Guerre Russie/Ukraine
En Ukraine, « les activités sont à l’arrêt et tout le monde attend »
Dans un point presse sur la stratégie d’InVivo autour de la décarbonation, Thierry Blandinières, directeur général, a fait un point sur la situation en Ukraine et en Russie.
Dans un point presse sur la stratégie d’InVivo autour de la décarbonation, Thierry Blandinières, directeur général, a fait un point sur la situation en Ukraine et en Russie.
« La crise entre l’Ukraine et la Russie nous touche notamment à travers la récente acquisition de Groupe Soufflet. Nous avons 350 salariés en Ukraine et 250 en Russie. La situation impacte en particulier des activités de malterie, des activités agricoles et un bureau de trading. Toutes sont à l’arrêt et fermées. Nous avons coupé les circuits informatiques, par sécurité, les salariés français sont rentrés [au pays] et nos salariés ukrainiens sont chez eux mais certains sont mobilisables. Tout le monde attend », a expliqué Thierry Blandinières, directeur général d’InVivo, en préambule.
« Pour l’impact économique, on verra, cela dépend grandement de la durée du conflit. Si on envisage un horizon de trois mois, cela engendrera un impact modéré, un peu de perte de marge », a-t-il poursuivi, avant d'exprimer son inquiétude sur les futurs semis de printemps en Ukraine. « Il faudra bien produire, quoi qu’il arrive, dans des conditions à définir. Ne serait-ce que pour que le pays puisse nourrir ses habitants. On verra ce qui se passe pour l’export ensuite ». Le mois de mars sera crucial pour savoir quelles seront les capacités exactes de l’Ukraine à pouvoir semer, cultiver et récolter des céréales et des oléagineux.
Débloquer des surfaces et supprimer des contraintes
Le directeur général a ensuite évoqué le manque à produire provoqué par la situation de conflit. « Si l’Ukraine n’arrive pas à produire pour exporter du blé, cela représentera entre 20 et 25 Mt en moins sur les marchés mondiaux. Les Etats-Unis, le Brésil, l’Argentine sauront très bien faire pour se positionner. Il faut donc voir au plus vite ce que l’on peut faire en Europe sur ce sujet : effectuer un effort qui consisterait à produire entre 10 et 15 % de blé en plus pour la prochaine campagne. Si nous arrivons à faire cela, alors nous arriverons à stabiliser le marché. »
Dans cette optique, InVivo, comme d’autres acteurs des filières grains, a demandé au ministère de l’Agriculture de faire en sorte que le système de production agricole français « libère les énergies et enlève les contraintes ». Transmise donc à Julien Denormandie, cette demande est portée par ce dernier à Bruxelles pour l’ensemble de la ferme Europe.
Une idée consisterait à remettre en production une partie des terres actuellement en jachère dans l’UE. Autre axe de travail pour ramener un peu de sérénité dans le monde des grandes cultures : installer un système permettant de maîtriser le prix des engrais et des intrants (notamment tout ce qui est à base d’azote et de phosphore, dont la Russie est grande exportatrice) pendant un ou deux ans, ce qui donneraient des garanties à la ferme Europe sur ses intentions de semis et de surfaces à cultiver. Enfin, Thierry Blandinières souhaite aussi un système assurantiel pour protéger les actifs des opérateurs français présents en Ukraine, via par exemple une contribution de la BPI avec l’Etat. « C’est du patrimoine français qui est là-bas. Ce sont donc des décisions à prendre en temps de guerre, donc maintenant, pas après la constitution et la consultation de différents comités Théodule ».
Produire plus, mieux et durable
Sur le moyen et le long terme, les évènements de type Russie/Ukraine plaident en faveur de la révision de la feuille de route de la stratégie « Farm to fork » de l’UE. « On a besoin de produire plus, mieux et durable, non de baisser le volume de production de 10 à 20 %, comme tendent à le démontrer plusieurs études sur les conséquences de la stratégie Farm to fork. L’alimentation n’est pas une variable d’ajustement, c’est central », affirme le patron du groupe InVivo.
Thierry Blandinères a ensuite conclu sur la Russie, « pour laquelle on a moins de visibilité que pour l’Ukraine. L’activité se poursuit pour la partie malt. Le sujet, c’est plutôt les impacts des sanctions concernant les circuits financiers pour le paiement des affaires réalisées. Une chose est sûre, pendant tout ce temps, la Russie peut continuer à produire elle, ne serait ce que pour assurer ses propres besoins en alimentation ».