Élevage laitier : Pratiquez-vous le tarissement sélectif ?
Dans beaucoup d'élevages, les vaches sont toutes traitées au tarissement avec un antibiotique. Certains d'entre vous ont adopté le traitement sélectif pour limiter la consommation d’antibiotiques et les risques d’antibiorésistance.
Dans beaucoup d'élevages, les vaches sont toutes traitées au tarissement avec un antibiotique. Certains d'entre vous ont adopté le traitement sélectif pour limiter la consommation d’antibiotiques et les risques d’antibiorésistance.
Françoise Le Bras, éleveuse dans le Finistère
OUI
Nous sommes convaincus de l’intérêt de la méthode pour limiter l’antibiorésistance. Et puis, la réduction des antibiotiques est dans l’air du temps. Il faut bien s’y mettre ! Depuis quatre ans, nous avons mis en place un protocole avec notre vétérinaire pour limiter le recours systématique aux antibios au tarissement. Aujourd’hui nos 80 vaches sont toutes taries avec un obturateur, et on se passe d’antibiotiques pour un quart d’entre elles, principalement de mai à septembre. L’hiver, on ne prend pas de risque. On raisonne au cas par cas selon les résultats cellulaires des trois derniers contrôles et l’historique des mammites sur la lactation. D’une manière générale, les vaches taries sans antibios sont saines au démarrage. Nous avons également remarqué que nos vaches « sèchent » plus rapidement au tarissement depuis que l'on utilise des obturateurs. En 4 ans, on a bien réduit la pression cellulaire, et le nombre de mammites a été divisé par deux. On utilise beaucoup moins d’intrammaires et on a bien réduit la facture vétérinaire.
Eric Berrou, éleveur dans le Finistère
NON
Je n’ai pas envie de renouveler l’expérience. J’ai fait un test sur trois vaches et ça n’a pas été très concluant. J’avais pourtant sélectionné des vaches saines au tarissement avec mon vétérinaire. J’ai appliqué un obturateur pour chacune, mais une des trois a eu un quartier qui s’est infecté pendant le tarissement. Cela m’a refroidi. Je vois plutôt ça comme une prise de risque plutôt qu’un gain potentiel. D’autant qu’il n’y a pas de différence entre le coût d’un obturateur et celui de l’antibiotique… En plus, à l'époque, j'ai trouvé que l’obturateur n’était pas évident à appliquer du fait du conditionnement du tube (prise d’air). Je n'ai pas spécialement de problèmes de cellules (moyenne à 160 000) mais j'avoue que devoir raisonner le tarissement en se référant à un protocole précis en fonction des résultats cellulaires individuels, de l'état des trayons, des sphincters, des risques liés à la période de l'année... me semble compliqué.
Chantal Aumar, éleveuse dans le Cantal
OUI
Nous avons arrêté de tarir systématiquement avec des antibiotiques depuis 2-3 ans. Même si nous avons de très bons résultats cellulaires (moins de 100 000 en moyenne) et très peu de mammites, nous étions réticents au départ. Si notre conseiller de Cantal Conseil élevage ne nous y avait pas incités, nous n’aurions pas essayé. Surtout que les obturateurs ne coûtent pas moins cher, et que nous n’avions pas de problème... Aujourd’hui, on utilise uniquement des obturateurs pour la grande majorité des vaches. Cela marche très bien. Il y en a juste trois pour lesquelles nous avons dû coupler obturateur et antibiotique car elles avaient fait une mammite, certainement suite au changement du produit de trempage qui créait un film protecteur trop collant et nécessitait de frotter fort les trayons pour les nettoyer… Nous utilisons moins d’antibiotiques, c’est bien à l’échelle d’un élevage, mais ça n’a d’intérêt que si tout le monde s’y met, sinon l’impact global reste limité...