie, l’accompagnement pour la mise en route sur l’épandeur et le conseil car il est parfois nécessaire de revoir le potentiel de rendement, si la culture est confrontée à une problématique sanitaire par exemple ». Le coût de la prestation proposée par Néolis varie entre 8 et 15 €/ha. François Duboeuf explique que Wanaka ne travaille pas en direct avec les agriculteurs et passe toujours par ses partenaires, coopératives ou négoces. « Ils ont leur propre prix de mise en marché auprès de leurs clients. Nous leur proposons de notre côté des tarifs variables en fonction de leurs volumes et de leur durée d’engagement avec nous. » Aujourd’hui, 15 à 20 % des clients de Néolis ont commencé à s’équiper avec le matériel nécessaire et l’objectif de l’entreprise est, à très court terme, de faire de la modulation sur 10 000 ha, soit le double de la surface actuelle. François Duboeuf considère que ce type de services fait partie d’une véritable stratrégie de développement pour les coopératives et négoces. « La surface couverte par la télédétection est trés faible aujourd’hui en France et beaucoup d’agriculteurs qui ont des outils de modulation ne les utilisent pas. Le levier de croissance est très important. »