Marchés alimentaires
[Coronavirus Covid-19] Amis appelle à davantage de collaboration internationale afin d'empêcher des pénuries alimentaires
Le système d'information des marchés agricoles (Amis-FAO) estime les stocks planétaires de grains confortables, mais n'exclut pas des pénuries dans certaines régions du globe.
Le système d'information des marchés agricoles (Amis-FAO) estime les stocks planétaires de grains confortables, mais n'exclut pas des pénuries dans certaines régions du globe.
Après l'OMC, l'OMS et la FAO, c'est au tour d'Amis, le système d'information des marchés agricoles - détaché de cette dernière et créé en 2008 suite à la crise des prix alimentaires lors de la campagne 2007/2008 - de lancer un appel à davantage de collaboration internationale au sujet des échanges de produits alimentaires. Dans un communiqué rédigé le 3 avril par les présidents sortant et entrant de l'organisation internationale, messieurs Marcelo Fernandes Guimaraes, responsable du département Etudes économiques au sein du ministère de l'Agriculture brésilien, et Anastassios Haniotis, directeur du département Stratégie et analyse des politiques publiques au sein de la direction générale de l'Agriculture de la Commission européenne, Amis déclare que « la propagation rapide du Covid-19 pose un sérieux défi à la sécurité alimentaire mondiale. Ce défi ne peut être surmonté que par une coordination étroite et des efforts coordonnés des principaux acteurs mondiaux des marchés alimentaires ».
Hausse de l'offre de céréales, baisse en soja
Contrairement à la crise de 2007/2008, le problème n'est pas l'offre : « la production céréalière se rapproche des sommets historiques, tandis que les stocks sont jugés à des niveaux confortables », affirme Amis. Dans le détail, ce dernier table, dans son rapport du 2 avril, sur une production planétaire de blé pour 2019/2020 à 763,3 Mt (763,1 Mt en mars), contre 732,4 Mt en 2018/2019. Les réserves s'élèvent à 272,9 Mt (277,2 Mt en mars), contre 271,5 Mt l'an passé, et la consommation à 761,2 Mt (761,5 Mt en mars), contre 751,9 Mt l'année dernière, ce qui donne un ratio stocks/consommation de 35,8 % en 2019/2020 (36,8 % en 2018/2019). En maïs, la production mondiale cette année est estimée à 1 140,6 Mt (1 137,8 Mt en mars, 1 120,2 Mt l'an passé), les stocks à 342,4 Mt (341,8 Mt en mars, 361,2 Mt en 2018/2019) et la consommation à 1 152,9 Mt (1 150,4 Mt en mars, 1 140,4 Mt l'an dernier), pour un ratio stocks/consommation à 29,6 % (31,7 % l'an passé). En soja, la production planétaire est évaluée à 342,7 Mt (345,4 Mt en mars, 364,1 Mt en 2018/2019), les stocks à 42,9 Mt (44,6 Mt en mars, 58,4 Mt lors de la précédente campagne), et la consommation à 359,5 Mt (360,6 Mt en mars, 353,2 Mt l'année précédente), donnant un ratio stocks/consommation plus tendu qu'en céréales, à 11,9 % (16,5 % l'an dernier).
Ainsi, les craintes se portent davantage sur la demande en 2020. « Le ralentissement économique mondial causé par la crise du Covid-19 peut compromettre la capacité des pays dépendants des importations à acheter des aliments et entraîner des pertes de revenus pour les ménages, avec des répercussions aiguës sur la sécurité alimentaire », explique le rapport d'Amis. L'organisme constate un recul inattendu et rapide des prix des produits de base, qui en théorie devrait avantager les consommateurs. Mais c'est sans compter sur la dépréciation de la plupart des devises par rapport au dollar états-unien, générant de l'inflation et risquant d'affecter le pouvoir d'achat des consommateurs finaux. De plus, la baisse des prix alimentaires risque d'appauvrir les producteurs, qui pourraient être amener à réduire leur production, alerte Amis. Si les pays exportateurs devraient mieux s'en sortir, de fortes inquiétudes émergent sur les importateurs, d'autant que bon nombre d'entre eux se trouvent en Afrique, déjà touchée par des soucis de famine et qui n'en est qu'au début de la crise sanitaire. Par conséquent, l'organisme international révise quelque peu son jugement de mars dernier, en déclarant alors que le Covid-19 n'aurait que peu d'effets sur les marchés des grains. La crise s'est donc avérée plus grave qu'attendu.
Achats de panique et stockage
Les mesures de restrictions aux mouvements des personnes et des marchandises (fermetures de sites de production, confinement, quarantaine, fermetures de frontières...) « ont commencé à avoir des impacts paralysants sur la logistique et le transport, ce qui dans certains pays a ouvert la voie à la thésaurisation et aux achats de panique », rappelle Amis. Un manque de main-d'œuvre « à différents stades de la chaîne d'approvisionnement alimentaire, comme la récolte, la transformation et la distribution », est également constaté. Les dirigeants de l'organisation internationale appellent ainsi « tous les pays à s'abstenir d'appliquer des restrictions commerciales, car des millions de personnes dans le monde dépendent du commerce alimentaire pour leur nutrition quotidienne ».